Les brasseries artisanales tentent de contrer le déclin du marché allemand.Le secteur célèbre l’anniversaire du décret imposant une fabrication à base d’orge, de houblon et d’eau.
Lorsqu’il a commencé à brasser sa propre bière en 2006, dans la cuisine de son café berlinois Prassnik, Benjamin Tragelehn ignorait qu’il était un pionnier. Dix ans plus tard, la mode de la bière artisanale fait rage outre-Rhin, dans le sillage des Etats-Unis, et le restaurateur a ouvert deux autres brasseries. « Au début, on a produit 300 litres pour essayer, dit-il. Maintenant, nous produisons 1.000 litres par semaine. » La différence avec les autres bières ? Un produit non filtré, non pasteurisé et frais. « Toutes les bières industrielles se ressemblent, juge Bert Bloss, consommateur averti. Avec les bières artisanales, les gens redécouvrent la diversité des goûts. »
L’essor des microbrasseries
A sa façon, Benjamin Tragelehn incarne l’espoir et le fléau de l’industrie de la bière allemande, qui célèbre le 23 avril les 500 ans du décret sur la pureté de la bière. Signe de l’importance de ce secteur, qui fait partie du patrimoine gastronomique allemand comme le vin en France, la chancelière Angela Merkel se rend ce vendredi à Ingolstadt pour fêter le décret édicté en 1516 par le duc Guillaume IV. Encore valable, il impose de fabriquer la bière avec seulement trois éléments : l’orge, le houblon et l’eau.
A première vue, ce décret, que d’aucuns considèrent comme un outil marketing et un instrument protectionniste, profite au secteur. « Nous visons une renaissance de la bière et de la brasserie, se félicite Holger Eichele, directeur général de la Fédération des brasseurs allemands. Le paysage brassicole allemand est de plus en plus varié. Chaque semaine, de nouvelles bières de qualité arrivent sur le marché. » Le pays compte ainsi 1.388 brasseries, 107 de plus qu’il y a dix ans. L’essentiel des nouveaux venus sont des microbrasseries comme Prassnik.
Marges faibles
Mais ce phénomène, qui ne représente que 0,5 % de la consommation allemande selon la fédération, est un défi de plus pour les gros du secteur, comme Radeberger, Krombacher ou Paulaner, déjà confrontés à un marché en repli. Les Allemands ne boivent plus que 98 litres de bière par an, contre 141 en 1991, selon l’Office des statistiques. Avec près de 96 millions d’hectolitres en 2015, l’Allemagne est de loin le premier producteur européen, devant le Royaume-Uni, mais le niveau a reculé de 8 % en huit ans.
Dans un marché fragmenté, marqué par des traditions locales, et face à une grande distribution mieux organisée, les marges sont réputées faibles. « La spirale infernale de la guerre des prix reprend alors que le secteur avait repris espoir après avoir enfin réussi à imposer des hausses l’année dernière, constate Jan-Frederik Stahlbock, expert au cabinet de conseil Wieselhuber & Partner. Cela étouffe tout espoir de retournement de tendance. » Un développement fatal pour la filière de 27.000 employés dominée par des entreprises familiales.
Les brasseurs allemands cherchent leur salut dans la bière sans alcool, en forte croissance, et des produits de niche. Ils tentent aussi leur chance à l’exportation, qui représente près de 17 % de la production. Mais malgré leur réputation – aidée par la Fête de la bière – ils ne dominent pas le marché mondial. Au contraire : le leader belgo-américain Anheuser-Busch InBev a acheté la marque de Brême Beck’s et le néerlandais Heineken contrôle la moitié du bavarois Paulaner.
http://www.lesechos.fr/industrie-servic … 215518.php
jean luc
PS: le phénomène n'est pas récent ,en 1991 je buvais la bière d'une petite brasserie la Vögelbräu á Karlsruhe ,c#est vrais qu'elle sont meilleurs que les grosses brasseries . jean Luc