Bonjour à tous.
La famille dominicaine, pour une grande part d'entre elles, est relativement éclatée. Je m'explique.
Il y a eu un mouvement d'expatriation des membres d'une même famille, à la recherche d'une vie meilleure, dans d'autres pays tels que les Etats Unis, l'Espagne, la Suisse, la France et d'autres pays d'Amérique du Sud.
Un haut gradé de la gendarmerie nationnale, qui revenait de mission en Guyane, me parlait déjà il y a 30 ans de cela des boats people dominicain qui naviguaient à travers l'Atlantique. On retrouvait ces gens dans les faubourgs pauvres de toutes les villes de l'arc antillais. Martinique, Guadeloupe, Guyane....
On pense toujours que l'herbe est plus verte ailleurs. Quand on regarde aujourd'hui l'arrivée massive de cette population nomade, chassée de chez elle à cause des guerres, de la religion ou du terrorisme, la frustation liée à la réalité est telle que bon nombre d'entre eux ne désire qu'une chose : Retourner d'où ils viennent, malgrès tout ce qu'ils ont dus endurer pendant leur long périple.
Nos dominicains exilés sont partis pour une vie meilleure.
Il ya une semaine, à Miches, une barque se dirigeant vers Puerto Rico, avec à son bord un peu moins de 20 personnes, a chaviré lors d'un voyage vers un monde meilleur. A part 3 personnes, les autres sont décédées. Cela se passe devant nos yeux et on ne peut pas faire comme si on ne voyait pas. Et cela se répète ici toutes les semaines comme on le constate en méditerranée.
Je vais vous parler de ma famille dominicaine.
J'ai connu ma future épouse à Genève. A cette époque là, 1980 / 1981, il devait y avoir une cinquantaine de dominicains dans cette ville, tous plus ou moins issus de mêmes famille ou d'amis et autres connaissances. Une avait un bel appartement, et ce dernier servait de point de raliement. D'autres louaient à prix d'or des appartements insalubres dont les propriétaires abusaient de la situation précaire de ces jolies demoiselles. Toutes travaillaient et par l'intermédiaire des organismes internationaux, tels que l'ONU, le BIT, l' OMS et biend'autres, elles trouvaient non seulement un travail, mais aussi des papiers en règle. C'est ainsi qu'une soeur de ma femme travaillait dans la maison du Prince d'Italie, une autre amie travaillait dans la maison de la famille du dictateur Somoza, une autre chez un milliardaire qui vivait sur les bords du lac Léman. La vie s'organisait par groupe, par afinité, voir par famille. L'espoir de ces gens était de trouver la possibilité de gagner suffisament d'argent pour y vivre, mais surtout de renvoyer au pays de l'argent pour la survie de la famille restée au pays.
Depuis, ces personnes se sont intégrés, se sont mariés, ont créés leurs entreprises, et vivent aujourd'hui comme les Suisses. L'ascenceur social a fonctionné à plein, car ils ont aujourd'hui réussis à s'intégrer totalement dans la société suisse.
Je ne dirai pas totalement la même chose de ma famille immigrée aux Etats Unis, où la vie a été beaucoup plus difficile. La vie dans les ghettos du bronx ou du queens n'est pas aussi sexy qu'en Suisse. Je constate que la vie est y beaucoup plus difficile. Même si ces gens reviennent au pays avec les poches pleines de dollars, la réalité quotidienne est dure. La forte délinquence de la population hispanique n'en n'est qu'une des conséquences évidente. Il y a néanmoins certaines personnes qui réussisent mieux que d'autres. Le rêve américain, pour certains, a été une réalité. Mais il faut savoir que la vie à l'américaine est une vie à crédit, et tant que l'on n'a pas soldé ses dettes, on n'est propriétaire de rien.
La vie en Espagne pouvait paraître la plus simple, ne serai ce que par l'usage de la langue maternelle, ou presque. Il n'en est en fait rien, puisque la situation économique du pays fait qu'il y a aujourd'hui un exode en sens contraire, retour au pays pour pas mal de gens de ma famille. Et parfois le retour est difficile. Redevenir conducteur de carro publico n'est pas forcemment évident.
En France, il finit par y avoir un contingent de Dominicains assez conséquent au sein de notre famille, mais il faut dire qu'ils se cantonnent aux abords de Genève et de l'eldorado Suisse. A Lyon où vivent nos enfants, il y a aussi un contingents de latinos dont des dominicains. Ce sont des gens de labeurs, mais la vie est aussi rude pour eux que pour nous autres. De toute évidence, la meilleure expatriation à réaliser était celle de chez nos amis Helvètes.
Ce sujet des familles éclatées revêt une importance toute particulière au plan économique ici, puisque il s'agit de la plus importante source d'entrée de devises avec celle de l'hôtellerie pour la République Dominicaine.
Pour une famille lambda comme l'est la mienne, les 3/4 des membres de la famille se sont exilés pour un avenir meilleur. Ce n'est pas toujours évident pour ceux qui sont restés au pays, même s'ils en bénéficient d'une manière ou d'une autre.
Le durcissement des lois américaines va engendrer un retour massif de dominicains, tous plus ou moins repris de justice. Certaines règles établies depuis très longtemps vont changer l'équilibre instable qui existait. Verra t'on alors un exode vers d'autres pays, tel le Canada, qui semble enclint à accueillir les expulsés américains ?
Cordialement