Bonjour Fabrice, peux-tu te présenter brièvement et nous raconter tes projets au Canada ?
Avant d'émigrer au Québec, j'étais Chef de cuisine en France. Chef-propriétaire d'un restaurant pendant 10 années puis chef-saisonnier pendant 10 autres années. Je savais que les métiers de la restauration étaient un secteur très en demande au Québec. Voulant réaliser un vieux rêve, j'ai d'abord profité d'une offre d'emploi sur un site Québécois pour obtenir une place de Chef dans une grosse auberge en Mauricie. Sous visa temporaire de 2 ans à compter de juin 2005. Mais nous n'étions pas encore prêts et après 6 mois nous sommes rentrés en France pour reprendre notre vie de saisonniers. Parallèlement nous avions initié une demande de résidence permanente et notre CSQ nous attendait en France, à notre retour.
Qu'est-ce qui t'a poussé à traverser l'Atlantique pour t'installer dans le pays ?
C'était un rêve d'adolescent, né de ma rencontre avec deux Québécois qui ont, à leurs façons, fait naitre en moi cette envie de découvrir leur pays. Ce que je ferai 30 années plus tard ! Mais c'est clairement mon métier de cuisinier qui a été le vecteur de la réussite de ma démarche.
Comment se sont passés tes premiers instants dans le pays ? L'acclimatation n'a pas été trop difficile ou longue ?
Nous sommes arrivés au printemps 2008 à Montréal. Il faisait chaud, le temps était magnifique et nous étions hébergés chez mon amie-correspondante. Le temps de récupérer nos malles à la poste et d'acheter un véhicule et nous partions pour le Saguenay où j'avais trouvé une place de chef dans un petit bistro - toujours grâce aux sites d'offre d'emplois. L'Anse Saint Jean, où nous nous rendions, était à 7 heures de route. Plus nous approchions de notre destination plus nous nous rendions compte que l'hiver était loin d'être fini dans cette partie de la province. La route était bordée de murs de neige et le lendemain de notre arrivée, début mai, il y eu encore une chute de neige d'une dizaine de centimètres. Malgré notre habitude des dernières années de changer de situation tous les 6 mois, il faut admettre que les premiers jours furent un peu déstabilisants. Et ce n'est pas le climat qui en était la cause, mais plutôt notre environnement quotidien auquel il fallait s'habituer.
Comment décrirais-tu la culture canadienne comparée à la culture française ?
C'est une question délicate. Nous partageons certes la même langue avec les Québécois, mais pour le reste, on est en Amérique. Et il ne faut surtout pas évaluer la culture canadienne a travers le filtre de notre éducation. Au risque de se faire a juste titre traiter de "maudits français". La culture Canadienne est le fruits de son histoire. Il est bon de s'y intéresser quelque peu pour comprendre que les Québécois ne sont pas "que" nos cousins.
Tu es chef cuisinier, est-ce difficile dans ce domaine professionnel de trouver du travail au Canada ?
Non, trouver un emploi dans le secteur de la restauration est extrêment facile. Il y a un manque dramatique d'employés qualifiés. Que ce soit en cuisine ou en salle. Mais soyons clairs, les cuisiniers sont au bas de l'échelle des salaires. Les employés de salle, payés aux tips, sont bien mieux lotis.
Est-ce que le pays a une grande tradition culinaire ?
Et bien lorsque j'accueille des Français qui veulent goûter à des spécialités, je leur fait découvrir la célèbre poutine, la tourtière du lac St-Jean, le pâté chinois, la tarte au sucre et le pouding chômeur. En dehors de la poutine, on se rend compte qu'un grand nombre des recettes Québécoises ont leurs racines dans les différents terroirs dont furent issu les premiers habitants de la Nouvelle France.
Le Canada est un pays que l'on peut considérer comme un continent, as-tu pu voyager hors de la province du Québec ?
Les mentalités, rythmes, paysages sont-ils différents ?
Non, depuis bientôt dix années que nous vivons dans la "Belle Province" nous n'avons que très peu voyagé, et jamais hors du Québec. Il faut dire que travaillant tous les deux dans la restauration, nous n'avons presque jamais de congés communs, ce qui ne facilite pas les choses.
Le pays a été récemment classé 3eme sur la liste des pays les plus "safe" du monde, notamment en ce qui concerne la sécurité
pour les femmes. Quel est ton ressenti en tant qu'expatrié au Canada sur ce classement ?
Je ne peux parler que de Québec. Ma compagne qui se déplace exclusivement à pied ou en vélo, et rentre souvent très tard, n'a jamais eu aucun souci. Bien sûr la criminalité existe, mais il semblerait qu'effectivement il y ait très peu d'agression. À Québec en tous cas.
Quels conseils donnerais-tu à un(e) futur(e) expatrié(e) au Canada ?
De faire un ou plusieurs voyages exploratoire bien sûr, et si le pays plaît, de remplir très vite sa demande de CSQ, quitte à abandonner en cours de route.
De rencontrer des Français établis au Canada, si possible dans sa branche professionnelle.
De se poser la question : Émigration définitive ou temporaire ?
De ne pas oublier que les embauches "à distance" sont plutôt rares.
D'être prêt à mettre son amour propre de côté pour envisager n'importe quel emploi ! Car il ne faut pas oublier que pour la plupart des emplois, votre expérience "hors Québec" ne compte pas vraiment.
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