Le CES dit oui aux transferts de compétences
Le Conseil économique et social a donné vendredi un avis favorable, à une très large majorité, aux trois projets de loi du pays concernant les transferts de compétences qui seront soumis au Congrès avant fin novembre. Philippe Gomès a personnellement défendu le texte sur lenseignement, pour lever quelques incompréhensions.
Pour la police et la sécurité de la circulation maritime et aérienne intérieure, le Conseil économique et social sest limité à quelques recommandations générales. Il a souhaité que ces transferts ne nuisent pas à la qualité du service, que la Calédonie reste en conformité avec les réglementations nationales et internationales, et que lEtat continue dapporter son soutien et son aide technique, notamment pour la formation professionnelle de ceux qui auront à exercer la responsabilité des compétences transférées.
En revanche, le Conseil économique et social sest longuement penché sur le transfert majeur, celui de lenseignement secondaire public et de lenseignement primaire et secondaire privé. Il sest fait lécho, vendredi, des nombreuses inquiétudes et des incompréhensions qui continuent dentourer ce dossier, notamment sur la mise à disposition gratuite et globale des personnels, le supposé « risque majeur dune carence en personnel qualifié » ou encore la menace qui pèserait sur la Caisse locale de retraite des fonctionnaires.
Le CES sest également inquiété des futures relations entre la Calédonie et lenseignement privé transféré, et de la remise à niveau des établissements confessionnels en état de « délabrement ». Il sest enfin interrogé sur la nature de la structure de pilotage qui devra coordonner laction conjointe de la Nouvelle-Calédonie et de lEtat, et a soulevé la question de la mise en uvre du socle commun des compétences et des connaissances, réforme conçue comme un tout en Métropole, du CP à la troisième, mais appliquée ici dans le secondaire sans lêtre dans le primaire
Le transfert de lenseignement nentrera en vigueur quau 1er janvier 2012, date proposée par lexécutif
Sur cette base de réflexion, le CES a posé un certain nombre de propositions ; certaines sont sans objet puisquelles reposent sur des prémices incomplètes, et dautres seront à prendre en compte dans la définition du futur projet éducatif calédonien. Cest là, en effet, que réside la clé dun transfert réussi.
Cest ce qua expliqué Philippe Gomès, qui avait annoncé lors de son discours de politique générale quil sinvestirait personnellement dans le secteur de léducation, et qui était vendredi linvité du CES.
Le président du gouvernement a rappelé au préalable que, sil doit être voté par le Congrès à la majorité des trois cinquièmes, le transfert nentrera en vigueur quau 1er janvier 2012, date proposée par lexécutif. Comme maintenant, et ce point fait lobjet dun consensus politique, lEtat gardera la compétence des diplômes, des programmes, de la formation des maîtres et du contrôle pédagogique. Pour une période dont le terme na pas été déterminé, les personnels territoriaux ou dEtat resteront payés, gérés et retraités par lEtat, dans le cadre dune « mise à disposition globale et gratuite ». Au delà, quand le terme aura été fixé, et quil sera échu, les personnels de lEtat comme de la Nouvelle-Calédonie pourront soit intégrer la fonction publique territoriale, soit demander leur détachement ou une mise à disposition individuelle et gratuite. Autrement dit, les enseignants non territoriaux ne seront ni chassés ni poussés à fuir le territoire. Ce qui réduit considérablement le danger de carence en personnel qualifié.
Henri Lepot
Deux ans pour le projet éducatif
Entre novembre 2009, date à laquelle le Congrès décidera - ou pas - du transfert, et le 1er janvier 2012, date théorique de sa mise en uvre, il y aura deux ans pour dire comment la Calédonie, en gardant lessentiel de lenvironnement normatif actuel, va pouvoir ajuster, compléter et innover pour bâtir un véritable projet éducatif calédonien.
Philippe Gomès a repris vendredi, devant le CES, la méthode quil avait proposée lors de sa déclaration de politique générale. Lannée 2010 sera ainsi consacrée à un grand débat sur lécole, décentralisé au plus près du terrain et sur lensemble du territoire. Il portera aussi bien sur ladaptation pédagogique (échec scolaire, socle commun, etc.) que sur les structures à mettre en place (pilotage, harmonisation des formations initiales et continues, place du primaire dans les institutions, etc.). Cette réflexion se nourrira dun nouvel audit du système actuel, portant sur le primaire comme sur le secondaire, dans le public comme dans le privé. Lannée suivante, 2011, sera consacrée à la préparation dune Loi dorientation et de programme pour lécole, qui sera soumise au vote du Congrès et fixera à la Nouvelle-Calédonie des objectifs à léchelle dune génération. Philippe Gomès en a déjà fixé un : passer de 45 à 65 % dune classe dâge titulaire du bac.