Le Luxembourg, petit pays situé au cœur de l'Europe, est unique en raison de son emplacement stratégique et d'une économie dynamique qui nécessite plus de travailleurs qu'il n'y a de résidents. C'est pourquoi le marché de l'emploi repose sur de nombreux frontaliers. Il s'agit de personnes qui résident dans un pays voisin, comme la France, la Belgique ou l'Allemagne, et qui traversent la frontière matin et soir pour venir travailler au Luxembourg. C'est le cas de 47% des 479 000 salariés que compte le pays. Pourquoi sont-ils aussi nombreux à faire ce choix ? Quels sont les avantages à être frontalier ?
Dans quels secteurs travaillent les frontaliers au Luxembourg ?
Ils sont 224 000 à passer chaque jour la frontière pour aller travailler au Luxembourg: 51 000 en provenance de la Belgique, 52 000 depuis l'Allemagne et 121 000 depuis la France. Ils représentent des pourcentages plus ou moins élevés suivant les secteurs, majoritairement dans les entreprises privées: 74 % dans le domaine des services à domicile (aide ménagère, soins médicaux à domicile…), 51 % pour l'Horesca (hôtellerie et restauration). Les frontaliers représentent également 33 % des travailleurs dans la construction, 70 % dans l'industrie manufacturière, 60 % dans le commerce et la réparation (notamment dans le secteur automobile), 57 % des activités de services administratifs et de soutien (secrétariat…), 53 % dans l'information et la communication ou encore 48 % dans les secteurs scientifiques et techniques.
Les opportunités sont donc nombreuses au Luxembourg pour les habitants des pays limitrophes, dans une vaste variété de secteurs, ce qui explique que le nombre de frontaliers augmente tous les ans, malgré les inconvénients que cela peut représenter pour ces travailleurs.
Pourquoi devenir frontalier au Luxembourg ?
Bien que le Luxembourg ait beaucoup à offrir en matière de qualité de vie (aides financières, nature omniprésente, système administratif rapide et efficace…), le niveau de vie y est aussi plus élevé que chez ses voisins, notamment à cause du prix de l'immobilier. Ces derniers sont extrêmement élevés: il faut débourser en moyenne 910 819 € pour l'achat d'un appartement au Luxembourg et 1 314 360 € pour celui d'une maison; côté location, il faut compter en moyenne 1 500 € de loyer pour 50m² - auxquels il faudra ajouter le prix des charges, généralement comprises entre 150 et 300 €.
En plus de ces montants prohibitifs, les conditions d'accès à un logement (documents à fournir pour le dossier, la moitié des frais d'agence à la charge du locataire, une caution à hauteur de 2 mois de loyer…) rendent l'accès au logement particulièrement compliqué et ce, malgré les nombreuses démarches entreprises par le gouvernement pour tenter d'y remédier. Ainsi, les luxembourgeois eux-mêmes sont de plus en plus nombreux à s'installer dans un pays voisin afin de pouvoir bénéficier d'un logement de meilleure qualité.
Les avantages d'être frontalier
Résider en France, en Belgique ou en Allemagne et travailler au Luxembourg présente plusieurs avantages non négligeables.
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Un coût de la vie plus bas
Un des principaux avantages pour les frontaliers est le coût de la vie généralement inférieur dans les régions frontalières par rapport au Luxembourg. Que ce soit en France, en Belgique ou en Allemagne, les prix de l'immobilier, des biens de consommation courante et des services sont souvent plus abordables, ce qui permet aux frontaliers de conserver une plus grande partie de leur salaire. De plus, certains biens de consommation sont moins chers au Luxembourg que chez ses voisins. C'est le cas de l'essence, par exemple, ou encore de certains produits en supermarché. Il est donc possible de répartir sa consommation dans deux pays différents afin de faire un maximum d'économies.
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Des salaires plus élevés :
Grâce à ses charges patronales particulièrement basses (généralement autour de 14 %) et à son système d'index (c'est-à-dire l'augmentation automatique du salaire minimum en fonction de l'augmentation du coût de la vie), le Luxembourg propose des salaires très attractifs. Le salaire mensuel minimum non qualifié (2 570,93 € brut en août 2024) y est supérieur au salaire minimum belge (2 070,48 € brut au 1er mai 2024), à celui de l'Allemagne (2 080 € brut au 1 janvier 2024) et à celui de la France (1 766,92 € brut au 1er janvier 2024). Par ailleurs, la différence entre le salaire brut et le salaire net est généralement moins élevée que dans d'autres pays d'Europe, ce qui creuse encore l'écart entre les salaires luxembourgeois et ceux proposés par ses voisins. Être frontalier permet donc de profiter d'un salaire élevé, combiné à un coût de la vie inférieur dans le pays de résidence.
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Des jours de congés en plus :
Avec ses 26 jours de congés légaux annuels et ses 11 jours fériés, le Luxembourg se place dans le top 5 des pays d'Europe offrant le plus grand nombre de jours de congés. Si, sur le papier, les pays limitrophes n'en sont pas très éloignés, avec 35 jours de congés au total (incluant les jours fériés) en France et en Allemagne, et 30 en Belgique, le Luxembourg présente un avantage de taille : si un jour férié tombe un dimanche ou en même temps qu'un autre jour férié, une journée de congé supplémentaire est automatiquement octroyée à tous les salariés. Cela garantit donc les 37 jours de congés payés annuels, tous les ans, peu importe la configuration du calendrier. Être frontalier permet donc de bénéficier de ces jours de vacances en plus.
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Un accès à des services de qualité :
On le sait peu, mais le système de santé luxembourgeois compte parmi les meilleurs d'Europe. Le taux de remboursement se situe entre 80 et 100 % suivant les cas. Les frontaliers, en tant que travailleurs luxembourgeois, bénéficient de cette couverture santé. Cela est particulièrement intéressant pour les personnes ayant des enfants, puisque la sécurité sociale luxembourgeoise prend en charge 100 % des frais de santé jusqu'à 18 ans - y compris l'ophtalmologie et l'orthodontie. D'ailleurs, les parents et futurs parents pourront aussi accéder à un congé maternité et un congé parental particulièrement avantageux, puis d'allocations familiales très intéressantes.
En plus du système de santé, l'administration du Luxembourg est particulièrement simple et efficace, et le droit du travail y est peu complexe, plus facile à appréhender que dans d'autres pays. Cela permet de connaître facilement ses droits afin de s'assurer qu'ils soient bien respectés.
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Une diversité culturelle et linguistique :
Le Luxembourg est un pays multiculturel, dans lequel de très nombreuses nationalités sont représentées. Être frontalier permet de profiter de cette diversité culturelle unique. Les frontaliers sont souvent multilingues, et cette compétence est très valorisée sur le marché du travail luxembourgeois. De plus, travailler dans un environnement international permet d'élargir ses horizons professionnels et personnels, d'autant que le Luxembourg est aussi généreux sur les congés formation, notamment lorsqu'il s'agit de favoriser l'apprentissage des langues. On trouve dans le pays un catalogue de formations professionnelles de grande qualité à des prix souvent peu élevés, y compris sous forme de cours du soir. Cela favorise l'évolution professionnelle et la reconversion, dans un pays qui valorise l'expérience et les certifications plutôt que les diplômes.
Les inconvénients d'être frontalier
Aucune situation n'est parfaite, et être frontalier ne fait pas exception! Si cela présente de nombreux avantages, cette situation présente aussi des inconvénients.
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Le temps de trajet et les embouteillages
C'est clairement - et de loin! - le plus gros inconvénient au fait d'être frontalier. Malgré les efforts du gouvernement luxembourgeois pour tenter d'améliorer la circulation, aux heures de pointe (7h - 9h et 16h - 19h), se déplacer peut être un vrai calvaire. Si la circulation vers l'Allemagne est moins dense, il n'est pas rare d'observer, matins et soirs, une file interminable de véhicules à l'arrêt aux frontières belges et françaises. Suivant l'emplacement de son lieu d'habitation et ses horaires professionnels, aller travailler et rentrer chez soi peut prendre plusieurs heures. On estime qu'en moyenne, un frontalier passe 2h par jour dans sa voiture. En plus d'être fatiguant physiquement - et parfois émotionnellement aussi - cela implique de partir tôt chaque matin et de rentrer tard. Le temps libre des frontaliers, pour profiter de leurs familles ou de leurs loisirs, est donc réduit d'autant, impactant ainsi négativement l'équilibre vie professionnelle / vie personnelle et pouvant fortement diminuer la qualité de vie globale.
Côté transports en commun, de nombreux trains circulent tous les jours entre le Luxembourg et les grandes villes des pays limitrophes. Néanmoins, cela implique de vivre et de travailler proche des gares, sans quoi il faudra ajouter un temps de trajet supplémentaire. On note également qu'aux heures de pointe, les wagons sont souvent bondés et qu'il n'est pas rare, particulièrement entre la France et le Luxembourg, de devoir effectuer le trajet debout.
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Une fiscalité complexe
Si la fiscalité luxembourgeoise tend à être plutôt simple, elle peut devenir un véritable casse-tête pour les frontaliers. En effet, suivant le nombre de jours réellement passés à travailler au Luxembourg, le pays d'imposition peut être amené à changer, ainsi que le pays dont dépend le salarié pour la sécurité sociale. Impôts et système de santé ne sont pas corrélés, c'est-à-dire qu'ils ne changent pas en même temps, selon les mêmes critères. Une situation que l'augmentation du télétravail a rendue encore plus complexe.
Ajoutons à cela que certaines situations - comme le fait d'avoir un conjoint également frontalier ou, au contraire, salarié dans le pays de résidence - peuvent compliquer encore davantage les démarches administratives ou entraîner des impôts supplémentaires.
Belgique, France, Allemagne… Où habiter en tant que frontalier ?
Il est possible de vivre dans chacun de ces 3 pays et de travailler facilement au Luxembourg. Pour faire son choix, il peut être intéressant de se renseigner sur le système fiscal de la Belgique, de la France et de l'Allemagne, afin de connaître celui qui est le plus avantageux pour sa situation. Le lieu de travail à également son importance, bien entendu, ainsi que la ou les langues parlées. En effet, il sera plus facile de s'installer en Belgique ou en France si on est francophone.
Voici les avantages et inconvénients de chaque pays, ainsi que les villes privilégiés par les frontaliers :
France :
- Avantages : coûts de logement accessibles, accès facile aux infrastructures luxembourgeoises, nombreux trains.
- Inconvénients : circulation souvent congestionnée, surtout aux heures de pointe, fiscalité parfois plus lourde selon les situations.
- Villes frontalières : Thionville, Metz, Longwy, Hettange-Grande, Villerupt, Audun-le-Tiche, Amnéville, Sierck-les-bains, Rodemack, Mont-Saint-Martin…
Belgique :
- Avantages : bonne qualité de vie, notamment dans la province du Luxembourg belge, système de santé de qualité
- Inconvénients : temps de trajet plus longs pour certaines zones, coût de l'immobilier en hausse dans les régions frontalières.
- Villes frontalières : Arlon, Wolkrange, Hondelange, Messancy, Sterpenich, Aubange, Weyler, Udange, Battincourt, Selange…
Allemagne :
- Avantages : coût de la vie et de l'immobilier souvent plus bas, moins d'embouteillages
- Inconvénients : distance plus importante selon les régions, imposition potentiellement plus complexe, nécessite de parler allemand
- Villes frontalières : Nittel, Temmels, Tawern, Wellen, Oberbillig, Wasserliesch, Konz, Trèves, Trierweiler, Sirzenich…
Les formalités administratives pour être frontalier au Luxembourg
Pour les personnes originaires des pays limitrophes du Luxembourg, devenir frontalier est relativement simple: il suffit de trouver un emploi au Luxembourg. Cela se complique en revanche pour ce qui concerne les personnes qui ne sont pas résidentes en France, en Belgique ou en Allemagne, d'autant plus lorsqu'il s'agit de ressortissants de pays non membres de l'Union européenne.
En effet, dans ce cas il faut s'assurer de suivre les démarches administratives (visa, permis de résidence…) du pays où on souhaite s'installer, puis demander un permis de travail au Luxembourg… Cela peut être très complexe, surtout si on ne maîtrise pas la langue du pays où on s'installe.
Impôts, sécurité sociale, chômage, retraite… Comment ça se passe pour les frontaliers au Luxembourg ?
Les travailleurs frontaliers sont généralement imposés au Luxembourg. Le pays pratique la retenue à la source, ce qui permet de percevoir directement son salaire, sans avoir à se soucier de calculer le montant de ses impôts. Si la réglementation européenne évite la double imposition, il peut cependant arriver que le conjoint d'un frontalier voit ses impôts augmenter dans le pays de résidence, afin de compenser les taxes non perçues sur le salaire luxembourgeois. Chaque situation est unique et peut différer suivant le pays de résidence; il convient donc de bien se renseigner à ce sujet.
Les frontaliers ont droit de télétravailler jusqu'à 34 jours par an. Au-delà de ce délai, ils ne seront plus dépendant du système fiscal luxembourgeois, et devront déclarer et payer leurs impôts dans leur pays de résidence. En revanche, ils pourront toujours bénéficier du système de santé luxembourgeois tant qu'ils effectuent au moins 49,9 % de leur temps de travail total au Luxembourg. Si le télétravail dépasse ce taux, alors le salarié ne dépendra plus de la sécurité sociale luxembourgeoise mais de celle de son pays de résidence.
Côté retraite, les cotisations sont prélevées directement sur le salaire au Luxembourg. Le moment venu, les indemnités de retraite des frontaliers sont calculées en fonction de chaque pays où un poste a été occupé. La demande doit être effectuée dans le pays de résidence, qui se changera ensuite de se coordonner avec le Luxembourg pour le calcul de l'allocation totale.
Enfin, en cas de perte d'emploi au Luxembourg, les frontaliers doivent s'inscrire auprès de l'agence de leur pays de résidence: France Travail pour la France, un organisme régional pour la Belgique et l'Agentur für Arbeit en Allemagne. L'allocation chômage est ensuite versée par le pays de résidence, en fonction des accords prévus avec le Luxembourg. Il est également possible de s'inscrire à l'Adem (l'agence pour le développement de l'emploi luxembourgeoise) en complément, afin de chercher un nouvel emploi dans le pays.
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