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Île Maurice : vers une renaissance environnementale ?

villas a Maurice
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Écrit parOummé Deedarun-Guérinle 22 Janvier 2025

L'île Maurice entre dans une phase décisive de son engagement environnemental. Les récentes initiatives des autorités, soutenues par les mobilisations citoyennes, ouvrent la voie à une ère où la préservation de l'environnement occupe une place centrale. Pour relever les défis encore présents, une approche globale et coordonnée sera essentielle afin de transformer ces ambitions en résultats durables.

Un signal fort : la révocation des permis et la protection des zones sensibles

La révocation du permis Environment Impact Assessment (EIA) d'Atalian Global Services, qui envisageait la construction d'hôtels sur un ancien barachois à Les Salines, est un symbole fort de ce changement. 

Le projet, longtemps contesté par les écologistes et les collectifs citoyens, aurait menacé un écosystème fragile. Cette décision montre que les autorités commencent à écouter les voix de ceux qui défendent l'environnement, tels que l'ONG Mru2025, qui a salué cette victoire sur les réseaux sociaux.

Mais cette décision ne concerne pas seulement Les Salines. Elle s'inscrit dans une tendance plus large : la protection des zones sensibles face à l'urbanisation galopante. Par exemple, les constructions illégales sur l'île aux Bénitiers ont été rasées et des inspections sont prévues sur d'autres îlots pour lutter contre le dumping illégal et l'exploitation abusive des ressources. 

Ces actions témoignent d'une volonté de préserver les joyaux écologiques de Maurice. Elles mettent également en lumière l'importance de renforcer les mécanismes de contrôle et de gestion pour garantir une utilisation durable des ressources naturelles et prévenir les situations similaires à l'avenir. Transparence et responsabilité restent des piliers essentiels dans cette démarche pour éviter de répéter les erreurs du passé.

Le développement durable : un équilibre difficile à trouver

La tension entre développement économique et préservation de l'environnement est une problématique récurrente. Des projets tels que Roches Noires Smart City ou les villas de Bel-Ombre illustrent les défis liés à cet équilibre. Si certains projets sont soumis à des études d'impact environnemental (EIA) strictes ou temporairement suspendus, d'autres soulignent l'importance d'un cadre législatif renforcé. 

Par exemple, le projet de 42 villas à Bel-Ombre, situé dans une zone écologiquement sensible, a été réalisé sans qu'une EIA soit requise, mettant en évidence des opportunités d'amélioration dans l'Environment Act 2024 pour mieux encadrer les initiatives futures.

Cette situation soulève une question fondamentale : comment concilier développement économique et respect de l'environnement ? Bien que les autorités semblent prendre conscience de cette nécessité, les actions demeurent fragmentées. L'adoption d'une approche globale intégrant systématiquement des critères environnementaux stricts dans tous les projets de développement constituerait un pas en avant conséquent.

Vers une meilleure collaboration entre tourisme et environnement

La visite du ministre du Tourisme, Richard Duval, sur la côte sud-ouest et l'île aux Bénitiers, le 16 janvier dernier, a marqué une étape importante vers une meilleure coordination entre développement touristique et préservation environnementale. Le ministre a annoncé des consultations pour renforcer la collaboration entre la Tourism Authority et la Beach Authority, relevant du ministère de l'Environnement.

Cette initiative vise à mieux encadrer les activités touristiques, comme les excursions en mer ou la vente sur les plages, tout en protégeant les écosystèmes fragiles. En associant tourisme et environnement, Maurice pourrait devenir un modèle de développement durable, où croissance économique et protection de la nature vont de pair.

La guerre contre le plastique : une bataille à double tranchant

La gestion du plastique à usage unique représente un autre enjeu majeur. Le gouvernement a prolongé jusqu'en 2026 le moratoire sur l'interdiction des produits en plastique non biodégradable. Cette décision vise à offrir aux entreprises un délai supplémentaire pour s'adapter, tout en prolongeant le calendrier de transition vers des alternatives durables.

Cette situation reflète un dilemme plus large : comment imposer des changements radicaux sans pénaliser l'économie locale ? La création d'un Multi-Stakeholder Technical Committee pour suivre la transition est une initiative positive, mais elle doit s'accompagner d'un soutien concret aux entreprises pour qu'elles adoptent des pratiques plus vertes. Par ailleurs, une campagne de sensibilisation massive auprès du public serait essentielle pour réduire la dépendance au plastique.

La crise de l'eau : un symptôme du changement climatique

La gestion des ressources en eau est un autre défi vital. Avec un taux de remplissage des réservoirs tombé à 43,1 %, Maurice fait face à une crise hydrique sans précédent. Les nouveaux horaires de distribution d'eau sont une réponse immédiate, mais ils ne suffiront pas à régler le problème à long terme.

Cette crise est un symptôme du changement climatique, qui exacerbe les extrêmes : sécheresses d'un côté, inondations de l'autre. Comme le souligne l'expert Michaël Atchia, des solutions innovantes, comme les boules anti-évaporation ou la condensation des nuages, pourraient aider à gérer cette situation. Mais ces technologies doivent être accompagnées d'une stratégie globale qui inclut la réhabilitation des nappes phréatiques et la promotion de pratiques agricoles durables.

Vers une nouvelle culture environnementale ?

Les récentes avancées montrent que Maurice est sur la bonne voie, mais il reste beaucoup à faire. Pour que cette nouvelle ère soit durable, il faut :

  • Renforcer la législation environnementale : l'Environment Act 2024 doit être revu pour combler les lacunes et imposer des critères stricts à tous les projets de développement.
  • Impliquer les citoyens : les Mauriciens doivent être sensibilisés et responsabilisés, que ce soit dans la gestion de l'eau, la réduction des déchets ou la protection des écosystèmes.
  • Promouvoir l'innovation : les technologies vertes et les pratiques durables doivent être encouragées, avec un soutien concret aux entreprises et aux agriculteurs.
  • Garantir la transparence : les décisions environnementales doivent être prises de manière transparente, avec une participation active des citoyens et des ONG.

Maurice est à l'aube d'une transformation majeure. Les récentes décisions témoignent d'une véritable volonté de changement et posent les bases d'un avenir plus durable. Pour que cette dynamique porte ses fruits, une mobilisation collective, une vision à long terme et une détermination constante seront les clés du succès.

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A propos de

Après une carrière en informatique en France, j’ai choisi de revenir à l’île Maurice, où je suis née, avec mon mari et mes deux enfants en 2013. Depuis près de 10 ans, je travaille comme rédactrice de contenu web et traductrice indépendante.

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