Suivre la mode au Brésil

Je trouve que la mode brésilienne n'a rien a envier à la mode européenne. De nombreuses marques locales (Osklen, Colcci, Carmim, JohnJohn, Cavalera, etc.) font preuve de créativité, d'originalité et de dynamisme. La question n'est pas de savoir si on peut rester à la page une fois installé au Brésil, de toutes façons, mieux vaut s'intégrer en adoptant les codes vestimentaires locaux, même s'ils sont douteux (ce qui n'est pas le cas du Brésil à mon avis, d'ailleurs notre relookeuse en chef sur la TV française - Cristina Cordula - n'est-elle pas brésilienne?).

Non, la question est de savoir pourquoi ces marques brésiliennes ne sont pas présentes en Europe! A part Havaianas, aucune de ces marques n'est distribuée en France alors qu'au Brésil, on trouve du Lacoste pour la France et d'autres marques européennes en masse (C&A, Zara...).

Alors, à quand des "corners" brésiliens dans nos grands magasins ou des boutiques avec des vrais bouts de Brésil dedans et pas des produits "d'inspiration brésilienne"?

bizzboss a écrit:

Non, la question est de savoir pourquoi ces marques brésiliennes ne sont pas présentes en Europe! A part Havaianas, aucune de ces marques n'est distribuée en France alors qu'au Brésil, on trouve du Lacoste pour la France et d'autres marques européennes en masse (C&A, Zara...).

La puissance financière des entreprises de mode brésiliennes est bien trop modeste pour s´attaquer aux marchés étrangers afin de créer des réseaux de magasins comme C& A ou ZARA qui sont d´origine Hollandaise et très ancien pour le premier,  et d´origine Espagnole plus récent pour le second,  mais les deux étant très fortement capitalisés. Quant à Lacoste outre son ancienneté et sa surface financière il a une usine de production au Pérou lui permettant de distribuer à prix adaptés tous les pays du Mercosur en Amérique du Sud...Ceci était pour reprendre tes exemples. Par ailleurs le frein incontournable des moyens financier des entreprises brésiliennes s´accompagne du fait que les investissements en Europe se font en Euro devise bien plus forte que le Réal....

...Et pour créer des corners dans des réseaux de vente existants il faut demander leurs avis aux importateurs distributeurs. Parmi les freins importants tu t´entendra citer : amortissement lourd de la surface du corner...succès de Havaïanas très difficilement transposable à des produits pour lesquels le Brésil n´a pas de notoriété immédiate ( été, plage, évasion, vacances, fêtes)...droits de douanes et distribution rendant les prix au public trop élevés vu les coût de production déjà élevés au Brésil...gros budgets de publicité indispensable à assumer pour les marques...sécurité de renouvellement des stocks...etc...

Le succès international de Havaïanas est dû à un produit qui fut original au départ et portant le drapeau brésilien...identifié à l´ image traditionnelle festive du pays. C´est obligatoirement un produit cher, et un exemple parmi d´autres de succès de produits intimement identifiés à leur pays de production. Mais  succès économiquement difficilement transposables...sauf moyens puissants.

Bizzboss, cela signifie donc que, au Brésil, les jeunes ne sont pas influencés par la mode américaine ? Ce serait une première : tous les forums que j'ai visités confirment que c'est NY ou LA qui dicte sa loi au monde entier.

Intéressant de savoir que le Brésil possède des marques fortes. Il faudrait donc, si je comprends bien, un investisseur puissant pour lancer ces marques à l'étranger...

Je ne nie pas l'influence US, ce sont toujours les marques du type Guess ou Calvin Klein qui tiennent le haut du pavé, mais les marques locales parviennent à "tropicaliser" la tendance globale. Du coup, leurs collections sont plutôt Printemps/Eté que Automne/Hiver.

Et contrairement à Economicus qui est à mon avis un peut trop pessimiste, je pense qu'un investisseur pourrait parvenir à imposer ces marques à l'étranger, en ciblant par exemple des stations balnéaires (de Biarritz à Cannes en passant par St-Tropez, Nice, Marseille...).

Avec la forte communauté de brésiliens en vacances + les brésiliens résidents en France, je pense que ça peut déjà constituer une base de clientèle solide. Ensuite, une stratégie intelligente sur les réseaux sociaux peut permettre de réduire les coûts de marketing même si à mon avis des encarts dans la presse magazine sont à prévoir... Mais c'est interessant car c'est une stratégie qui s'appuie sur plusieurs canaux: le luxe/l'exotisme et la mode de la rue. Un mix qui a déjà fait le succès de nombreuses marques de prêt-à-porter...

bizzboss a écrit:

Et contrairement à Economicus qui est à mon avis un peut trop pessimiste, .

Je suis peut-être un peu trop pessimiste mais un investisseur cherche à gagner du pognon et pas à faire plaisir à une minorité de clients...pas assez nombreux pour atteindre le volume d´affaires récurrent suffisant...et à la sortie laisser des plumes.

En plus de la capacité de production...la faisabilité demande autre chose que des impressions sur les ventes. Elle demande une étude de marché sérieuse. Qualitative et quantitative. Et une telle étude représente elle-même un investissement significatif. Sans ça c´est l´aventure et plus du business.

Il ne faut pas oublier qu´il-y-a de grands pros sur le marché qui connaissent très bien leur job et qui observent en permanence les opportunités jouables ! Je ne dis pas que ce soit une idée nulle...mais je suis plus que dubitatif vu ce que j´ai exposé partiellement dans mon post précédent...

Faut en parler à un importateur positionné sur ce secteur et le connaissant bien...ou à une marque brésilienne ayant à la fois la surface et voulant miser au moins sur une étude...puis éventuellement miser sur le ticket d´entrée. A mon avis c´est pas gagné.

Plutôt que de miser sur les touristes brésiliens -enfin plutôt brésiliennes car quand on parle de mode on parle de femmes qui achètent, non? Bref, les brésiliennes résidentes en Europe représentent une clientèle potentiellement plus intéressée par l'achat de produits brésiliens "chers" : l'identité, la saudade, tout ça...

Gros pb au Brésil: le poids considérable des contrefaçons...

Connaitre la mode au Brésil...comme dans les pays, maintenant se sont surtout les personnalités et les blogueuses/"influencers", professionelles des reseaux sociaux qui parlent et recommendent des produits en postant des articles sur leur vie passionnante  et bien rénumerée. Une blogueuse de mode connue dans ma région (170 000 followers sur Instagram): R$600 pour un post Instagram.

Peut-être avec une égérie connue internationalement, la diffusion d' une marque pourrait être facilitée  ?

Merci Economicus pour cette analyse vraiment très intéressante des difficultés d' importation des produits textiles en France.