Métier d'influenceur : comment régulariser sa situation en tant qu'expat

Vie pratique
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Écrit par Asaël Häzaq le 25 janvier, 2022
YouTube, Instagram, Twitter, Tik Tok… Les réseaux sociaux sont entrés dans les quotidiens, bouleversant les manières de consommer, créant de nouveaux métiers, de nouvelles manières de toucher un public, de faire passer un message. Vitrines 5.0 ? Créateurs multi-facettes ? Comment concilier métier d'influenceur et expatriation ? Décryptage.

Qui sont les influenceurs d'aujourd'hui ?

Si dès le commencement, l'influenceur jouait de ses atouts pour se lancer, aujourd'hui, il se forme avant de démarrer son activité, et n'hésite pas à s'expatrier pour rentabiliser davantage son activité. Un goût pour l'étranger qui flirte souvent avec des avantages fiscaux non négligeables. La pandémie a révolutionné le rapport à l'expatriation, rendant de plus en plus populaires les nomades numériques. Les célébrités traditionnelles (sportifs, chanteurs etc.) exilées dans des États à la fiscalité attractive sont aujourd'hui rejointes par leurs homologues 5.0, influenceurs ultra-riches dont le quotidien n'a plus rien à voir avec l'image du youtubeur moyen.

Un métier aux mille visages

Pour certains, l'influenceur est celui qui travaille avec les marques pour promouvoir leurs produits sur les réseaux sociaux en échange de compensations financières et/ou en nature (rémunération nécessaire pour que l'activité soit considérée, non pas comme du bénévolat, mais comme un emploi). L'influenceur serait alors une vitrine de la marque, plus abordable que les grandes célébrités, et plus proche du consommateur.

À l'opposé, d'autres rapprochent l'influenceur du lanceur d'alerte. Ils regrettent l'emploi même du terme « influenceur » et sa connotation qu'ils jugent négative. Loin des dérives marketing, l'influenceur est, pour eux, le défenseur des causes délaissées ou négligées par les pouvoirs publics. Il court-circuite les canaux traditionnels pour porter son message jusqu'au sommet de l'État et sensibiliser l'opinion. 

Dans l'entre-deux, l'influenceur peut aussi être celui qui donne son avis sur un produit, un sujet, et/ou délivre des conseils. 

Trois visions différentes d'un même métier, et un point commun : le besoin d'un nombre d'abonnés conséquent, et d'abonnés actifs, pour asseoir sa notoriété.

Influenceur : ce qu'il faut prendre en compte avant de se lancer

Qu'il choisisse ou non de s'expatrier, l'influenceur évolue en eaux troubles. Il doit comprendre les médias sociaux, place publique géante de tous les possibles et de tous les dangers, et en même temps, créer un espace intime dans lequel évolueront ses abonnés. 

Mettre en avant sa personnalité

L'influenceur est son propre produit. À lui de développer « le truc en plus ». Nouveau phénomène Tik Tok, l'italien Khaby Lame s'est lancé pendant le premier confinement. Frappé par la perte de son emploi, il décide de faire sourire le monde. Son atout ? Miser sur le non verbal et les expressions faciales pour dépasser la barrière de la langue.

Se former

Même s'il n'existe pas d'école, les études en communication digitale font de plus en plus allusion au métier d'influenceur. L'auto-formation et l'étude de la concurrence restent les voient les plus simples, et les plus prisées. À chaque espace sa spécialité : le jeu scénique et le timing pour Tik Tok, le montage vidéo pour YouTube, les photos pour Instagram, l'expression écrite pour les blogs… 

Choisir sa cible

L'influenceur gaming ne captera pas le même public que l'influenceur culinaire ou déco. S'il peut y avoir des interférences – les gens ne se limitant pas à un seul centre d'intérêt – elles s'apprécient à la marge. À l'influenceur de cibler son public, notamment concernant l'âge.

S'entourer

L'influenceur est son propre patron. D'où l'importance de définir son statut juridique et son champ d'action. Ceci est encore plus vrai pour les expatriés. L'influenceur souhaite-t-il/peut-il tout gérer ou préfère-t-il s'entourer d'autres professionnels ? Après de nombreuses années à gérer seule ses multiples casquettes, Gaëlle Prudencio, juriste française en droit social devenue influenceuse mode, body positive et acceptation de soi, signe, en 2020, avec Sœurette Production. La société représente désormais l'influenceuse, également cheffe d'entreprise et autrice.

Rémunération et temps de travail

Le salaire ne dépend pas forcément du nombre d'abonnés. Marques et autres organisations jonglent avec les macro et micro-influenceurs. Les premiers ont le pouvoir de la masse mais un taux d'engagement moindre. En clair : beaucoup d'abonnés, mais pas forcément actifs. Les micro et nano comptes de quelques milliers ou centaines de milliers d'abonnés vendent une plus grande proximité avec le public. C'est aussi ce que recherchent les marques. Un post, une vidéo, une photo peut rapporter de quelques centaines à plusieurs milliers d'euros. D'où un salaire fluctuant selon les pics d'activité et les périodes creuses.

Influenceur expatrié : régulariser sa situation

Le nomadisme numérique est à la mode. Problème : la fiscalité n'est pas encore rompue à la culture du like. Oui à l'expatriation, mais où payer ses impôts ? Les influenceurs se retrouvent face à des difficultés proches de celles des télétravailleurs expatriés. Comment gérer les nomades numériques ? Où situer leur domiciliation fiscale ? Comment cotisent-ils pour leur retraite ? L'influenceur peut avoir la sensation de pouvoir faire ce qu'il veut. La réalité est plus nuancée, et dépend aussi de son statut juridique. Créateur d'entreprise (et quel statut juridique pour son entreprise ?), autoentrepreneur, entreprise individuelle, micro-entrepreneur, freelance... 

D'autres influenceurs ont fait le choix du salariat : ils travaillent directement pour une marque, ou sont employés par une agence. Là encore, des problèmes se posent, et pour l'entreprise employeuse, et pour l'influenceur : ce dernier est-il à 100% expatrié ou navigue-t-il entre son État de résidence régulière et son pays d'expatriation ? Selon les situations, l'influenceur expatrié pourrait être perçu, du point de vue du droit fiscal de son pays, comme un non-résident. De fait, il pourrait devoir payer ses impôts dans son État d'accueil. L'entreprise, elle, pourrait devoir s'enregistrer fiscalement dans le pays étranger. Une problématique qui se complique encore avec les systèmes de prélèvement, propres à chaque État. Comment faire lorsque l'impôt est prélevé à la source ? D'où l'importance, pour les influenceurs candidats à l'expatriation, de penser leur projet et de régulariser leur situation, pour ne pas enfreindre la loi. C'est d'ailleurs ce que nous explique, dans une récente interview, Mégane Salmon, expat entrepreneuse et influenceuse française qui a choisi de se poser à l'île Maurice.

Les nouveaux Eldorados des influenceurs expatriés

Pour eux, tout a été pensé et repensé. En pratique, les influenceurs expatriés restent rares, plus proches des célébrités millionnaires que du micro-influenceur non rémunéré. Pour ces nouveaux expatriés, le bonheur se conjugue avec une fiscalité attractive.

Les yeux du monde se braquent sur Andorre. La cause ? Des déménagements à coût de millions d'abonnés. La principauté (revenus imposés à 10%, contre 50% en France ou en Espagne) attire les macro-influenceurs. Andorre leur ouvre les portes en créant un visa sur-mesure : « résidence passive pour les professionnels avec projection internationale ». Condition : gagner au moins 300% le salaire minimum du pays (1121€). Oui aux influenceurs expatriés et autres célébrités, mais avec de gros revenus. Les autorités surfent sur la vague, espérant attirer les touristes. Une double opération gagnant-gagnant, donc. À Dubaï, ville des expatriés par excellence, les comptes sont faits depuis longtemps : pas d'impôt sur les revenus, pas d'impôt sur les sociétés (exception faite pour les domaines pétroliers et gaziers)… Beaucoup d'influenceurs créent d'ailleurs leur société. Ils accourent, officiellement séduits par le cadre de vie privilégié et la sécurité. Mais à Dubaï, tout est réuni pour faire fructifier les affaires. Une manne financière qui commence à faire grincer des dents certains pays. La France annonce renforcer ses contrôles sur ses expatriés aux Émirats arabes unis. 

Influenceur : un métier d'avenir ? Les vocations se multiplient, galvanisées par les visions de rêves diffusées sur les réseaux sociaux. La réalité se veut moins glamour, même pour les nouvelles stars aux millions d'abonnés. L'une des clés de la réussite serait peut-être de considérer le métier d'influenceur comme n'importe quel emploi, avec ses avantages et ses contraintes. 

A propos de Asaël Häzaq

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.