Universités. En Allemagne, des étudiants étrangers qui n’ont pas le niveau en allemand
Malgré la pandémie, le nombre d’étudiants étrangers a augmenté en Allemagne, mais beaucoup ne maîtrisent pas suffisamment la langue. D’où un taux de décrochage anormal, alerte le “Times Higher Education”.Les étudiants étrangers qui suivent des cursus en Allemagne sont trop nombreux à décrocher. Les données datées de 2015 montrent ainsi qu’ils sont 49 % à abandonner au niveau de la licence, contre 27 % des étudiants allemands. À l’origine de ce taux d’échec anormal, une maîtrise insuffisante de la langue, rapporte le Times Higher Education qui relaie deux études récentes.
Une enquête menée auprès de plus de 4 500 étudiants internationaux inscrits dans 125 universités du pays par le Deutscher Akademischer Austauschdienst (Daad), le service allemand d’échanges universitaires, a révélé que beaucoup n’avaient pas les compétences linguistiques nécessaires pour rédiger un mémoire – à plus forte raison une thèse –, certains ne prenant conscience qu’à mi-parcours de leurs carences en allemand.
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Un tiers seulement des étudiants étrangers en licence ou en master suivant des cours d’allemand déclarent avoir déjà participé à des discussions en classe ou posé des questions en allemand, contre plus de la moitié de ceux qui suivent des cours d’anglais dans des universités allemandes.
“Globalement, il y a une meilleure adéquation entre les compétences linguistiques et la langue d’enseignement dans les programmes enseignés en anglais que dans les programmes enseignés en allemand”, souligne Jan Kercher, qui a dirigé l’enquête du Daad.
La clé de la réussite : la maîtrise de la langueUne autre étude, menée par de l’Université de Bamberg auprès de 340 étudiants de premier cycle, suggère en outre que les étudiants internationaux ont tendance à surestimer leurs compétences linguistiques. Alors que 80 % des étudiants qui ont participé à l’étude pensaient avoir une bonne maîtrise de la langue, les tests ont révélé que 20 % seulement atteignaient le niveau requis.
Or, en premier cycle au moins, les compétences en allemand constituent le facteur décisif de réussite : en première année, environ 20 % des résultats obtenus s’expliqueraient uniquement par une maîtrise suffisante de la langue, la lecture jouant à ce stade un rôle essentiel.
Katrin Wisniewski, qui signe l’étude en question, formule cette mise en garde :
“Il est possible que certaines universités aient tendance à admettre des étudiants dont les compétences en allemand sont insuffisantes afin de ‘booster’ le nombre d’étudiants étrangers dont elles pourront se prévaloir.”