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Nomades numériques : qui sont-ils et que font-ils ?

nomade numerique
Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 18 Mars 2024

Voilà deux mots que l'on n'aurait peut-être jamais associés ensemble. C'était sans compter sur les bouleversements de l'organisation du travail, accélérés par la crise sanitaire. Les nomades numériques font plus que jamais parler d'eux. Mais qui sont ces nouveaux expatriés, et quel est leur profil ?

Profession « nomade numérique »

C'est en 1997 que le docteur Tsugio Makimoto publie « Digital Nomad ». Surnommé « Monsieur semiconducteur » au Japon, en raison de son influence dans ladite industrie, il développe dans son livre le concept du nomadisme numérique. D'après lui, les progrès technologiques permettraient à de plus en plus d'individus de s'affranchir du bureau d'entreprise. Pour rappel, les nomades numériques sont des travailleurs ultra-mobiles. Ils n'ont besoin que d'un ordinateur et d'une connexion Internet pour travailler. Salariés en télétravail ou indépendants (avec une majorité d'indépendants), ils sillonnent le monde et réinventent le rapport vie professionnelle/vie privée. Ils optent pour l'organisation du travail à la carte et accordent une grande importance à la préservation de leur bien-être. Bien plus qu'une simple tendance, le nomadisme numérique est un nouveau mode de vie.

Selon une étude de Demandsage, agence de reporting data à destination des entreprises, on comptait en 2023 environ 35 millions de nomades numériques dans le monde. Près de la moitié était trentenaire et sans enfants. L'écrasante majorité (83%) était à son compte. Le nomadisme numérique s'accorde effectivement plus facilement avec une vie d'entrepreneur. Des entrepreneurs qui ne comptent pas leurs heures : plus des 2/3 travaillent au moins 40 heures par semaine. Ils évoluent dans de nombreux secteurs professionnels, parfois bien éloignés de la vision première, qui associait nomadisme et métiers du numérique. Quels différents profils de nomade digital peut-on croiser ?

Le blogueur professionnel

On pense bien sûr au blogueur voyage. Les blogueurs professionnels spécialisés dans un domaine sont tout aussi concernés : blogueur culinaire, blogueur sport (avec d'autres divisions s'il veut s'intéresser à un type de sport particulier). Le mode nomade numérique est justement taillé pour ce professionnel. Son activité est susceptible de l'amener aux quatre coins du monde. Le visa nomade numérique lui offre la souplesse de concilier son goût pour le voyage et sa profession.

Le journaliste, le rédacteur Web

Voilà deux professions parfaitement en accord avec le nomadisme numérique. Les rédacteurs Web et journalistes indépendants peuvent facilement concilier voyage et rédaction pour les différents clients étrangers. Ces métiers ont d'ailleurs bonne place parmi les profils de nomades digitaux (surtout celui de rédacteur Web). On pense aussi aux autres métiers de l'écrit, comme traducteur, transcripteur ou correcteur.

L'artiste

Photographe, graphiste, dessinateur, peintre, illustrateur, écrivain, scénariste, designer 3D, character designer, sound designer… La vie nomade numérique s'adapte tout aussi bien à la vie d'artiste. Le monde entier devient source d'inspiration, les frontières tombent pour laisser place aux rencontres avec les habitants et les professionnels locaux. Le profil artistique nourrit autant son portfolio que son carnet d'adresses. Libre à lui d'organiser ses voyages en fonction des festivals, par exemple.

Le professionnel du numérique

Voilà le profil type du nomade numérique. Community manager, développeur web, développeur d'applications mobiles, webmaster, consultant SEO, expert SEO, expert marketing, motion designer, chargé de communication, responsable partenariats Web… La liste des métiers du numérique s'allonge, offrant encore plus de possibilités aux nomades numériques. Certains métiers réalisés auparavant en agence, comme la maintenance de sites Web ou le consulting en marketing et communication s'accommodent désormais du 100 % à distance.

L'enseignant, le formateur, le coach

Encore un métier qu'on n'envisageait pas en version nomade numérique il y a encore quelques années. Pourtant, les enseignants, formateurs et coachs itinérants gagnent du terrain. Leur activité a gagné en popularité grâce au boom des formations en ligne. Ce profil de travailleur développe sa clientèle étrangère tout en profitant de la vie dans tel ou tel pays. Il peut même utiliser les découvertes faites lors de ses différents voyages pour alimenter ses contenus. D'autres métiers, comme chargé des ressources humaines ou expert-comptable, s'ouvrent également au nomadisme numérique.

L'influenceur

On termine cette liste (non exhaustive) avec l'influenceur nomade numérique. On ne présente plus les nouvelles stars des réseaux sociaux. Mais de quels influenceurs parle-t-on ? Car il faut bien un secteur dans lequel se positionner pour développer son activité. Le blogueur voyage, le rédacteur web, le dessinateur, le musicien, le coach (santé, bien-être, expatriation, etc.) peuvent aussi être des influenceurs. La différence se situe au niveau de la médiatisation de son activité. On peut très bien être un blogueur culinaire nomade numérique avec un portefeuille client bien fourni, sans pour autant être un influenceur. L'influenceur capitalise sur sa propre marque (lui-même) et son audience (son nombre d'abonnés) pour se développer. Ce profil est très médiatisé, notamment par les réseaux sociaux.

Un peu, beaucoup, sans modération ?

Une autre classification existe. Plutôt que de s'intéresser aux professions, on se penche ici sur les rythmes de vie des nomades numériques. On peut distinguer 3 profils de travailleurs itinérants : les nomades digitaux occasionnels, à temps partiel et à plein temps.

Profil occasionnel

Le nomade numérique occasionnel travaille depuis l'étranger quelques semaines (ou quelques mois) dans l'année. Ce mode est plus compatible avec le travail salarié. Un nombre croissant d'entreprises propose justement aux salariés quelques semaines de travail à distance dans l'année. La préservation du bien-être est entrée dans les bureaux ; proposer le travail à distance occasionnel permet aux entreprises de garder leurs talents. Les salariés y trouvent aussi leur compte : il leur est plus facile d'envisager de fonder une famille ou de devenir propriétaire.

Profil à temps partiel

Avec ce profil, le nomadisme numérique se conçoit plus de 3 mois par an. Ces migrants profitent des visas nomades numériques disponibles (de nombreux pays proposent un visa d'un an, renouvelable ou non). Les travailleurs partent généralement moins d'un an, tout en s'autorisant une nouvelle expatriation quelque temps plus tard. Ces pauses entre deux expatriations sont pour eux nécessaires, non seulement côté professionnel (il faut s'assurer que l'activité reste rentable), mais aussi côté personnel : besoin de revoir ses proches, de rentrer chez soi, envie de construire une vie de famille, etc.

Profil à temps plein 

Les nomades numériques à temps plein conçoivent leur organisation professionnelle comme un véritable mode de vie. Pour eux, le vrai nomadisme numérique impose ce mode de vie nomade, non pour rester dans des communautés d'expatriés, mais plutôt pour s'impliquer dans la vie locale. Ils relèvent également le défi de la vie de famille et veulent montrer qu'il est possible d'associer nomadisme numérique, couple et enfants. Face aux contraintes (l'éducation des enfants, par exemple), ils enfilent la blouse d'enseignant. D'autres couples nomades numériques estiment néanmoins que l'aventure est plus simple à deux. Ils ne souhaitent pas imposer leur rythme de vie à leurs enfants et préfèrent attendre qu'ils grandissent avant d'envisager un retour à la vie nomade.

Nomade numérique et écolo, c'est possible ?

Reste un paradoxe : les jeunes sont plus sensibles à l'écologie. Mais ils sont également plus nombreux à devenir nomades digitaux. Peut-on concilier nomadisme numérique et écologie ? A priori, oui, pour les intéressés. Ils s'estiment proches des minimalistes, du fait de leur mode de vie. Ils n'ont que leur valise ; impossible pour eux d'accumuler des tonnes d'objets. Leur vie tient dans 23 ou 46 kg. C'est sans compter l'empreinte carbone générée par les multiples allers-retours en avion.

La consommation type de ces nomades numériques est elle aussi pointée du doigt. Loin d'une harmonie recherchée avec la nature, ils seraient plutôt influencés par les hashtags et les contenus Instagram et Tik-Tok. Ils tablent sur les pays moins riches pour booster leur pouvoir d'achat, et connaissent finalement peu la réalité des locaux des pays qu'ils visitent. D'où des tensions, comme au Mexique ou au Portugal. Car les conséquences de cette nouvelle forme de tourisme-travail peuvent être dramatiques.

Mais des alternatives existent. Le slow tourisme gagne aussi du terrain chez les nomades numériques. Troquer l'avion pour le train et/ou le bateau, revoir son itinéraire en écartant les destinations trop lointaines, faire vivre l'économie locale à tous les niveaux (logement, consommation, etc.), éviter de fréquenter les localités déjà saturées d'étrangers, etc. Des nomades numériques se sont déjà tournés vers ce nouveau mode de vie. De quoi impulser une nouvelle révolution du nomadisme numérique.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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