Expatriation : comment prouver sa capacité financière ?

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Écrit par Asaël Häzaq le 03 avril, 2024
En projet d'expatriation, vous êtes en pleines démarches pour obtenir votre visa et votre titre de séjour. Parmi les documents demandés, la preuve de capacité financière vous interpelle. Outre son montant souvent exorbitant, comment pouvez-vous prouver que vous détenez les fonds suffisants pour vivre dans le pays d'expatriation choisi ?

Indispensable preuve de capacité financière

Plusieurs visas demandent de fournir une preuve de capacité financière : le permis vacances-travail (PVT), le visa étudiant, le visa nomade numérique, le visa Schengen… Le pays d'accueil veut être certain que vous disposez des fonds nécessaires pour vivre. La question est d'autant plus importante face à une inflation toujours présente, qui pèse sur le coût de la vie et fait gonfler les frais d'expatriation.

Au Canada, les nouveaux montants de preuves financières demandés aux étudiants internationaux sont effectifs depuis le 1er janvier 2024 (sauf au Québec). Ils doivent désormais détenir au minimum 25 690 dollars canadiens, contre 10 000 précédemment. La somme augmente en fonction du nombre de proches qui accompagnent l'expatrié. Le ministère de l'Immigration précise que le nouveau montant, qui tient compte de l'inflation, sera revu chaque année. En Australie aussi, les étudiants internationaux doivent détenir plus de fonds : 24 505 dollars australiens, soit 17 % de plus qu'auparavant. La mesure est effective depuis le 1er octobre 2023.

Déterminé à réduire son immigration nette, le Royaume-Uni a engagé toute une série de mesures visant à augmenter le montant des sommes exigées pour s'expatrier. Ces changements, annoncés le 4 décembre 2023, entrent progressivement en vigueur depuis mars. La majorité d'entre eux sera mise en place en avril. Parmi les hausses attendues, celle du revenu minimum pour parrainer son conjoint. Le montant exigé passe de 18 600 livres sterling par an à 29 000 livres sterling par an, et jusqu'à 38 700 livres sterling par an.

Comment réunir et prouver sa capacité financière ?

Le montant demandé par les États ne prend généralement pas en compte le coût d'une année scolaire (pour un permis d'études), les billets d'avion, le coût du loyer et les frais d'assurance maladie.

Réunir les fonds demandés

Pour réunir la somme demandée, certains candidats amènent temporairement les fonds sur le compte, le temps d'établir un justificatif bancaire. Ils ont demandé de l'argent à leurs connaissances, mais ne disposent pas réellement de la somme demandée. La pratique n'est évidemment pas conseillée, car dangereuse. En cas de contrôle postérieur, il pourra être difficile de retrouver les fonds. On vous recommande plutôt de faire appel à des proches qui pourront vous aider sur le long terme.

Le montant élevé des revenus demandés par les États s'explique en partie par la crise économique et inflationniste. Mais c'est aussi un moyen de faire baisser le nombre de candidats à l'expatriation. Réunir les fonds peut demander de longues années d'épargne. Se tourner vers les organismes boursiers (bourses du pays d'origine, du pays d'accueil, programme international, bourses privées…) ou négocier un prêt peut permettre de réunir la somme demandée. Prudence : certains établissements financiers regardent peu vos capacités de remboursement, mais n'hésitent pas à pratiquer des taux de crédits exorbitants.

Prouver sa capacité financière

Vous avez plusieurs moyens pour prouver que vous disposez bien des fonds demandés par le pays d'expatriation. Les éléments ci-dessous sont donnés à titre général. Selon le visa et les règles du pays, un type de preuve particulier peut être exigé.

  • Preuve bancaire

On parle ici de l'argent déposé sur le compte bancaire du pays d'accueil ou de la somme présente sur votre compte et transférable sur le compte du pays d'accueil (compte courant ou épargne non bloquée). C'est l'une des preuves les plus couramment demandées. Le justificatif ne doit pas être un simple relevé bancaire, mais doit comporter la signature et/ou le tampon de votre établissement bancaire pour en assurer l'authenticité. Le pays d'accueil peut également vous demander vos relevés bancaires sur les mois précédents.

  • Preuve de prêt bancaire

Vous avez souscrit à un prêt pour assurer votre subsistance dans le pays d'expatriation ? Demandez un justificatif à votre établissement bancaire. Là encore, l'argent déposé sur votre compte doit être transférable dans le pays d'accueil.

  • Preuve de paiement du logement, des frais de scolarité, etc.

Avoir déjà payé une partie importante des frais indispensables pour vivre dans le pays d'accueil rassure. Si vous avez déjà payé vos frais de scolarité (pour les étudiants étrangers) et les premiers mois de votre loyer, fournissez-en la preuve pour démontrer votre capacité à subvenir à vos besoins.

  • Bourse, soutien d'une institution financière du pays d'accueil

Une bourse d'étude, de recherche, de création d'entreprise, ou tout autre soutien financier émanant d'une institution financière reconnue par le pays d'accueil peut prouver votre capacité financière. Demandez à votre soutien financier un certificat garantissant votre prise en charge. Même démarche en cas de participation à un programme financé par le pays d'accueil.

  • Fonds envoyés par un proche ou un tiers

Vos frais sont peut-être couverts par un membre de votre famille ou un tiers. Dans ce cas, votre contact doit vous fournir une lettre attestant votre prise en charge pour l'intégralité de votre scolarité (si vous êtes étudiant) et de vos dépenses à l'étranger. L'attestation sur l'honneur ne suffit pas : votre garant devra prouver sa capacité financière (extrait de comptes sur plusieurs mois, preuve de revenus réguliers, formulaire précisant la profession exercée ou le montant de la retraite perçue, etc.).

Prouver sa capacité financière : ce qu'il faut éviter

Pour mettre toutes les chances de votre côté, ne comptez surtout pas sur la possibilité de travailler sur place, même si vous avez déjà l'assurance d'obtenir un job à votre arrivée. Pour un visa étudiant, par exemple, ne fournissez pas de dossier incomplet sous prétexte que votre job étudiant complétera le reste. Les preuves de capacité financière servent justement à démontrer votre aptitude à subvenir à vos besoins sans travailler sur le territoire durant au moins un an.

N'envoyez aucun document flou, illisible, mal structuré. Les agents d'immigration n'ont pas le temps de passer vos fichiers à la loupe. En cas de doute, c'est tout votre dossier qui sera refusé.

Certes, mieux vaut additionner les preuves pour augmenter vos chances de réussite, mais inutile d'accumuler 100 pages de justificatifs financiers. Vous risqueriez au contraire de faire douter et d'irriter les agents d'immigration. De toute manière, la plateforme sur laquelle vous envoyez votre fichier a une capacité maximale. Inutile de compresser votre corpus au maximum pour caser vos 100 pages. La compression à outrance altère la qualité des documents. Vous risquez d'envoyer des preuves illisibles, qui seront rejetées.

Si un membre de votre famille s'engage comme garant, l'administration cherchera à vérifier qu'il dispose bien des capacités réelles pour subvenir à vos besoins. Prudence concernant les revenus irréguliers. Si votre garant est à son compte et oscille entre bons et mauvais mois, les services d'immigration pourraient considérer sa situation financière comme fragile, et douter de sa capacité à subvenir à vos besoins.

Prouver sa capacité financière : les bons conseils

Au contraire, pour maximiser vos chances, soyez cohérent d'un bout à l'autre de votre demande, tant sur le fond que sur la forme. Le visa et/ou permis que vous demandez doit correspondre à votre parcours. Gardez à l'esprit que votre dossier doit être le plus simple et clair possible, pour ne pas faire naître le moindre doute chez les agents d'immigration.

Respectez les directives pour l'envoi de vos justificatifs financiers. Privilégiez la qualité plutôt que la quantité. Les agents d'immigration traitent nombre de dossiers. Toute information superflue, erronée, mal placée leur fait perdre du temps et vous fait perdre des points. Soyez structuré, précis, clair. C'est le meilleur moyen de dissiper tout doute et de garantir le bon traitement de votre dossier.

A propos de Asaël Häzaq

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.