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Quel avenir aux États-Unis pour les entrepreneurs étrangers avec Trump ?

entrepreneur aux USA
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Écrit parAsaël Häzaqle 05 Février 2025

Après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier 2025, les expatriés s'attendent à encore plus de nouvelles mesures migratoires. Parmi eux, les entrepreneurs. Ils se souviennent du premier mandat de Trump, marqué par des restrictions concernant l'immigration. Le second mandat du partisan de l'« America first » poursuivra-t-il la même politique ? Témoignages des membres de la communauté d'Expat.com.

Immigration : à quoi doivent s'attendre les entrepreneurs étrangers ?

Si aucune politique n'a encore été avancée, les entrepreneurs étrangers savent qu'ils évolueront dans un nouveau contexte. Les entreprises européennes s'attendent à des mesures plus restrictives. En mémoire, l'année 2019, difficile pour l'entrepreneuriat étranger. Sur fond de brouille diplomatique, Trump avait notamment sanctionné la France en réduisant la durée du visa d'entrepreneur (visa E-1 pour les entrepreneurs, visa E-2 pour les investisseurs) de 5 ans à 15 mois. Depuis, la durée a été étendue à 25 mois, puis 48 mois.

Il faut environ entre 2 semaines et 5 mois pour obtenir un visa E-2. La grande variation des délais s'explique en partie par le nombre de candidatures que doivent gérer les consulats. En mars 2024, les candidats français à l'expatriation se pressent pour demander leur visa E-2. Mais les délais s'allongent de quelques semaines à un an. En cause : les Jeux olympiques, qui retarderaient les administrations. D'autres facteurs, qui dépendent cette fois-ci des candidats, peuvent retarder ou améliorer le traitement de leurs demandes (solidité du dossier envoyé, expérience, etc.).

Avec le retour de Trump, les experts préconisent aux entrepreneurs étrangers de régler rapidement la question du visa. Pour éviter un refus, ils doivent impérativement créer des emplois(objectif premier du visa E-2). Les entrepreneurs expérimentés sont préférés aux novices. Ces derniers peuvent néanmoins se rattraper s'ils sont startupers dans un secteur innovant. Mais là encore, leur projet doit profiter à l'emploi sur le sol américain.

Les étrangers en situation régulière doivent-ils s'inquiéter ?

Les expatriés de la communauté d'Expat.com se montrent partagés. Certains, comme Pescaraplace, estiment que seuls les étrangers en situation irrégulière seront inquiétés. « […] Je ne pense vraiment pas que l'administration Trump va changer quoi que ce soit pour les lecteurs de ce site, car ici nous sommes tous ou quasi tous des immigrés légaux. Par contre, pour ceux qui ne sont pas en ordre avec les lois migratoires américaines, préparez-vous au pire. » D'autres expatriés, comme Parenga, s'attendent à un durcissement des règles pour tous : « Trump risque de compliquer la situation non seulement pour les immigrés illégaux, mais probablement aussi pour les immigrés légaux. On peut s'attendre à des délais interminables pour obtenir un EAD (autorisation de travail), des difficultés pour prolonger les visas, une multiplication des demandes de preuves (RFE), et des vérifications beaucoup plus rigoureuses. »

Trump candidat appelait les talents étrangers à venir travailler aux États-Unis. Il avait même promis la Green Card aux étudiants diplômés d'une université américaine. Mais la politique migratoire pourrait davantage ressembler à celle du premier mandat. « Cela pourrait se traduire par un ralentissement significatif des procédures, ce qui poserait de nombreux problèmes », explique Parenga. « Tout cela ferait exploser les délais, mais aussi les coûts, car des procédures plus longues et plus complexes engendrent inévitablement plus de frais. Par définition, cela risque de décourager et de faire perdre patience à de nombreuses personnes. » Citant l'exemple d'amis expatriés ayant obtenu la citoyenneté américaine à peine deux mois après avoir déposé leur dossier, Parenga s'attend à des délais rallongés avec le retour de Trump au pouvoir : « […] Il est probable que cela nous prenne au moins un an, voire davantage, avec des démarches plus procédurières et fastidieuses. Donc pour les entrepreneurs, ça risque d'être difficile. »

Entreprendre aux États-Unis en 2025 

Trump a fait de l'« America first » son principal slogan de campagne et son moteur politique. Un moteur qui explique ses mesures protectionnistes. Le nouveau président promet des taxes supplémentaires sur les produits importés, avec une hausse des droits de douane de 10 à 20 %. Les hausses seraient variables d'un pays à l'autre : 25 % pour le Mexique et le Canada, et même 35 à 60 % pour la Chine, grand rival des États-Unis, mais aussi grand partenaire commercial (tout comme le Mexique et le Canada). Le taux de douane atteindrait même 200 % pour les voitures électriques produites par les groupes chinois implantés au Mexique.

Pour Pescaraplace, cette hausse des taxes semble difficilement compatible avec l'America first, car l'économie mondialisée nécessite une coopération des partenaires économiques. « Si Trump décide d'appliquer ses mesures économiques comme les taxes à l'importation, on ira droit vers une récession terrible. Taxer les plus gros partenaires économiques […] comme le Canada et le Mexique est non seulement irresponsable, mais en plus, ça va coûter une fortune aux États-Unis. Et je ne parle pas des mesures que prendront ces pays à l'encontre des USA pour rendre la pareille. » En effet, Pékin a aussitôt riposté en plaidant pour une coopération commerciale plutôt qu'une guerre commerciale. Le Canada et le Mexique rappellent l'accord de libre-échange conclu avec les États-Unis. L'Union européenne (UE) s'inquiète des mesures protectionnistes de Trump.

Inflation en perspective ?

Les entreprises étrangères ne sont pas les seules à s'inquiéter. Les entreprises américaines redoutent un retour de l'inflation. La Fed, la banque centrale américaine, notait déjà une légère hausse de l'inflation en octobre 2024. Les nouvelles mesures de Trump pourraient faire augmenter les prix des biens de consommation. C'est aussi ce que craint Nelson Domingues, expatrié aux États-Unis. Il s'attend à une « vague de banqueroute chez les agriculteurs, avec tous les problèmes qui suivront ». En cause : les expulsions massives de travailleurs illégaux prévues par Trump, notamment dans le secteur agricole. Pescaraplace y voit un autre risque pour l'inflation « […], car sans les ouvriers agricoles qui travaillent pour pas cher à ramasser nos fruits et légumes, les prix de ces derniers dans les supermarchés vont exploser. C'est évident. »

Selon les économistes, les États-Unis et la Chine seraient les principaux perdants d'une guerre commerciale. Car les deux puissances rivales sont aussi des partenaires commerciales. Les estimations tablent sur un recul des recettes douanières américaines (malgré la hausse des tarifs douaniers), une baisse des salaires américains (jusqu'à 1,6 % pour les travailleurs qualifiés). L'UE sortirait également perdante d'une guerre commerciale, contrairement aux pays voisins des États-Unis.

Au-delà des aspects économiques, Parenga voit se dessiner un nouveau cadre pour les entrepreneurs étrangers. Un cadre dans lequel « [...] les ressources elles-mêmes risquent de devenir un problème majeur dans les années à venir. Les coûts s'envolent, et ces changements de cap constants ne font qu'aggraver la situation. » S'il pense que l'administration Trump obtiendra de bons résultats à court terme, il souligne les avancées économiques permises par l'administration Biden « notamment dans les énergies vertes », et ajoute : « L'exploration gazière et pétrolière, si elle doit se poursuivre, doit être menée intelligemment, sans détruire l'environnement. »

Entreprendre aux États-Unis : les autres facteurs à prendre en compte

Entreprendre aux États-Unis, c'est aussi comprendre le contexte socio-économique. Salaires, inflation, logement sont des points fondamentaux qui risquent d'être eux aussi touchés par la politique de la nouvelle administration. Parenga rappelle à cet effet que l'inflation touche les individus de manière inégale. « Pour des ménages aisés comme le nôtre (grâce au travail de cadre de sa conjointe, l'expatrié indique que le couple vit largement en dessous de ses moyens), elle n'a qu'un impact limité. Mais pour mes collègues et amis de la classe moyenne, le constat est tout autre. Beaucoup ont perdu en niveau de vie, pris au piège d'une hausse des prix qui dépasse largement l'évolution des salaires. »

Sans surprise, les expatriés qui rassemblent un capital plus important gagneront des points. Il faut investir au moins 100 000 dollars pour obtenir le visa E-2. D'autres visas existent, comme le visa O-1, réservé aux entrepreneurs justifiant de « compétences extraordinaires » dans leur domaine professionnel. Reste, pour les expatriés, à attendre la mise en œuvre des nouvelles politiques de l'administration Trump. Les États-Unis sont toujours l'un des meilleurs pays du monde pour créer une entreprise.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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