Opheligh se décrit comme une villageoise inspirée. Cette franco-camérounaise installée à Maurice depuis deux ans. Elle est musicienne, artisane et amoureuse de la vie. Comment vit-elle cette période de confinement ?
Qui est Opheligh ?
Bonjour. Fondamentalement, j'aime me définir comme une villageoise inspirée. Sinon, je suis une expatriée franco-camerounaise basée à Grand-Bay, ayant comme activité principale la musique en tant que chanteuse, guitariste et enseignante. Je suis aussi une artisante domestique passionnée (couture, bricolage, soins naturels DIY...).
Depuis quand vivez-vous à Maurice ?
Cela fait plus de 2 ans que je reste sur l'île.
Qu'est-ce qui vous amène ici ?
Avec mon mari qui est mauricien, nous avons décidé de nous établir sur sa terre natale.
Vous aimez sortir, rencontrer du monde, vous semblez très active. Comment gérez-vous cette période de confinement ?
En effet, de part la culture d'accueil des Mauriciens et mon activité de musicienne liée au divertissement, les moments de convivialité et de partage humain coulent de source.
Cependant, la crise sanitaire a bouleversé les agendas des artistes et nous force au chômage. Certes, c'est un temps difficile, mais j'aime garder ma vibration positive de villageoise qui s'épanouit très bien dans l'environnement mauricien. Les budgets sont limités. Alors c'est l'occasion d'aller cueillir du bred Mouroum, de faire plus d'artisanat domestique, de prendre son temps, d'apprécier le présent... à la ziloise. Dernièrement, j'ai vu des vaches passer devant ma ruelle. J'étais tellement enjouée.
Aussi parfois, je partage quelques aperçus de mes activités sur les réseaux sociaux.
Vous vous êtes aussi mise à confectionner vos propres serviettes hygiéniques réutilisables ?
Je connaissais l'alternative depuis longtemps. J'avais conscience que ma consommation en serviettes jetables n'était pas en adéquation avec le principe d'éco-responsabilité. Chaque début de cycle était un rappel d'en confectionner. Mais par facilité, j'allais au supermarché m'acheter un autre paquet de jetables.
Finalement, ce sont les restrictions du confinement qui m'ont forcée en urgence à en produire pour mon utilisation personnelle. J'étais à court, alors que ce n'était pas ma lettre pour pouvoir faire mes courses.
Comment trouvez-vous la scène musicale à Maurice ?
Maurice foisonne d'artistes excellents. De la simple performance organique intime aux scènes de haute qualité sonore avec des effets de lumière puissants, les expériences peuvent y être juste extraordinaires.
Quels sont les artistes incontournables de l'île pour vous ?
Ayo. Il y en a trop! Gérard Bacorilall m'a donné envie d'apprendre le créole avec "Viv en semblan". Kaya est un symbole d'ordre mystique pour Maurice et le Mauricianisme.
Je suis une admiratrice de Jason Heerah et les musiciens d'Otentik Groove. C'est ma vibration. Le reggae de The Prophecy, Blakkayo....
En sega, Clarel Armelle m'enjaille. Il faut aussi citer Désiré François avec Cassiya. Et bien sûr le roi de l'ambiance Alain Ramanisum et sa reine Laura Beg. Sans oublier Linzy Bacbotte, en live c'est la diva vocale.
Je pense aussi à la famille Thomas, le guitariste Patrick Desvaux... Emmanuel Desroches est très fort. Emlyn Marimootoo a un univers vibrant et personnel. L'artiste pop Annega ose sa propre musicalité. Le percussionniste Shakti met en transe.
Et quand même, il y a les phénomènes des musiques jeunes émergentes de l'underground comme Bomboklak qu'on ne peut pas ignorer. Du coup, y'a Big Frankii aussi...
Bref, il y en a trop. J'en oublie c'est sûr.
Ce que vous préférez de l'île ?
Là aussi la liste est longue. J'apprécie tout d'abord les mauriciens, à travers mon mari, ma belle-famille et toutes les fabuleuses rencontres et amitiés qui m'ont été offertes ici ; l'atmosphère ziloise, la culture du partage et de solidarité, la résilience mauricienne ; la nature, la nourriture, la musique, les chiens errants (rires). Dans mon voisinage, ils sont juste trop adorables.
Et j'oubliais : j'aime la langue créole mauricienne. Elle sonne comme une poésie dans mon oreille et m'envoûte.
Tu es végétalienne, est-il facile de bien se nourrir lorsque l'on est sur ce régime à Maurice ?
Les pays tropicaux sont en général des paradis végétaux. Mon alimentation est majoritairement végétalienne et j'y trouve satisfaction. Mais je ne trouve pas trop de choix dans les restaurants...
Il faut savoir se préparer sa propre nourriture.
Il y a aussi quand même une petite pression sociale lors des moments de convivialité. Car la consommation de produits animaux est forte à Maurice. Ce n'est pas hostile. Je pense que les Mauriciens aiment vraiment offrir et faire plaisir. C'est un bonheur, une vraie générosité. Et les régimes spéciaux sont comme un étonnement dans un moment de fête où l'on profite de la vie. Pour ma part, je m'autorise "socialement" du poisson et des parts de gâteaux de célébration.