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le climat : les cyclones

Nouvelle discussion

Mika974971

Bonjour,

je me représente vite fait... je suis maman célib de 2 enfants âgés de 14 et 10 ans... j'aimerais demander ma mutation l'année prochaine (pour la rentrée 2014), je suis d'originaire de l'île de par ma mère celle-ci étant décédée déjà depuis quelques années j'aimerais retourner aux sources, celle qui me manque de plus en plus au fil des années... et j'aimerais transmettre cela à mes fils qui ont toujours vécu en France...
Aujourd'hui je souhaiterai lancer une discussion sur les cyclones afin de les rassurer... car nous en parlons (de notre départ) et pleins de questions restent en suspens, car n'ayant jamais vécu là-bas juste pendant des vacances tout les 2 ans, il m'est impossible de les rassurer comme il conviendrait.
Au plaisir de vous lire.
Mika.

Tchix

Bonjour Mika !
Il ne faut pas craindre les cyclones plus que ça..enfin, je ne crois pas...

Je te donne juste mon expérience, Elissa et Bouba sur le forum qui ont vécu ici leur enfance t'en parleront mieux que moi.

Cela fait 2 ans que je suis là.
L'an dernier "alerte orange", puis l'alerte  a été levée.

Cette année , arrivée du cyclone Dumile tout début janvier (tout le monde se souhaitait une bonne année Dumile-treize)
Moi aussi j'étais terrorisée aux différentes étapes des alertes.(Premier cyclone de ma vie, bien qu'ayant vécu barricadée dans un hôtel en Asie pendant un typhon, vitres fermées  avec des planches etc...)

Alerte rouge, je me suis dit "c'est la guerre!"
En fait... je suis de Bretagne et tu as de gros coups de tabac là-bas et ce cyclone y ressemblait (vents très forts, pluies diluviennes)
L'eau est souvent coupée et l'électricité aussi

Mais il y a eu les cyclones Dina et Gamète, qui, eux, ont fait de gros dégâts et là je ne peux pas t'en parler, les membres que je t'ai cités plus haut pourront t'en parler .
On reste chez soi pendant quelques jours avec des provisions, de l'eau, des piles..et on écoute la radio Freedom..
En alerte rouge on n'a pas le droit de sortir (ce qui ne m'a pas empêché d'aller chercher mes cigarettes dehors dans ma voiture )

Pour les très gros cyclones dévastateurs, attends le retour des autres.

Mais que cela ne t'empêche pas de t'installer ici..surtout ! Et puis c'est pas tous les ans..

Mika974971

Ok merci tchictchix ça me rassure déjà... Du coup les enfants n'ont pas d'école je présume? Les jeux de société sont à prévoir alors ! ;-)

Tchix

Oui Mika..les écoles sont fermées bien sûr (au grand bonheur des enfants qui souhaitent dès l'alerte orange.. que l'on passe au rouge..!!)
Alors c'est jeu de société, dîner aux chandelles, on redevient débrouillard..le café chaud est dans un thermos, la baignoire remplie d'eau et la vaisselle est en carton car plus d'eau ni de lave-vaisselle..

Une créole m'a dit que c'était des moments intenses ces moments-là, où la famille se regroupait et vivait très proche plusieurs jours enfermée.

Tu vois, chacun vient avec ses propres peurs, moi c'était les scorpions et scolopendres dont la morsure est atroce...

Tchix

Lorsqu’un cyclone est annoncé,  il règne une ambiance particulière sur l’île. On croirait presque qu’une guerre est annoncée. Tout le monde se rue dans les magasins pour s’approvisionner en bougies, allumettes, piles, eau et conserves en tout genre. Les animaux et objets qui pourraient être emportés par le vent sont rentrés dans la maison et toutes les portes et fenêtres sont barricadées.

Lorsque j'étais enfant, j'adorais la période des cyclones. Je ne me posais pas la question de savoir s'il allait y en avoir un ou pas. Mais lorsqu'un cyclone pointait son nez, je le sentais malgré moi. Il fait du jour au lendemain beaucoup plus chaud, il fait très lourd. Certains cyclones apportent beaucoup de vent, d'autres beaucoup de pluie. Certains sont très sages. Il n'y a pas un cyclone qui se ressemble. A ce moment là, je commençais à me soucier de sa trajectoire. Non pas par peur, mais plus par curiosité et par excitation.

Tous les enfants de ma génération étaient excités par l'arrivée d'une dépression. ça voulait dire plus d'école et remue-ménage dans la famille. En effet, je me souviens qu'à chaque alerte orange, ma mère allait récupérer mes grand-parents et une grand-tante. Cela durait des heures car elle était obligé de préparer leur maison à passer un ou deux jours seule sans présence. Pendant ce temps là, mes frères et soeurs et moi même nous nous chargions de rentrer les animaux aux abris, les chiens et chats rentraient à la maison, les pots de fleurs et tout ce qu'on estimait légers étaient enfermés. Papa barricadait les fenêtres et taillait les arbres. Tout cela était fait en très peu de temps. Les courses étaient une véritable partie de plaisir. Toute la famille participait. Chacun avait sa mission : se précipiter sur les boites de conserve ou sur les bougies avant que tout ne soit dévalisé était un véritable plaisir. Papa se chargait de remplir le chariot de bouteilles d'eau... A la maison, les jerricans étaient remplis afin de nous permettre de faire la vaisselle et prendre une petite douche sommaire pendant le cyclone.

Vivre un cyclone en plein jour est beaucoup moins excitant qu'en pleine nuit. Nous n'étions pas obligé d'allumer les bougies et les lampes. On pouvait voir le cyclone en ouvrant une porte avec précaution. Nous savions selon la direction des vents et selon les bruits si c'était possible ou pas. La nuit c'est différent.On le devine plus qu'on ne le voit. On écoute les bruits, les grincements des arbres et des portes qui cherchent à s'ouvrir, le hurlement d'un chien, le bruit du vent qui fouette les murs de la maison...  On veille tard dans ce cas là. On vit à la lueur des bougies ou des lampes torches tout en écoutant la radio afin de suivre l'avancée du cyclone et les mésaventures de la population

Pendant un cyclone, préparer un repas est toute une expédition. Il faut utiliser le moins de vaisselle possible et cela demande une véritable organisation. A l'époque,nous n'avions pas d'assiettes jetables. Les grand-parents nous racontaient des histoires de Grand-Mère kall, ils nous racontaient leur enfance, c'était vraiment très agréable. C'était l'occasion de se réunir et de se redécouvrir...
Le fait de se retrouver tous réuni (plusieurs générations) autour d'un même table apportait une certaine sensation de solidarité. Il nous est arrivé une fois de recueillir une famille en détresse. Il s'agissait de nos voisins. ils étaient une bonne dizaine et malgré cela, nous les avons séché, nourrit et installés sur des lits de fortune pour la nuit. A l'époque, il n'était pas rare de voir des toits de maison se décrocher sous la force du vent. Il était d'ailleurs très déconseillé de sortir car on voyait souvent des objets et des tôles soulevés par le vent. Les arbres se déracinaient dans des craquements lugubres...On ne le voit pratiquemment plus, rassurez-vous.

Pendant un cyclone, les enfants avaient un peu le droit de faire se qu'ils ne faisaient pas en temps normal. Ils ne se couchaient pas très tôt et on les autorisaient à crier, à courir partout dans la case. Les parties de cache-cache s'éternisaient quelque soit l'âge. C'était une ambiance de rêve pour nous, petits enfants.

Si avant un cyclone était une partie de plaisir pour moi quand j'étais enfant, ce l'est un peu moins maintenant que je suis adulte. Il me reste tout de même une part d'excitation. Pour Dumilé, j'ai essayé de retransmettre ces sensations à mes enfants et ça me semble être réussi. Vivre un cyclone peut être un moment agréable malgré les soucis de coupures d'eau et d'électricité. ça fait partie du jeu...

L’après-cyclone n’est pas toujours simple, car il faut nettoyer routes et jardins afin d’y retirer les arbres arrachés. Les rivières sont en crue et beaucoup de routes sont impraticables.
Là encore on voit la solidarité des Réunionnais. Tout le monde aide son voisin qui est en détresse, aide à couper les arbres tombés... C'est une ambiance très spéciale qu'il est bien de découvrir.

Tchix

Le ressenti du cyclone n'est pas le même selon l'endroit de l'île où on se trouve. Généralement les hauteurs de l'île sont plus touchées par les bourrasques de vent et les fortes pluies. L'Est bat les records de pluie.

Pour Dumile par exemple, j'ai vu des vidéos du cyclone sur Saint-Leu et il n'y avait pratiquemment rien comparé au vent dans les hauts du tampon par exemple. Là où on trouve de grosses ravines, il y a beaucoup plus de dégâts que là où les ravines sont plus petites.

Ensuite, tout dépend de la trajectoire du Cyclone. Une partie de l'île peut être complètement épargnée. Les hautes plaines le sont rarement.

Au Tampon par exemple, il n'est pas rare que l'alerte rouge soit annoncée et qu'on reste des heures sans le moindre souffle de vent. Puis tout à coup, le vent arrive, violent, sans transition entre le calme et la tempête. C'est pour cela qu'il faut respecter les recommandations du préfet. Si on est en alerte rouge, on ne sort pas même si on a l'impression que rien ne se passe. On a déjà vu le cas d'une personne qui se promenait dans son jardin. Le vent soufflait mais ce n'était pas impressionnant et tout d'un coup, il s'est vu décapité par l'arrivée soudaine d'une tôle venant de l'abri cochons du voisinage...

Il n'est pas rare non plus de voir que l'alerte rouge est levée alors que les vents sont très violents, plus que pendant que l'alerte était encore d'actualité. Le préfet est à Saint-Denis, le vent vient du nord ou de nord-est le plus souvent et Saint-Denis fait partie des premières villes touchées par le vent et la pluie. Saint-Denis fait donc partie des villes qui retrouvent le calme en premier. Les villes situées de l'autre côté des montagnes, elles, vivent encore le cyclone dans toute sa puissance... Les alertes qui sont levées, c'est bien mais il faut surtout se fier à son instinct. Restons prudent.

Lorsque le cyclone est éloigné, les rivières sont encore très actives, il faut éviter de jouer aux héros en essayant de les traverser. Ne pas ramasser n'importe quoi, ne pas toucher les fils électriques tombés au sol, ne pas prendre la voiture si cela n'est pas vital, pas de promenade de curiosité prolongée ou éloignée... Le cyclone n'est plus là, mais les risques sont bien présents. Les morts dénombrés pendant un cyclone sont le plus souvent après le passage de la dépression et il s'agit toujours de négligence et d'imprudence.

Tchix

Pour les curieux, quelques légendes sur Grand-Mère Kalle

http://www.mi-aime-a-ou.com/grand_mere_kalle.php

Luhaana

Sans connaître encore les cyclones (on en a eu un ou deux en Guyane, mais c'était du léger, on est pas au milieu de l'océan là-bas...) je pense qu'à partir du moment où tu respectes les consignes de sécurité et que tout le monde est prudent, ça devrait bien se passer! Sinon il y aurait 300 morts par cyclone, et comme ce n'est pas le cas (même si quelques accidents arrivent parfois comme dit Elissa), je pense qu'il ne faut pas forcément s'en inquiéter outre-mesure. Et pour reprendre Elissa une nouvelle fois, vu l'apparente solidarité entre les gens, je pense qu'il devrait y avoir d'autant moins de problèmes!

Mika974971

Merci Elissa de nous avoir partagé toutes ces choses... franchement un vrai plaisir... j'ai tellement eu l'impression d'y être pendant que je te lisais que du coup j'ai presque envie de vivre un cyclone... même si ce n'est pas une partie de plaisir pendant et après... et crois moi quand nous serons à la Réunion et qu'un cyclone se présentera je penserai à toi ;)
Je sais que les Réunionnais sont solidaires et ça rassure, dans ces moments là nous sommes tous dans la même galère et de s'entraider peu que donner du courage pour clôturer et attendre le prochain cyclone...

pour info : je préfère la 1ère version de la légende de grand mère Kalle, les autres sont assez flippante !

Merci encore Elissa ;)

Tchix

Je te souhaite de vivre au moins un vrai cyclone (sans les vrais gros problèmes qui vont avec).

Quand on a sa famille et quand les anciens nous racontent les cyclones de leur enfance et tout un tas d'autres histoires terrifiantes, il règne vraiment une ambiance particulière. J'ai eu la chance d'accueillir ma grand-mère pour Dumile. elle a permit à mes enfants de vivre un petit peu l'ambiance des cyclones d'autrefois.

Je ne sais pas par contre comment les Métropolitains installés sur l'île vivent ce genre d'évènement. Je ne pourrais pas vraiment le savoir étant donné que nous n'avons pas eu de vrai cyclone depuis 2007. A moins qu'il y ait quelqu'un sur le blog installé depuis si longtemps ?

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