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Investir au Paraguay

Dernière activité 04 Avril 2020 par Williamhoustra

Nouvelle discussion

Diksha

Bonjour à toutes et à tous,

Lors de votre expatriation au Paraguay, vous avez peut-être entendu parler de certains investissements, locaux ou internationaux, qui se veulent intéressants. Que ce soit pour faire fructifier son argent, se protéger ou préparer sa retraite, il convient de bien s’informer au préalable. Aussi, nous souhaitons recueillir vos conseils et avis sur le sujet.

L'économie paraguayenne est-elle ouverte aux investissements étrangers ? Les autorités locales incitent-elles à investir (formalités, taxe, fiscalité, etc.) ?

Quels sont les secteurs porteurs pour investir au Paraguay ?

Vers qui se tourner pour se renseigner avant de placer son argent (organisme, professionnel, avocat, consultant) ?

Selon les secteurs d’activités et les projets, quel budget prévoir pour un investissement au Paraguay ?

Quels sont les pièges à éviter et quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite investir ?

Merci d’avance pour vos retours,

Diksha

rancho vila

Je déconseille d'investir au Paraguay
Pour les personnes intéressées, je peux faire part de mon expérience en privé sur mon adresse courriel

Williamhoustra

C'est un peu ce qu'on se disait de l'Afrique tropicale : "il y a tout à faire, mais il n'y a rien à faire".
Il faut bien comprendre que les paraguayens ne sont jamais passé un niveau capitaliste de la production, ça reste cantonné dans l'hyper individualisme.
Un exemple significatif :
Fabriquer des briques est le type de job qu'on a rapidement industrialisé. C'est à la fois meilleur question qualité et nettement plus rentable.
Mais pas au Paraguay ! À Tobati on continue à faire des briques à la main, si ! et on les cuit dans des fours primitifs.
Il y a deux sortes de briques : les jaunes sableuses qui se cassent à la main (et je vous assure que j'ai des mains d'informaticien, pas celles de Bruce Lee) et les rouges, un peu plus sérieuses en dureté. Et bien il se vend surtout des briques jaunes car aucun critère de qualité compte pour un paraguayen, c'est uniquement le prix.
Le sport national consiste à se les passer de main en main, les palettes ils ne connaissent pas et ne veulent pas connaître. Pourtant elles sont consignées les palettes !
En France ou autres pays, briques et tuiles sont en palettes depuis l'usine jusqu'à l'utilisateur final. Il n'y que chez Castorama qu'il y  a une palette ouverte si un client veut juste 10 briques.
Bien sûr ces petites fabriques sont contiguës mais n'ont pas idée de s'associer. C'est pour ça que je parle d'un niveau économique infra capitaliste.
Si on quitte le Paraguay pour aller en Argentine, la ruta 81 qui longe le rio Pilcomayo nous fait découvrir une grande usine de fabrication de tuiles et briques Ceramica. Analogue à celles qu'on trouve en Europe.
Ceci pour dire qu'il est impossible de travailler avec des paraguayens, ce ne sont pas des prolétaires ! Un travail pour un gringo se résume à : qu'il y a-t-il à lui voler ? Et il ne viendra jamais à l'heure d'ouverture, ou s'absentera sans raison. Vous passerez votre temps à les virer mais les nouveaux seront pareils.
Et même dans des boîtes dites "pros" il n'y a aucune conscience professionnelle. J'ai acheté un compresseur chez Petersen, un réseau d'équipements pros et aussi le tuyau de connexion qui va avec. Au déballage le tuyau de correspondait nullement et ne pouvait se brancher.
Chez le service de pièces détachées d'Automotor, je demande une jante supplémentaire pour ma camioneta Isuzu pour avoir une deuxième roue de secours quand je vais dans des coins paumés de la Cordillère. Une fois chez le monteur de pneumatique celui-ci s'aperçoit que c'est une jante 15" (donc pour moteurs 2,5 l) alors que ma camioneta veut du 16" car c'est un moteur 3.0 l. Les zozos des pièces détachées n'ont pas eu idée de me demander quel moteur j'avais.
On passe alors un temps incroyable à faire des aller-retour en pure perte dans ce pays.
Tout comme les multiples ferreterias où il faut prendre un ticket, attendre une demi heure pour s'entendre dire "No tengo !"
Il serait impossible de faire une entreprise sérieuse au Paraguay.
La seule chose qui vaille encore le coup c'est de placer ses sous dans des CDA, comptes à terme sur 2 ans, et qui rapportent 9 % net par an. La monnaie est semi stable, ce qui veut dire que les prix intérieurs ne bougent pas (le gasoil est à 5180 PYG depuis plus d'un an), mais s'il faut acheter quelques chose en dollars, la parité ce n'est plus ça. D'ailleurs on ne voit plus que des petites voitures neuves (les pauvrettes, sur les routes du Paraguay...) alors qu'au début où je suis arrivé, il y 9 ans, les pickups comme ma camioneta représentaient plus de la moitié de ce qui roulait.

Aventureiro

Si je peux me permettre, s'expatrier c'est avant tout investir dans l'aventure.
On vient d'europe, nous avons une autre culture, et en Am du sud ils ont la leur.
On ne fera jamais des chats avec des chiens.

Pour résumer, apprivoiser l'amérindien/américain du sud, c'est comme demander a l'océan de rester immobile.

Il nous faut mesurer notre hédonisme épicurien.
le paraguayen, a sa vision a lui, c'est le plaisir d'en...ler un "Gringo"
(Les plaisirs immédiats, et milliards de désirs...)
nous, nous visons le bonheur, en limitant nos désirs parfois de vouloir les "changer", ou les "éclairer", éteignez vos phares et foncez dans l'aventure humaine. L'am du sud, en est une sacré ! LOL

jc.paracom

Aventureiro a écrit:

Si je peux me permettre, .............................L'am du sud, en est une sacré ! LOL


+10 (sur 10)  :D

nico_ff

Bonjour à tous,

Tout d'abord, merci à Williamhoustra de nous faire part de ses expériences et de ses conseils, ainsi qu'à Rancho Vila qui m'a envoyé en MP son aventure en tant qu'investisseur au Paraguay.
N'ayant visité le Paraguay (plusieurs fois) qu'en tant que touriste aguerri, je n'ai jamais été résident et n'ai donc pas votre expérience sur le long terme. Cependant je vous rejoins sur beaucoup de points, notamment concernant le rapport à l'argent, et le fait que les relations avec les locaux sont forcément biaisées car ils ont toujours une idée derrière la tête lorsqu'ils parlent avec un "gringo".
Par ailleurs, le fait qu'il n'y ait pas de spécialistes dans un métier et que les prestations fournies sont très souvent de qualité médiocre ne m'étonne que peu vu le peu d'éducation qu'il y a, et la difficulté d'accessibilité à cette éducation (tant sur le plan professionnel, que pour les études).
Cependant, lors de mes séjours au Paraguay, j'ai pu rencontrer des jeunes diplômés, qui avaient fait des études à l'étranger, qui parlaient plusieurs langues, et avec de l'ambition.
Ces jeunes étaient froids de réalisme, et conscients des difficultés culturelles et professionnelles qu'il y a dans leur pays.
Cependant, le fait d'avoir fait un MBA aux Etats Unis, ou d'avoir étudié en Europe, leur avait donné envie de revenir dans leur pays pour essayer d'entreprendre quelque chose.
Ma question est donc la suivante :
J'ai bien compris que, lorsqu'un investisseur cherche de la main d'oeuvre locale, le paraguayen type est indomptable, qu'il ne faut pas s'attendre à des miracles, et que dans son esprit, si son patron est un gringo, cela signifie qu'il le verra comme une personne riche et qu'il n'aura aucun scrupule a le voler (merci JC, William et Rancho Vila).
Partant de ce constat, pensez-vous que pour certaines activités, recruter des jeunes ayant voyagé ou étudié à l'étranger, avec plus de bagages et une vision plus critique de leur propre culture pourrait peut-être, (je dis bien peut-être) éviter ces vols/mésaventures/travail médiocre etc... ?
Un petit dicton qui m'a été soufflé par l'un de ces jeunes : "el paraguayo se convierte en un ciudadano honrado cuando se encuentra en otro pais"... pour les non hispanophones qui liraient ce post, traduisez par : le paraguayen devient un citoyen honnête lorsqu'il sort de son pays.
Anecdote intéressante que je souhaitais partager avec vous, lors de mon récent passage au Paraguay (1 mois entre le 25 décembre et 25 janvier) un de mes beaux frères m'a demandé de lui "avancer" 300 000 guaranis (soit 45 € environ).
Je vous avoue que lorsqu'il me l'a demandé, j'étais persuadé et convaincu à 100% qu'il ne me rembourserai jamais, et que si je lui prêtais, c'était en mon âme et conscience, à fonds perdus et qu'il ne fallait surtout pas que je m'attende à récupérer cette somme, aussi faible soit-elle.
Figurez-vous que 1 mois plus tard, et veille de mon retour en France, ce beau frère m'informe qu'il ne pouvait pas me rembourser tout de suite... :) mais qu'il le ferait le 3 février !
Je me suis dit "oui oui, c'est cela", et que ma théorie initiale du prêt sans retour s'était vérifiée.
A ma grande surprise, le 3 février, je reçois un whatsapp pour me demander mes coordonnées pour le western Union, car ce beau frère avez perçu son salaire ce même jour, et il m'a finalement bel et bien remboursé :)

J'en déduis que soit :
1) La somme étant faible, il n'était finalement pas impossible, ou inaccessible de me rembourser et que ce beau frère l'a fait quand il a pu.
2) Des paraguayens honnêtes, peut-être que cela peut exister... (et si c'était vrai ?)
3) J'ai eu beaucoup de chance, et il va me demander bientôt 3 000 000 pour retenter sa chance :)

Amis investisseurs, expérimentés, et résidents au pays du téréré, qu'en pensez-vous ?

Nicolas,

Williamhoustra

Certes il y a des exceptions qui confirment la règle mais c'est vraiment jouer au Bingo de miser sur des exceptions.

Comme on fait toujours tout en fonction de son expérience passée, je m'étais dit, dans ma grande candeur, et, en prenant exemple sur mon expérience en Afrique Noire Occidentale même si elle remonte à un peu loin que, des p'tit's jeunes, auxquels on apprendrait tout, pourraient sauver la mise. J'en avais connu des très bien. Que nenni !

Parce que
1. Ils n'ont pas envie d'apprendre
2. La qualification et la promotion professionnelle ne les intéressent pas.
3. Et même gagner de l'argent, honnêtement, j'entends, ne les intéresse pas (voler, par contre...)

Dans cet état d'esprit que voulez-vous faire ?

De plus en avoir viré un de chez moi qui, non seulement me volait, mais volait aussi le touriste français que j'hébergeais, m'a valu un mois et demi de "tourisme pénitentiaire" (dont un mois à Tacumbù) parce que c'est le voleur en question qui m'a dénoncé. Je précise que la "justice" ici est de type inquisitorial (c-f Nicholas Eymerich, Inquisiteur d'Aragon et son "manuel de l'inquisiteur"), donc c'est uniquement l'accusation qui compte, pas de droit de la défense, pas de présomption d'innocence, pas d'instruction à charge et à décharge, même pas une causette avec un juge ou un fiscal, au trou, direct  !

En France on peut râler sur le laxisme de la justice, mais ici ce sont les voleurs qui dénoncent leurs victimes si celles-ci ne se laissent pas faire.

Mais revenons à ces histoires d'investissement. Ce qui implique de l'importation, donc des rapports avec les douaniers. Et là on entre dans le monde de Frantz Kafka.

Moi je me suis juste fait envoyer une liseuse Kobo chez moi à Caacupé. Elle n'est jamais arrivée à destination. Non pas simplement volée comme ma carte VISA envoyée par ma banque française, mais interceptée par la douane à l'aéroport Silvio Petirossi.
D'après eux je devais aller récupérer ce paquet à l'aéroport. Ce que j'ai refusé, s'il y avait de la douane à payer ça se passerait au bureau de poste local. Bien sûr ce n'est pas moi qui téléphonait, mais une amie paraguayenne. Celle-ci n'a pu obtenir quoi que ce soit, ni même le montant qui était demandé, il fallait que j'y aille. Point ! Mon amie a alors demandé si le paquet serait retourné à l'expéditeur, la réponse a été non. Ils le volaient carrément.

Donc bon courage avec les douaniers, les investisseurs....

Vivre au Paraguay consiste à s'enfermer tout seul dans sa maison, à placer ses sous à la banque en CDA, à aller faire ses courses. Et c'est tout ! Pour sortir il faut passer la frontière, de toute façon au Paraguay il n'y a rien à voir puisqu'il n'y a aucun espace public.

Sûr que s'il y avait une maison à louer à un prix correct dans la province argentine de Missiones, je ne vivrais plus au Paraguay. Mais rien ! J'ai arpenté ce secteur en vain.

jc.paracom

Salut Nico, ravi de ton retour dans le forum. Tu as suivi un peu ?

Malheureusement pour ce pays, William dit beaucoup de vérités, et je vais essayer de compléter en répondant à tes interrogations dont on a déjà parlé et reparlé dans le syndrome paraguayen. C’est toujours toujours « vu de ma fenêtre ».   

J'ai pu rencontrer des jeunes diplômés, qui avaient fait des études à l'étranger, qui parlaient plusieurs langues, et avec de l'ambition.
Ces jeunes étaient froids de réalisme, et conscients des difficultés culturelles et professionnelles qu'il y a dans leur pays.

Visiblement, ils se sont bien vendus, mais attention le Latino-Américain est le roi de l’illusion. Pour moi, le problème majeur de la relation avec les gens dans le boulot est essentiellement un problème de cognition. Je ne veux pas aborder ici ce problème en détail, car je suis en train de plancher sur un texte dans lequel je tente d’expliquer les différences du process cognitif entre un Européen et un Paraguayen, mais il faut savoir qu’un Paraguayen  ne comprend pas les choses de la même façon que nous - probablement par culture indienne - et que cette différence est à l’origine de nombreux déboires que j’ai rencontrés personnellement. Dans tout ce que tu pourras expliquer, le Paraguayen aura sa propre vision des choses.
J'ai eu d'énormes surprises à ce sujet, même en discutant avec des avocats...

Cependant, le fait d'avoir fait un MBA aux Etats Unis, ou d'avoir étudié en Europe, leur avait donné envie de revenir dans leur pays pour essayer d'entreprendre quelque chose.
Possible, mais tu connais le proverbe « chasse le naturel, il revient au galop ! », surtout une fois rentrés au pays!

Un petit dicton qui m'a été soufflé par l'un de ces jeunes : "el paraguayo se convierte en un ciudadano honrado cuando se encuentra en otro pais"... pour les non hispanophones qui liraient ce post, traduisez par : le paraguayen devient un citoyen honnête lorsqu'il sort de son pays.
Ce petit dicton a été pompé directement dans le livre de Saro Vera que je cite tout le temps.
« El Paraguayo, un hombre fuera de su mundo » Ce sont ses propres paroles.

1) La somme étant faible, il n'était finalement pas impossible, ou inaccessible de me rembourser et que ce beau frère l'a fait quand il a pu.
Détrompe-toi, 300.000 guaranis, ici c’est déjà une somme, surtout en ce moment où le fric se fait rare pour le bon peuple...Surtout aussi si le muchacho les doit à un gringo qu’il n’a pas l’intention de rembourser, car il a décidé que le gringo est plein aux as et qu’il n’en mourra pas. Comme dans beaucoup de pays d’Amérique du Sud, chacun raisonne comme  ça l’arrange, et force est de constater que le Paraguayen excelle vraiment dans ce type de raisonnement qui m’a couté très cher depuis que je suis arrivé.

Pars du principe qu’il y a environ 25% de la population qui a la chance d’avoir un job avec salaire légal (environ 2.250.000 Gs). Ca veut aussi dire que 75% de la population vit avec les « récipients de Coluche » c’est à dire, la démerde, les petits boulots et combines  + le vol et le trafic.
D’autre part, et chose beaucoup moins connue, ces 75% sont presque tous endettés jusqu’au cou avec des crédits à la consommation qu’ils ont obtenus avec de fausses « attestations de revenu momentané » que peu de gens vérifient, car ça arrange tout le monde au final. Souvent l’employé se fout de la validité du certificat, la seule chose qui compte est d’avoir le papier pour ne pas se faire engueuler.
Ça s’est un peu calmé depuis un moment, la crise est passée par là, mais 3 ou 4 ans en arrière les agents de recouvrement venaient jusqu’ici réclamer les impayés de mes salariés. Et sans scrupules, même Vision Banco a eu le culot de me demander de lui verser directement  le salaire de mon capataz (tu te rappelles, celui du duel au pistolet ?) Ils sont quand même sacrément gonflés !

Je ne sais pas si la famille de ta femme est pauvre, moyenne, aisée ou fortunée, mais s'ils ont des besoins, je te mets d’ores et déjà en garde sur les conséquences que cela pourrait avoir si tu venais t’installer ici. Le principal handicap des couples franco-paraguayens, c’est la famille paraguayenne. Toutes les familles des 75% rêvent de marier l’une de leurs filles à un Européen qui viendrait vivre ici pour résoudre les problèmes financiers de toute la famille.

2) Des paraguayens honnêtes, peut-être que cela peut exister... (et si c'était vrai ?)
Avec des si... pourquoi pas ? Mais n’oublie pas non plus que Saro Vera dit - en condensé - que dès qu’on parle d’argent le Paraguayen se transforme littéralement, et pas en bien vois-tu... Avec quand même quelques exceptions, en cas de coup dur familial par exemple...  La bonne surprise que tu as eue de récupérer tes 300.000 Gs, ne vient pas  - à mon humble avis - du fait qu’il existe peut être des Paraguayens honnêtes, mais bien du fait que c’est une somme que tu as prêtée à ton beau-frère, puisque ta femme est Paraguayenne, tu étais donc dans ta belle famille. De plus, tu es marié depuis un certain temps et tu vis en Europe avec elle, ça change complètement la donne. Sinon, sois bien certain que tu aurais fait une croix dessus.
Les gens qui me doivent 20 ou 50.000 Gs, m’évitent dans la rue et ne me répondent plus au téléphone. Et ils sont nombreux.

Donc, prudence, et ne te fais pas trop d'illusions, tu risquerais d'être déçu

nico_ff

Bonjour JC,

Comme d'habitude, un grand merci pour ta réponse, et je te prie de m'excuser pour le retard de la mienne. Le confinement actuel me donne plus de temps libre :)

En effet, je reconnais aisément que la situation était un peu particulière dans mon cas, et que si ce beau frère a rendu la somme prêtée, c'est très certainement parce qu'il ne voulait pas se disputer avec sa sœur (mon épouse).

Cela dit, je te rejoins complètement toi et Saro Vera, sur le fait que dès qu'il y a de l'argent en jeu, aussi faible le montant soit-il, le paraguayen se transforme, et sort toute sa malice pour pouvoir sous-tirer tout ce qu'il peut.
Je m'en suis aperçu à plusieurs occasions lors de mes passages dans ce beau pays.
Le plus dur à comprendre pour une personne non préparée, serait de se rendre compte que la relation avec l'interlocuteur paraguayen est complètement biaisée, s'il voit qu'il y a peut-être quelques guaranis à gagner.

Pour apporter ma petite pierre à l'édifice sur ce fil de discussion, je recommanderais pour ma part à toutes les personnes tentées d'investir au Paraguay de ne pas le faire si, à minima, les 3 pré-requis ci dessous ne sont pas complétés à 100% :

1) Parler et comprendre l'espagnol parfaitement (parfaitement = bilingue).
En effet, déjà que le paraguayen utilise des mots différents du castillan traditionnel que nous apprenons à l'école ou en Espagne, que son accent est déroutant aux premiers abords, et qu'en plus il parle autant guarani que castillan, il faut être sur d'être extrêmement à l'aise avec l'espagnol pour pouvoir espérer comprendre 70 à 80% de la conversation.
Imaginez que c'est déjà difficile pour quelqu'un qui parle parfaitement espagnol, alors si on ne domine qu'à moitié la langue...

2) Ne pas faire confiance aux gens "bienveillants sur place".
Il faut comprendre ici que lorsqu'un paraguayen voit un européen, il ne voit pas un être humain. Il voit un porte feuille. La aussi, cette notion est réellement à intégrer avant de se lancer pour éviter de se faire avoir dès le premier contact... L'investisseur sera obligatoirement perdant s'il aborde son projet avec sa vision et sa mentalité d'européen.

3) Visiter le pays plusieurs fois, de longues périodes.
C'est un sujet que JC a déjà abordé plusieurs fois, mais il n'a que trop raison de le rabâcher tant cela parait évident et important.
Aucun investissement ne devrait être envisagé, avant d'avoir vécu une longue période dans le pays, sous peine de déchanter rapidement suite à l'apparition des premiers obstacles, et ils seront nombreux.
Coupures d’électricité, d'eau, inondation dès qu'il pleut, rapport au temps aux antipodes de nos habitudes.... Si vous avez RDV avec un paraguayen après demain à 14h, ne soyez pas surpris s'il ne se présente pas sans vous prévenir si vous ne l'avez pas rappeler le jour J à 13h59 ...
Ces obstacles à l'investissements ne sont visibles qu'une fois sur place, et après une certaine période dans le pays.

La liste pourrait être bien plus longue, mais je pense qu'en respectant ces 3 premiers principes, tout investisseur sera déjà plus prudent et averti.
S'il domine la langue, et qu'il passe plusieurs mois dans le pays, je pense que l'investisseur réalisera vite ce a quoi il peut prétendre, et commencera à comprendre l'environnement dans lequel il compte se lancer.

Je termine ce post avec une question pour toi JC (mais également aux autres membres du forum) :
Ne trouves-tu pas que le Paraguay est un paradoxe en soit ? Il y a tant de choses à faire et à construire dans ce pays, que lorsqu'on le visite la première fois, on se dit qu'on pourrait faire fortune rapidement et dans plusieurs domaines, tant il y a de secteurs qui ont besoin de bien des investissements (infrastructure, médical, alimentaire, éducation, distribution)...
Cependant, les difficultés culturelles, linguistiques, bureaucratiques et autres sont si énormes qu'elles pourraient décourager bien des candidats...

En résumé, crois-tu aujourd'hui qu'il est possible de réussir pour un investisseur dans ce pays, même en ayant appréhendé les difficultés énoncées plus haut, ou penses-tu au contraire qu'un investisseur devrait se tourner vers un autre pays s'il ne veut pas tout perdre à coup sur ?
Je te pose volontairement la question, car je sais que tu as réussi à investir en tant qu'expatrier, dans la construction d'un hôtel et cela n'est pas rien !!! 

Bonne lecture à tous, et n'hésitez pas à réagir !

Williamhoustra

Je cite : "Ne trouves-tu pas que le Paraguay est un paradoxe en soit ? Il y a tant de choses à faire et à construire dans ce pays, que lorsqu'on le visite la première fois, on se dit qu'on pourrait faire fortune rapidement et dans plusieurs domaines, tant il y a de secteurs qui ont besoin de bien des investissements (infrastructure, médical, alimentaire, éducation, distribution)..."
Ouarf ! Moi aussi j'ai failli tomber dans ce panneau. Une liste non exhaustive des importations (non de luxe mais pour le peuple)
- des éponges
- de la moutarde (la Savora est chère et dégueu)
- des colliers Atlas (pour fixer un tube à un mur, ils plantent in clou et entortillent un fil de fer, ne pas rire)
- des pelles de chantier et non ces petites bêches ridicules à poignée où il faut se mettre à genoux pour pelleter sinon on y laisse ses vertèbres.
- ils ne connaissent pas les pansements modernes. Même à La Costa les infirmières "fabriquent" des compresses qu'elles stérilisent après.
et toutes sortes de choses.
Mais, je me suis rappelé l'Afrique Noire où j'y ai vécu un temps et la maxime que j'en avais tiré : "Quand il y a tout à faire, c'est qu'il n'y a rien à faire"
De plus il y a les douaniers.
Impossible de se faire envoyer quoi que ce soit. Au début ça se passait bien, on recevait son colis à la poste locale et on payait une petite taxe forfaitaire. Mais depuis c'est devenu impossible ! Je m'étais fait envoyer une liseuse Kobo, valeur un peu moins de 200 EUR. Non seulement je ne l'ai pas reçu à la poste mais je devais passer à l'aéroport. Pour payer quoi ? Ils n'ont jamais voulu le dire. C'est mon amie paraguayenne qui a discuté avec ces olibrius. Et quand elle leur a demandé si le paquet qui n'était pas retiré était-il retourné à l'expéditeur ? La réponse a été non. Ils le volent carrément.
Il n'y a RIEN À FAIRE au Paraguay que ce soit au niveau du commerce (donc des importations) ou des services (faut voir comment ils travaillent).
Au début il m'était venu à l'esprit de faire de la rénovation bâtiment de qualité car je pense qu'une classe semi bourgeoise doit en avoir marre de ces travaux dégueu. Je subodorais qu'il y avait là un marché. Mais faire cela avec qui ? Pour les adultes impossible, je suis "un gringo de mierda" et il est inutile de perdre son temps à leur expliquer quoi que ce soit (qu'il faut une pente pour faire une évacuation d'eau, par exemple) et les jeunes ne valent pas mieux. D'ailleurs ils s'en tapent de gagner de l'argent. Voler, oui, mais gagner, non.
Donc la leçon que j'en ai tiré vu que je suis depuis 9 ans dans ce pays : profitez du coût de la vie qui n'est pas bien chère, mettez vos picaillons dans les comptes à terme (CDA) qui rapportent 9 % net par an, vivez en reclus (de toute façon il n'y a rien à voir au Paraguay, ni personne a fréquenter) épicétou. Pour vous balader allez en Argentine, au Chili, en Bolivie, au Pérou. Mais pas en ce moment car on ne va nulle part avec un passeport français.

jc.paracom

Salut Nico

nico_ff a écrit:

1) Parler et comprendre l'espagnol parfaitement (parfaitement = bilingue).


Oui et non, du moins c’est ce que j’ai longtemps pensé jusquà m’apercevoir après 2 ans passés en Espagne que l’espagnol parlé ici est extrêmement pauvre et n’utilise que 30% de la langue espagnole.
Ceci m’a été confirmé le mois dernier par Ruben, l’actuel ministre de la Culture du Paraguay, qui est un habitué de mon hôtel, et avec lequel j’ai noué des relations amicales. C’était avant le confinement...
Je ne parle pas évidemment des notaires, avocats et cie qui sont d’un niveau en général plus élevé. Mais pour les Paraguayens de la rue, il faut donc parler un minimum, OK,  mais surtout utiliser des mots qu’ils connaissent, sinon ils te disent qu’ils ont compris alors qu’ils n’ont rien compris.

nico_ff a écrit:

Ne ne trouves-tu pas que le Paraguay est un paradoxe en soit ?


Bien sûr que si, mais c’est ce qui fait tout le charme du pays

nico_ff a écrit:

Il y a tant de choses à faire et à construire dans ce pays, que lorsqu'on le visite la première fois, on se dit qu'on pourrait faire fortune rapidement et dans plusieurs domaines, tant il y a de secteurs qui ont besoin de bien des investissements (infrastructure, médical, alimentaire, éducation, distribution)... En résumé, crois-tu aujourd'hui qu'il est possible de réussir pour un investisseur dans ce pays, même en ayant appréhendé les difficultés énoncées plus haut


Ça, oublie ! tu pourras peut-être faire au Paraguay un certain nombre de choses, limitées, à condition de ne déranger personne (voir les écrits de Terrik sur le sujet) et si ça te permet d’en vivre décemment ce sera déjà très bien ! Mais si pour toi le mot réussir signifie gagner beaucoup d’argent, je le répète oublie !

nico_ff a écrit:

Cependant, les difficultés culturelles, linguistiques, bureaucratiques et autres sont si énormes qu'elles pourraient décourager bien des candidats...


Culturelles oui certainement, linguistiques pas systématiquement, bureautiques non, ce serait même plus simple que dans beaucoup de pays

nico_ff a écrit:

ou penses-tu au contraire qu'un investisseur devrait se tourner vers un autre pays s'il ne veut pas tout perdre à coup sûr ?


Dans une autre vie peut-être ? Et si l'autre pays existait ça se saurait, et William y serait parti depuis longtemps, lui qui passe son temps à critiquer le Paraguay dans lequel il se sent prisonnier. Il dit lui-même qu’il reste ici, car ailleurs c’est pire...

nico_ff a écrit:

Je sais que tu as réussi à investir en tant qu'expatrié dans la construction d'un hôtel et cela n'est pas rien !!!


Je n’ai rien réussi du tout, sauf de terminer une construction complexe, juste un peu importante et en colonial (ils n'ont pas l'habitude), et à titre personnel, et tout cela sans me faire plumer, ce qui est déjà un exploit ici. Mais ma réussite s’arrête bien là !

Je vais peut-être te surprendre Nico, mais l’argent n’a jamais été mon moteur. J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, mais toujours par passion et jamais je ne me suis demandé - en me lançant dans une activité - combien ça allait me rapporter.
Je n’ai donc pas fait cet hôtel pour gagner de l’argent, mais pour vivre dans l’endroit de mes rêves d’ado. Epouse décédée, 3 enfants élevés, une société qui marchait bien en limite de Paris, j’ai décidé de faire la construction coloniale de mes rêves, dans un décor tropical de mes rêves, ce que je n’avais pas trouvé ici. Et pour vivre au quotidien, je loue mes chambres à des gens (le gratin du coin) qui restent bouche bée devant le décor quand ils arrivent tellement c’est beau et dépaysant.
Les gens du Ministère du Tourisme sont venus, ils m’ont décerné la plus haute classification en matière d’hôtellerie (1ere catégorie) et ça m’a permis de démarrer...très péniblement ! pendant 4 ans j’y étais de ma poche tous les mois pour compléter le manque de clients. Car ici, ce n’est pas parce que tu fais un truc génial qui n’existe pas ailleurs que les clients vont se bousculer, et c’est là où tous les Européens se plantent. Le Paraguayen, il lui faut du temps, même des années parfois. Il vient une fois pour voir. Et puis il attend que quelqu’un lui en parle pour revenir, c’est très spécial le bizness ici et il faut pouvoir tenir financièrement 3, 4 ou 5 ans.
Ce n’est qu’au bout de la 4e année que j’ai trouvé un point d’équilibre (sans aucun amortissement immobilier) et j’ai commencé à dégager un petit « SMIC français » au bout de la 5e année avec des horaires de folie et aucun week-end, toujours en astreinte.
Mais je le savais au départ, mon investissement était simplement immobilier. La rentabilité, nulle pour un affairiste, est suffisante pour moi, car elle me permet de vivre ici royalement, tout en payant la maintenance et tous les frais de fonctionnement-services et annexes, TV et internet connectés en fibre optique, et ça me laisse toujours mon petit SMIC pour mettre ma retraite de côté tous les mois en France... Que demande le peuple ?

Chacun a sa notion de la réussite et du bonheur, pour peu qu’il existe ...
Pour ma part, quand je me lève le matin, je regarde ce paysage, ce décor fantastique, le soleil, le silence, les oiseaux, je me dis que je suis un hyper privilégié.

Souvent, le jardinier vient discuter avec moi.... Oh certes, ce ne sont pas des discussions qui volent très haut (donc qui n’intéressent pas William), mais je ne suis pas venu vivre au Paraguay pour avoir des discussions intellectuelles avec des gens qui n’ont pas de culture, évidemment !  Je savais avant de venir que j’allais devoir affronter une solitude culturelle, mais je l’ai acceptée parce qu’on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, n’est-ce pas William ?
Je revendique un peu de tolérance pour les Paraguayens qui sont dans l'ensemble des gens attachants.

Sincèrement je pense qu'il n'est pas négatif de parler de cela, ce n’est pas de leur faute, le pays n’a que 200 ans et les enfants ont un smartphone greffé à la main à 8 ans et surfent sur Face-de-Bouc à 10 ans, tu vois les dégâts ?.
Donc un peu de tolérance pour la culture, ou mieux, l’absence de culture

Non, je suis venu pour autre chose et je l’ai trouvé. Un retour aux vraies valeurs de la vie du quotidien (du moins en province), pas d’immeubles, pas de bretelles d’autoroute, pas de zones industrielles ni d’activité commerciales, et pour ne rien te cacher, je n’ai même pas de voiture. Je fais mes courses 2 fois par semaine en taxi, ça me coute 350.000 Gs pour le mois complet (50€).
Enfin, j'ai trouvé une vraie délivrance, celle de l’intox bourrage de crâne des médias français et des chaines de télé conflictuelles (BFM, Mediapart et autres) où tout va toujours très mal partout, c’est insupportable. Ici au moins, je vis peut-être avec des simples d’esprit, mais je suis à l’abri de la connerie humaine qui semble avoir contaminé sournoisement l’Europe et surtout la France bien avant le Covid.

En résumé
- Si la réussite pour toi est de monter un truc qui te permette de vivre correctement avec ta petite famille, dans une ambiance saine recentrée sur la famille, oui c’est possible à condition de ne pas être trop gourmand , travailleur, et patient. Sache que pour moi, ceci est déjà une réussite en soi, surtout dans l’époque et le monde actuels.
- Si la réussite pour toi est de monter un truc pour faire essentiellement du fric, laisse tomber !
Bien sûr, ces propos n’engagent que moi...

Williamhoustra

" Oh certes, ce ne sont pas des discussions qui volent très haut (donc qui n’intéressent pas William". Tss ! Tss ! Mauvaise langue calomniatrice !

J'appartiens à la catégorie authentiquement française qui, quand elle est expatriée aime vivre avec la population locale. Ce qui n'est pas le cas avec les allemands d'ici ou des anglais dans d'autres pays. Ces braves gens ne vivent qu'entre eux.

Bon il est clair que je ne vais pas avoir de subtiles considérations sur la supériorité de la relativité quantique à boucle par rapport aux hyper cordes. Au Maroc, tout comme en Afrique noire, les gens me parlaient de leur vie et je donnais juste un point de vue si ça tenait la route ou pas dans leurs projets.

En échange de quoi je comprends mieux ta motivation. Parce que, vu de l'extérieur, faire un hôtel dans un pays qui n'est absolument pas touristique me faisait dire "Il est malaaaaade !". Alors que de placer ses picaillons gagnés par le dur labeur commercial informatique commun (moi c'était des PC des pauvres et toi les Apple des riches) me semblait la meilleure chose à faire, surtout qu'à l'époque où on pouvait avoir des CDA à 11 % avec un dollar à 4.500 PYG il y a 10 ans alors qu'il faut 6.550 PYG aujourd'hui et arracher un taux de CDA à 9 %. Donc en ménageant ton hypertension.

D'où mon dilemme cornélien : je serais mieux, question relations humaines en Argentine, mais pas du tout au niveau du coût de la vie alors qu'au Paraguay, c'est l'inverse.

J'ai pensé à une solution "entre deux" : vivre dans la banlieue de Posadas, mes sous étant en face à Encarnación. Ce qui, de surcroît, réjouirait un propriétaire de recevoir son loyer en dollars. Mais rien à louer, y compris dans toute la province de Missiones.

Donc je reste coincé à Coronel Oviedo où je ne paye pas bien cher (1.5 M Gs) un 3 pièces confortable, mais nul au niveau environnement (des vaches à perte de vue) et avec une connexion Internet escargotesque qui ne dépasse pas les 3 Mbps.

Je vis donc dans ma bulle de culture francophone et ça ne se passe pas trop mal même si, pour moi, ça reste insuffisant. Je suis juste frustré de pas pouvoir baguenauder dans la Puna argentine à cause de ce satané virus car un passeport français c'est très mal vu en ce moment en Amérique du Sud, même si la dernière fois que je suis allé en France remontait à 2014.

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