23% des expatriés français n'iront pas voter : pourquoi ? 

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Publié le 08 avril, 2022
Déception, désintéressement ou difficultés à voter, c'est pour toutes ces raisons que les expatriés n'iront pas voter. À travers un appel à témoignages, des lecteurs d'Expat.com nous ont expliqué les raisons de leur abstention.

Les raisons de s'abstenir sont multiples, comme l'illustrent les nombreux témoignages que nous avons recueillis : « Ça ne changera rien, nous ne sommes pas écoutés ».

Déception 

« La politique française continue à avoir des débats de type conflictuel d'un autre siècle », explique Alain. Il se dit très déçu du bilan du président actuel et « espérait un changement avec le renouvellement du parlement » que celui-ci promettait. Cette année, Alain n'ira pas voter. Il n'est pas le seul à faire abstention parmi la communauté des expatriés français car beaucoup ne se retrouvent pas dans les programmes politiques. Les Français établis hors de France seront particulièrement attentifs à trois enjeux : l'environnement (58%), la protection sociale (54%) et l'éducation et la formation (49%). La majorité des expatriés évoquent les droits à la retraite des Français qui ont travaillé à l'étranger (52 %) et 40 % la couverture santé. La fiscalité pour les expatriés est également une priorité (40 %), de même que le soutien de la France aux expatriés lors des crises économiques et sanitaires (36 %). Les expatriés sont également 43% à mettre en avant les propositions en faveur de la construction européenne et mettant fin aux inégalités sociales. Damien, expatrié à Tijuana, aimerait que la politique tourne autour se penche sur le sujet de l'environnement, chose que très peu de candidats abordent dans les programmes : « On devrait faire quelque chose pour les espèces menacées d'extinction ici dans l'Hexagone (ours, loups, lynx) menacées dans les Pyrénées et ailleurs ». Une colère chez expatriés semble se démarquer parmi ces déceptions : la non-reconnaissance du vote blanc. C'est catégorique, pour Jean-Claude, expatrié au Vietnam « à négliger et mépriser les 40% environs de vote blanc, il y aura des explosions sociales. On constate déjà les prémices : les gilets jaunes, la « claque » donné à Macron etc. »

« Je préfère la politique de mon pays d'accueil »

En quittant la France, certains expatriés se détournent de la politique française et se concentrent sur les événements politiques de leur pays d'accueil. Un désintéressement que Jean-Luc assume entièrement : « si je m'intéresse à la politique allemande c'est parce qu'elle me concerne directement comme je vis sur le territoire ». Il est fier aussi de reconnaître qu'en « Allemagne, le vote pour les expatriés est plus facile car le gouvernement autorise le vote par courrier ». Marc lui a la double nationalité portugaise-française, il a fait le choix de voter au Portugal et plus en France; il ne s'intéresse pas à ce qui se passe en France d'un point de vue politique. 

Pas toujours facile de voter depuis l'étranger

L'une des raisons pour lesquelles certains expatriés n'iront pas voter c'est les difficultés qu'ils rencontrent pour se faire. Marc, expatrié au Portugal explique ne « connaître personne en France » qui pourrait l'aider, ainsi voter par procuration ne lui est pas possible. Beaucoup sont dans le même cas, par exemple Jean-Luc qui réclame le vote électronique : « Je n'irais pas voter car le vote électronique n'est toujours pas mis en place. Je peux voter uniquement par procuration, or je ne connais personne ». D'autres, sont freinés par le long trajet de déplacements que leur impose le vote. Lucanne, vit au Canada et doit « faire 6h de route pour se rendre aux urnes ». Les lieux mis à disposition pour les élections présidentielles françaises à l'étranger sont souvent dans les grandes villes, au Canada on se doute qu'avant de trouver une grande ville quelques kilomètres sont à parcourir. 

D'après la troisième édition de l'Observatoire de l'expatriation, publiée le 15 février dernier par OpinionWay pour le compte de la Banque Transatlantique et de l'Union des Français de l'étranger, 86 % des Français expatriés se sentent abandonnés par les représentants politiques et que leur situation est insuffisamment abordée dans les programmes des candidats. Un pourcentage conséquent qui fait baisser le pourcentage d'intention de vote d'année en année.