Les présidentielles aux États-Unis ont lieu dans moins d’une semaine. Dans le débat politique, une question importante, la politique d'immigration, un dossier sur lequel les deux candidats ont des positions très différentes. Une fois dans le bureau ovale, le futur président pourra promouvoir des initiatives dans ce domaine. Comment peuvent-ils affecter ceux qui veulent vivre aux États-Unis? Et ceux qui y vivent déjà?
À la lumière de l'évolution de la campagne, les points de vue de Trump et de Biden se sont révélés diamétralement opposés, le contraste dans les propositions des deux candidats est saisissant.
Pour le président actuel, Donald Trump, le migrant est identifié comme une menace pour le travailleur local. Un discours protectionniste qui a pourtant pénétré une partie de l'électorat, obtenant un grand nombre de voix lors des précédentes élections. La réalité est que les États-Unis continuent d'embaucher de la main-d'œuvre étrangère dans de nombreux secteurs et dépendent fortement des talents importés.
De l'autre côté, on retrouve Biden avec un ton très différent. Le démocrate dans son discours attache une grande importance à la contribution des différentes vagues migratoires qui ont façonné la société américaine d'aujourd'hui.
Il y a plusieurs axes dans le débat sur l'immigration et cela ne tourne pas seulement autour de l'entrée dans le pays de nouveaux expatriés, mais aussi sur ceux qui sont déjà dans le pays, beaucoup en situation irrégulière, pour lesquels le chiffre officiel est de onze millions. Si nous consultons les deux programmes électoraux, les différences en la matière sont bien marqués.
Restrictions d'entrée
L'administration du président Donald Trump jusqu'à présent a imposé de sévères restrictions à l'entrée des citoyens iraniens, irakiens, libyens, nord-coréens, vénézuéliens et yéménites pour des raisons de sécurité nationale. Ces restrictions ont été étendues à six autres pays en 2020. Rien n'indique que la position de l'actuel président va changer. En revanche, Biden prône une révision de ces dispositions légales et leur suppression progressive, et souligne leur caractère discriminatoire et leurs préjugés pour des raisons religieuses.
Au cours de son mandat de quatre ans, Donald Trump n'a pas seulement interdit à plusieurs nationalités d'entrer sur le territoire américain. En effet, plus récemment, le président américain a imposé une interdiction d'immigration (immigration ban) jusqu'à la fin de l'année. Il a également ciblé des talents étrangers hautement qualifiés. Par exemple, en octobre de cette année, Trump a rendu public son intention de cibler les visas de travail réservés aux talents étrangers dans le secteur de la technologie.
D'autre part, Biden est en faveur d'un système d'immigration ouvert pour les professionnels étrangers.
Dreamers et le programme DACA
L'une des questions les plus épineuses du débat sur l'immigration est le statut de ceux qui sont venus aux États-Unis en tant que mineurs. Ils sont considérés par l'administration comme irréguliers. Devraient-ils être expulsés ? On estime qu'il y a environ 6 millions et demi de sans-papiers qui composent ce groupe. Un peu plus de 3,5 millions sont les Dreamers, comme on les appelle, arrivés dans le pays à moins de 18 ans.
La DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals dans son acronyme en anglais) a été créée sous l'administration Obama, et accorde un moratoire sur l'expulsion des immigrés clandestins dans les conditions suivantes: être arrivé aux États-Unis avant l'âge de seize ans, avoir résidé en continu dans le pays depuis le 15 juin 2007; et avoir moins de 31 ans en juin 2012. Le programme est entré dans une guerre judiciaire en 2017, qui a entraîné la suspension du programme pour les nouveaux candidats, bien que le programme garantisse la protection de ceux déjà inscrits.
Que leur arrivera-t-il après les élections? L'administration Trump actuelle s'efforce de faire pression pour l'abrogation du programme DACA, donc tout indique qu'elle poursuivra cette initiative dans un nouveau mandat hypothétique. Ainsi, aux 3 millions et demi de Dreamers susceptibles d'être expulsés, il faut ajouter les bénéficiaires du programme DACA (825 000) et un peu plus d'un million et demi qui, malgré le respect des conditions, ne pouvaient pas postuler, en raison de l'annulation du programme en 2017.
Biden, de son côté, plaide pour la continuité du programme DACA et son application aux Dreamers. En ce sens, le candidat démocrate va plus loin et propose une amnistie générale qui prône la régularisation des onze millions d'immigrés irréguliers et leur regroupement familial.