Albanese compte bien rompre avec l'ère Morrisson, l'ancien Premier ministre conservateur pro charbon. Si la victoire totale n'est pas encore pour tout de suite (il reste à obtenir la majorité au Parlement), les travaillistes sont déjà à l'œuvre. Parmi leurs chantiers, la politique migratoire.
Le constat : une politique zéro-Covid qui a fait fuir la main-d'œuvre étrangère
L'Australie revient de loin. Près de deux ans de fermeture des frontières, avec de lourdes conséquences sur le marché du travail. L'Australian Bureau of Statistics révèle qu'entre 2020 et 2021, le pays a perdu 88 800 travailleurs étrangers. L'Australie n'avait pas connu une telle perte depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le pays comptait sur sa bonne image pour que les étrangers affluent dès que les frontières rouvriraient. Les entreprises comptaient beaucoup sur le retour de ces talents étrangers. Mais le bilan est en demi-teinte. Il manquerait aujourd'hui plus de 500 000 travailleurs immigrés. Les talents retournés chez eux ou partis ailleurs ne sont pas revenus. Les entreprises australiennes augmentent les salaires : + 15 à 30% pour garder ceux déjà en poste. Pour attirer d'autres talents, elles proposent, en plus de la hausse de salaire, une prise en charge totale de la procédure de visa.
La Covid a montré à quel point l'Australie dépendait des travailleurs immigrés. Les entreprises pressent le gouvernement d'agir. À cette époque, les conservateurs sont encore au pouvoir, et proposent une aide financière pour attirer étudiants et jeunes étrangers. Trop timide, jugent les entreprises. Elles regardent désormais au nouveau gouvernement Albanese. Les travaillistes ont promis une refonte de la politique migratoire australienne, pour protéger les immigrants déjà sur le territoire, et attirer de nouveaux talents étrangers.
Réforme de la politique migratoire australienne : quels changements ?
Le projet de réforme d'article autour de trois axes principaux :
Simplifier l'accès au statut de résident pour les étrangers déjà détenteurs d'un visa : sont ici visés les étrangers travaillant dans un secteur sous tension, ou disposant d'aptitudes particulières recherchées par les entreprises. Pour le gouvernement, c'est un signal fort envoyé aux talents internationaux. Alors que toutes les puissances se les disputent, l'Australie veut s'assurer de garder les profils compétents déjà installés sur le territoire.
Réformer le programme régional de migration : le gouvernement veut valoriser ses régions rurales qui manquent de main-d'œuvre, en y attirant les talents étrangers. Aucune obligation, tout sera affaire « d'encouragement ». Si rien n'est encore officiel, on parle de mesures incitatives pour orienter les immigrants vers les secteurs ruraux manquant de main-d'œuvre. On pense à traiter prioritairement ceux qui s'engageront avec une entreprise rurale. D'autres ajoutent une possible incitation financière pour faciliter l'installation.
Mieux protéger les travailleurs étrangers : la réforme promet de lutter contre l'exploitation des travailleurs étrangers. Elle veillera également à ce qu'ils aient les mêmes droits que les Australiens, et que ces droits soient respectés (salaire, salaire minimum, conditions de travail, protection sociale…). Le gouvernement travailliste veut répondre au mécontentement des immigrés et expatriés, laissés de côté durant les confinements. Alors que le gouvernement conservateur avait pris des mesures pour aider les employés australiens, immigrés et expatriés se sont sentis ignorés. Ils n'ont pas oublié ce qu'ils considèrent comme une injustice.
Conclusion
Pour l'heure, le nouveau gouvernement n'a donné que les grandes lignes de son projet. Aucune date, aucun budget n'a encore été communiqué. Nul doute que les étrangers déjà présents sur le territoire et les candidats à l'expatriation scruteront de près ce programme de réforme. Malgré les ratés de sa politique anti-Covid, l'Australie reste l'un des pays favoris des expatriés.