Pour contrer la pénurie qui atteint des records dans certains secteurs, le Danemark fait appel à l'immigration. Une immigration de talents étrangers qualifiés, et un plan spécial élaboré par le gouvernement danois, qui vient de mettre en place des listes de professions sous tension. Quelles opportunités les talents étrangers peuvent-ils saisir ? Quel est l'état du marché du travail danois ?
Danemark : les secteurs qui recrutent
Le 1er janvier, l'Agence danoise pour le recrutement international et l'intégration publie deux nouvelles listes de secteurs en tension. La première comporte 40 postes ouverts aux étrangers ayant fait des études supérieures (Positive List for People with a Higher Education). La seconde en compte 36. Elle est destinée aux étrangers ayant de l'expérience, des qualifications professionnelles (Positive List for Skilled Work). Ces deux listes resteront d'actualité jusqu'au 30 juin. Dans les deux cas, les étrangers devront avoir une offre de travail avant de postuler pour le visa.
8 secteurs sous tension parmi les métiers nécessitant des études supérieures
- Parmi la liste « études supérieures », 8 secteurs sont particulièrement sous tension :
- Management dans la production et les services (biologistes, chimistes, urbanistes, chefs de produit, ingénieurs civils, ingénieurs mécaniques, ingénieurs en environnement, ingénieurs en électronique, sciences naturelles et ingénierie). Les candidats doivent être titulaires d'un master professionnel ou non. Le gouvernement danois ne demande qu'un niveau licence pour le chef de produit. Les ingénieurs ont le choix entre une licence et un master.
- Soins de santé : médecins hospitaliers, docteurs en médecine, vétérinaires, infirmiers, dentistes, physiothérapeutes, ergothérapeutes. Les candidats doivent avoir un master et une autorisation d'exercer émise par les autorités danoises. Les physiothérapeutes et ergothérapeutes doivent être titulaires d'un baccalauréat professionnel, avec autorisation de l'administration danoise.
- Enseignement et éducation : professeurs assistants (collège universitaire), enseignants du secondaire supérieur professionnel, du secondaire supérieur, professeurs (primaire), travailleurs sociaux en éducation… Les candidats doivent posséder le baccalauréat professionnel et, selon les cas, une reconnaissance officielle de l'État.
- Économie, administration et vente : contrôleurs comptables, analystes financiers et auditeurs. Les auditeurs doivent justifier d'un master. Pour les deux autres métiers, un niveau licence est exigé.
- Technologies de l'information et de la communication (TIC) : ingénieurs en informatique, architectes en informatique, programmeurs et développeurs système, consultants en informatique, chefs de projet informatique ou administrateurs système. Les candidats doivent justifier d'un niveau licence.
- Droit, sciences sociales et culture : juristes, assistants sociaux, prêtres, psychologues, chantres, instrumentistes. Les candidats doivent avoir un master, sauf les assistants sociaux (licence professionnelle), les chantres et les instrumentistes (niveau licence).
- Science, ingénierie, navigation, aviation : le gouvernement danois recherche des responsables de la technologie de l'architecture et de la construction titulaires d'un baccalauréat professionnel.
- Techniques et assistances en soins de santé : le gouvernement danois recherche des hygiénistes dentaires. Ces professionnels devront être titulaires du baccalauréat et posséder une autorisation de l'administration danoise.
8 secteurs sous tension parmi les métiers réservés aux travailleurs qualifiés
On retrouve également 8 domaines sous tension dans la liste « qualifications professionnelles ». Ici, il n'y a plus de niveau de diplôme spécifique exigé par le gouvernement danois.
- Science et génie : plombiers, contremaîtres, constructeurs de machines, géotechniciens, assistants de laboratoire.
- Affaires et administration : agents maritimes, conseillers des ventes, responsables des ventes et des comptes, employés d'importation et d'exportation, gestionnaires de l'immeuble, secrétaires juridiques, secrétaires médicaux, employés logistiques, vente et achats.
- Métiers juridiques, sociaux, culturels et assimilés : chefs de cuisine, greffiers de paroisse, assistants de bureau, commis de bureau principal, commis généraux et secrétaires.
- Commis à l'enregistrement numérique et matériel : comptables, comptables de la paie, commis à la tenue de livres et à la comptabilité.
- Préposés aux soins personnels : jardiniers paysagistes, travailleurs agricoles et pépiniéristes qualifiés orientés vers le marché, assistants sociaux et de soins de santé (autorisation de l'administration danoise nécessaire).
- Bâtiment et métiers connexes (électriciens inclus) : maçons, menuisiers, peintres en bâtiment et décorateurs.
- Métallurgie, machinerie et métiers connexes : tôliers, soudeurs, forgerons, techniciens industriels, opérateurs CNC, mécaniciens de grues, machines agricoles et industrielles, mécaniciens de machines agricoles, mécaniciens, voitures de tourisme et camionnettes.
- Autres professions qualifiées : services à la personne, ouvriers dans l'électricité et l'électronique, travailleurs dans la transformation des aliments, du bois, de la confection, autres métiers de l'artisanat.
Comment se porte le marché du travail danois ?
« Flexicurité » ou comment allier flexibilité et sécurité. Le modèle social danois ou le « miracle danois » a permis au pays de faire baisser le taux de chômage par deux : de 12 % au milieu des années 90, à 6,2 % en 2004. Un modèle mis à l'épreuve de la crise sanitaire, à la recherche d'un second souffle pour soutenir l'expansion économique.
Flexicurité : l'opération gagnant-gagnant pour les entreprises et les salariés
Ce modèle entend s'adapter à la fluidité du marché du travail et du marché économique, qui induisent plus de souplesse pour les entreprises. Elles peuvent licencier plus facilement, recourir davantage au travail temporaire et à l'aménagement des horaires, pour une meilleure réactivité et adaptabilité. Au Danemark, cette flexibilité est vue positivement, car assortie de réelles garanties. Autant les entreprises peuvent licencier plus facilement, autant les salariés sont mieux protégés (volet sécurité). Ils bénéficient d'indemnités plus longues et/ou importantes en cas de licenciement, ont des dispositifs renforcés de formation, d'apprentissage et de recherche d'emploi, ont les mêmes droits de sécurité sociale, quel que soit le type de contrat.
Le marché du travail danois face à la crise
Le modèle social danois a-t-il résisté aux crises ? C'est la question que ce sont posés les économistes lors de la crise sanitaire. Car le système est onéreux. En 2021, l'OCDE publie un rapport positif, et constate que l'économie danoise fait partie des économies ayant rebondi le plus rapidement : +4,9 % en 2021, après une chute à 2 % en 2020, et +3,1 en 2022. Le taux de chômage reste faible (4,5 % en 2021), malgré une légère hausse en 2022, à 4,7 %. Le Danemark résiste mieux que d'autres voisins européens. À la même période, le taux de chômage en Suède s'élève à 7,2 %. Il est de 7 % en France et de 6,7 % en Finlande. Les Pays-Bas, l'Allemagne, la Pologne ou encore l'Irlande font un peu mieux que le Danemark, avec des taux de chômage compris entre 3 et 4,4 %.
Pour les économistes, c'est la preuve que la flexicurité du Danemark a fonctionné. Le recours facilité aux licenciements a permis aux entreprises de vite réagir à la crise (avec le temps partiel, le chômage partiel et le télétravail). La forte couverture sociale et les mesures d'aides actives de retour à l'emploi ont permis aux travailleurs de retrouver rapidement un poste. Selon les économistes, c'est ce qui explique en grande partie le faible taux de chômage du Danemark. Mais l'inflation, qui a atteint jusqu'à 8,9 % en 2022, pèse sur les finances des habitants et menace la croissance, alors que le marché du travail est sous tension. Les entreprises doivent recruter pour continuer leur expansion. C'est tout l'enjeu du plan gouvernemental de recrutement de professionnels étrangers.
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