Ces légendes du séga qu'il ne faut pas oublier

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Publié le 14 avril, 2023
La mort de Serge Lebrasse jeudi dernier a été une perte immense pour le paysage musical local. Malgré tout, son héritage musical continue de vivre à travers ses chansons, et le séga mauricien demeure une partie importante de l'identité locale, reflétant l'histoire et les traditions de l'île.

Le sega, genre musical local

Né dans dans les plantations sucrières au 18ème siècle, le séga est un genre de musique emblématique à Maurice, ancré dans l'histoire et la culture de notre île. A l'origine, il s'agissait d'un moyen de protestation, une manière pour les esclaves de célébrer leur culture et leur héritage en dépit de la souffrance et de l'oppression qu'ils subissaient.

Au fil du temps, le séga s'est développé et a évolué, incorporant de nouveaux éléments musicaux et des influences culturelles. Les années 1960 et 1970 ont vu l'émergence d'une nouvelle génération de musiciens séga, qui ont commencé à utiliser des instruments plus modernes et à intégrer des éléments de rock, de jazz et de funk dans leur musique.

Au cours des décennies suivantes, le séga a continué à évoluer, en intégrant des éléments de reggae, de zouk, de soul et d'autres genres musicaux populaires. Ainsi, Serge Lebrasse et de nombreux autres artistes sont devenus des figures emblématiques de la scène musicale mauricienne, enregistrant des chansons populaires qui sont encore appréciées aujourd'hui. Souvent considéré comme un des piliers de la musique mauricienne,  Lebrasse a contribué de manière significative au développement du séga mauricien, laissant un héritage musical durable pour les générations à venir.

Outre Lebrasse, d'autres artistes ont su marquer le paysage musical de notre île,  et ont contribué à forger ce style musical et à le faire connaître à travers le monde.

Ti Frère

Considéré comme l'un des pères fondateurs du séga mauricien, Ti frère (Alphonse Ravaton) chante sa première chanson, Tamassa, en 1925. Cette chanson a été enregistrée bien après sur un 45 tours par minute, en 1948 : c'est le premier 45 tours enregistré à Maurice. À cette époque, le séga est considéré comme une musique vulgaire réservée aux créoles, et n'est pas accepté par la société d'alors. Malgré tout, la popularité de Ti frère grandit, et il est couronné Roi du Séga en 1964. Mais si ses chansons deviennent rapidement des classiques du séga mauricien, Ti Frère demeure très pauvre, et doit exercer plusieurs métiers pour subsister. C'est d'ailleurs alors qu'il travaille en tant que bûcheron qu'il fait la connaissance de Serge Lebrasse, à qui il fait découvrir le séga. 

Aujourd'hui, les chansons d'Alphonse Ravaton sont classifiées au rang de classiques, et quasiment 30 ans après son décès, sa musique demeure un témoignage éternel de l'histoire et de la culture mauricienne

Michel Legris

Autre artiste légendaire du séga mauricien, Michel Legris a acquis sa notoriété dans les années 70 grâce à sa victoire au concours Sugar Time, avec sa chanson "Mo Capitaine". Cette victoire a marqué le début d'une longue carrière musicale qui l'a également conduit à se produire sur des scènes internationales.Ainsi, "Dalma Dalma", "La Rivière Otriv" et "La saison marée noire" ont contribué à sa renommée et ont laissé une forte impression sur le public local. L'État mauricien l'avait d'ailleurs décoré en 2007 pour sa contribution dans le domaine musical. Ambassadeur de la musique mauricienne, il a représenté le pays à diverses manifestations culturelles à l'étranger, avant de s'éteindre en 2015 à l'âge de 83 ans.

FanFan

Considéré comme le meilleur ravanier de l'île dans les années 70, Louis Gabriel Joseph, connu sous le nom de Fanfan était un artiste qui a su user de la langue créole à la perfection dans ses chansons. Monument du séga, il a notamment cotoyé Ti Frère et Serge Lebrasse, et a conquis la scène locale avec ses ségas engagés, comme “400 canons/300 revolvers”, ou “Mamzel kontan riyé”.

Compositeur de génie et véritable magicien des mots, Fanfan se plaisait à incorporer des morales à ses textes. Ainsi, ses morceaux ont contribué à enrichir le sega, et demeurent ancrés dans le patrimoine local.