Syndicats : comment l'Allemagne a développé un modèle bien différent
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Syndicats : comment l'Allemagne a développé un modèle bien différent du nôtre
L'Allemagne a prouvé qu'un fonctionnement différent était possible en développant un tout autre modèle de dialogue social.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de l'union syndicale allemande (DGB) donnent une conférence de presse le 31 octobre 2022 à Berlin.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de l'union syndicale allemande (DGB) donnent une conférence de
La CGT vient d'élire Sophie Binet à sa tête, ce qui présage de positions toujours aussi fortes dans la lutte menée par le syndicat contre gouvernement, sur la réforme des retraites. La CFDT a également durci sa ligne lors de son dernier Congrès. Mais de l'autre côté du Rhin, l'Allemagne a prouvé qu'un fonctionnement différent était possible en développant un tout autre modèle de dialogue social.
Un modèle qui s’est illustré récemment avec une grève d’un seul jour, massive mais ponctuelle, pour l’augmentation des salaires. Au moment même où la France n’en finit pas de son mouvement social contre la réforme des retraites, qui perturbait les transports, l’approvisionnement en essence, l’école, depuis des semaines. Pas question en Allemagne de perturber la vie quotidienne et l’économie, alors que chez nous la CGT en appelle à bloquer le pays.
La grande différence, c’est le rôle que joue l’État. En Allemagne, l’état fédéral n’intervient pas dans les affaires sociales. Les partenaires sociaux, patronat et syndicats, ont la charge de définir les règles du marché du travail. C’est de leur ressort. Et il s’agit d’une prérogative constitutionnelle.
L'État intervient sans laisser de place au dialogue entre syndicat et patronat
Une responsabilité à laquelle fait écho la présence des salariés ou, pour les grandes entreprises, des syndicats, dans les organes de direction des firmes, dans les betriebsrat. Rien de tel en France, où l’État écrase tout, décide tout, intervient à tout propos, de la loi imposant les 35 heures jusqu’à la réforme des retraites. Un travers qui s’est aggravé récemment.
Emmanuel Macron n’a que peu de considération pour le patronat et les syndicats, parce qu’il y voit des partisans de l’immobilisme, affaiblis par le manque de représentativité. D’où la nationalisation de facto de l’assurance chômage qu’il a opérée, d’où la réforme des retraites imposée d’en haut. Tout ça déresponsabilise les syndicats, et le patronat, et les conduit à adopter des positions radicales, idéologiques.
Pourtant, l'Allemagne a réformé son économie au début des années 2 000 avec les lois Hartz sur la compétitivité. Mais elles n'émanaient pas de l’État ni de hauts fonctionnaires. On retrouvait à la manœuvre l’ancien Directeur des ressources humaines de Volkswagen, le constructeur automobile allemand emblématique, qui avait été missionné pour cela.
Ces lois qui ont flexibilisé le marché du travail et rétabli l’Allemagne au plan économique après la réunification, avaient été précédées d’un débat et d’un diagnostic national et transpartisan, "standort deutschland", auquel tout le monde avait participé.
Un exemple en France : la retraite complémentaire du privé
Les syndicats français seraient-ils prêts à entrer dans un jeu coopératif pour réformer le pays ? Possible : un exemple de cela existe. C’est la gestion des caisses de retraite complémentaires, la retraite complémentaire des salariés et des cadres (Agirc-Arcco). C’est la CFDT et le patronat qui gèrent seuls ce pan considérable du système de retraite français, sans intervention de l’État. C’est même le dernier domaine où l’État n’intervient pas en matière de comptes sociaux.
Confrontés aux mêmes défis que le régime général, le vieillissement, syndicats et patronats ont pris des mesures pas faciles, sous indexation des pensions, décote en cas de départ anticipé. Sans une crise. Une réforme des retraites avant la lettre. Bilan, le régime a dégagé l’année dernière 5 milliards d’euros d’excédent et dispose de 68 milliards de réserves. Un petit morceau d’Allemagne au pays des Gaulois, pour une fois que l’État ne s’en mêle pas.
https://www.rtl.fr/actu/economie-consom … 7900250510 . jean luc
En France ,le président décide de tout et seul . En Allemagne l’état intervient peu , en dehors de ses domaines régaliens , il laisse les partenaires sociaux , régler les retraites et autre politique sociale relatif au travail comme le veut la constitution . jean luc
La culture de la grève en Allemagne
Si la France est souvent perçue comme un pays connaissant de nombreuses grèves, notamment ce mois-ci alors qu'un mouvement important se développe contre la réforme du système des retraites, on l'oppose souvent à l'Allemagne où la culture de la grève est bien plus modérée.
En France, une grève nationale se tiendra ce mardi 31 janvier en opposition à la réforme du système de retraite souhaitant repousser l'âge de départ à 64 ans. En Angleterre, c'est le corps infirmier qui a lancé pour la première fois depuis un siècle un appel à la grève en décembre 2022, pour exiger une revalorisation des salaires. Si des grèves s'organisent également en Allemagne en ce début d'année 2023, les mouvements des travailleurs y demeurent néanmoins très différents.
Les Allemands réputés comme étant rarement grévistes
Si la grève semble aujourd'hui faire partie intégrante du quotidien des Français, c'est loin d'être le cas en Allemagne. L'Institut Syndical Européen (ISE) évalue la moyenne annuelle de jours non travaillés en raison de grèves pour 1 000 salariés. Alors que la France comptait déjà 127 jours non travaillés contre 13 en Allemagne entre 2000 et 2009, l'écart demeure ces dernières années avec respectivement 79 jours non travaillés contre 13 entre 2020 et 2021. Cela s'explique d'une part par une culture politique allemande empreinte d'un légalisme important. Ainsi, on assiste à peu de grèves non réglementées. Toutefois, l'une des justifications majeures repose sur le modèle politique et institutionnel des relations sociales allemandes qui encadre davantage le droit de grève qu'en France.
Le régime juridique allemand : la grève comme dernier recours
Le droit de grève - aussi désigné comme la liberté d'association et de coalition - est consacré à l'article 9 de la Loi Fondamentale, équivalent à la Constitution en France. Cet article rend les luttes salariales possibles dès lors qu'elles visent à défendre ou promouvoir des conditions de travail et des conditions économiques et qu'elles sont portées par un syndicat. A la différence des Français qui bénéficient d'un droit de grève individuel, on constate donc que le droit de grève est collectif en Allemagne. Les grèves à portée politique sont par ailleurs interdites. Les règles applicables pour recourir à la grève sont donc très précises de l'autre côté du Rhin.
Le principe de l'obligation pacifique (Friedenspflicht)
Tout d'abord, la grève n'est autorisée que lorsqu'une convention collective prend fin. Cette règle repose sur le principe de l'obligation pacifique (Friedenspflicht) qui exige que toute négociation salariale ait échoué avant qu'un appel à la grève ne soit lancé. Si le mouvement débute avant l'expiration de la convention, l'entreprise peut donc exiger une indemnisation.
Une grève nécessairement portée par un syndicat
Avec 8,8% de personnes syndiquées en France en 2018 contre 16,5 en Allemagne, l'engagement syndical allemand est davantage développé que dans le pays qui a vu naître le mouvement des Gilets Jaunes. Cela peut notamment s'expliquer par le rôle primordial des syndicats dans les relations salariales allemandes.
Le rapport entre les salariés et l'entreprise est fondé sur l'idée d'un "partenariat social". Pour limiter les conflits sociaux, les représentants syndicaux peuvent, dans une certaine mesure, prendre part à la gestion et au contrôle de l'entreprise.
Pour porter un appel à la grève, il faut impérativement un vote majoritaire de tous les membres d'un syndicat. Cela nécessite donc une organisation syndicale importante et justifie l'interdiction pour un travailleur non affilié à un syndicat de faire grève.
Un cadre de grève très strict
Lorsqu'une mobilisation est engagée, sa durée et son ampleur doivent être proportionnées aux spécificités des revendications. Après l'échec d'un premier cycle de négociations, une grève d'avertissement peut se tenir pour une durée limitée et réunissant seulement une partie du personnel. Pour procéder à une grève générale, 75% des personnes syndiquées doivent se prononcer favorables par référendum. Par ailleurs, les objectifs énoncés par les grévistes doivent pouvoir être atteints par un accord pécuniaire et légalement recevable.
Qu'en est-il des mouvements de grève en Allemagne ces dernières années ?
En septembre 2021, le syndicat minoritaire des conducteurs de locomotive allemands - la Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer (GDL) - a mené une grève contre la loi pour l'unité syndicale (Tarifeinheitsgesetz). Entrée en vigueur en 2015, la Tarifeinheitsgesetz rend possible l'application d'une convention collective à l'ensemble des salariés dans une région tarifaire donnée, alors même qu'elle a été négociée par un seul syndicat. Par ailleurs, en présence de plusieurs syndicats, une entreprise peut accorder la priorité à l'organisation syndicale réunissant le plus d'adhérents pour conclure un accord. Pour contester cette loi, la GDL a donc organisé une grève au sein de la Deutsche Bahn, affectant grandement le trafic ferroviaire.
Cette semaine, c'est le syndicat Verdi qui a eu recours à la grève dans plusieurs branches. A Munich, la distribution de courriers et de colis a connu de fortes perturbations alors que les travailleurs exigent une hausse de 15% des salaires. La Deutsche Post rejetant cette demande qu'elle estime surréaliste, les négociations reprendront le mercredi 8 février. On assiste également à des mobilisations dans la capitale de la part des employés de l'aéroport BER. Après l'échec de sept tours de négociations, une grève d'avertissement d'un jour a été organisée le mercredi 25 janvier, alors qu'environ 300 décollages et atterrissages et un peu moins de 35 000 passagers étaient initialement prévus.
https://lepetitjournal.com/berlin/compr … gne-354813
jean Luc
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