Au risque de me faire encore incendier, je dirais qu'il est sans doute difficile d'avoir des statistiques fiables sur des sujets comme le diabète, dans un pays comme les Philippines. Quand on sait que l'immense majorité de la population est trop pauvre pour avoir un suivi médical à l'occidentale, que beaucoup de gens n'ont jamais vu un toubib (et c'est peut être aussi bien pour eux!), que certaines naissances ne sont même pas déclarées, comment savoir si 5% ou 40% de la population est diabétique?
Les réalités sont trés variables, entre la tranche embourgeoisée de la population urbaine qui se gave de produits alimentaires "ultra transformés", bourrés de sucre, de sel, de graisses, qui fréquente les fast food et les gargotes à frites et hot dog des malls en masse et les populations rurales qui se nourrissent encore majoritairement de riz assaisonné d'un peu de sauce, il y a un gouffre.
Les Philippines risquent de suivre le chemin du Mexique, autre pays émergeant américanisé, avec une obésité et un diabète qui touchent d'abord les "riches", puis qui atteint les pauvres, grâce à la consommation massive de produits industriels de mauvaise qualité nutritionnelle mais pas chers et accessibles à tous, alors même que la tranche de la population la plus riche, touchée par les messages hygiènistes, voit sa population diabétique décroître.
Au contact quotidien, à Manille, de personnes issues de milieux trés pauvres, ce que j'observe est alarmant: dès qu'ils ont 50 pesos en poche, les enfants surtout, achètent prioritairement des soft drinks, des hot dogs, des morceaux de poulet pané frits, des ice creams, des brochettes de trucs douteux carbonisés ou de bananes frites sucrées et grasses. Et comme ils mangent en continu sans respecter d'heures de repas, ce n'est que la limitation pécunière qui permet de contenir quelque peu les dégâts.
Ceux qui ont la chance d'avoir un foyer où l'on peut cuisiner, mangent essentiellement un platras de riz blanc (riz bourré de pesticides, d'engrais, d'agents de blanchiment) arrosé d'un peu de sauce rehaussée au glutamate et toyo ultra salé...
Si on ajoute à tout cela, pour certains, l'alcoolisme chronique, la cigarette, sans parler des solvants et autres drogues, le tableau n'est pas réjouissant.
Tout cela fait le lit de l'obésité, du diabète, de l'hyper tension et autres maladies au coût social futur terrifiant.
Il est vrai que dans les pays voisins, la population mange assez mal aussi (riz et nouilles frits); toutefois, la proportion dans l'alimentation quotidienne d'aliments "ultra transformés" à l'américaine (hot dogs, hamburgers, pizza, ketchup, chips...) et de chaines de fast food y est moindre. Mais il est vrai que la moindre boutique du bled le plus reculé du Laos par exemple, propose des chips "Pringles", "Lays", Coca, Sprite etc...Idem partout ailleurs...En Indonésie, la population fume, dès le plus jeune age, dans des proportions effroyables...
Aujourd'hui, ce n'est pas dans les pays dits développés que les sociétés de malbouffe occidentales augmentent le plus leurs chiffres d'affaire, mais dans les pays dits émergeants, dont font partie les Philippines. Une fois les maladies déclarées et ces pays un peu plus riches, les lobbies pharmaceutiques, également occidentaux, sortiront du bois pour imposer à leur tour leur camelote...