Retraite à l'étranger : comment survivre à l'inflation ?

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Écrit par Helena Delbecq le 13 août, 2024
Selon les dernières données des Nations Unies, relayées par Investopedia, le Mexique est de loin la première destination choisie par les expatriés retraités américains. La proximité du pays et le niveau de vie semblent représenter, dans ce cas de figure, deux raisons majeures pouvant expliquer le choix de cette destination qu'est le Mexique.

On sait en effet à quel point le coût de la vie peut peser sur des retraites modestes. Alors que faire quand celui-ci ne cesse d'augmenter malgré un écart favorable avec son pays d'origine? Quels sont les moyens d'optimiser sa retraite ou de compléter ses revenus? Faut-il envisager un déménagement vers un pays plus abordable?

Réévaluer et ajuster son budget pour faire face à l'évolution du coût de la vie

Les dépenses liées à la santé et au logement figurent parmi les points qui pèsent le plus dans le budget de l'expatrié retraité.

Les assurances santé privées augmentent en effet les cotisations en fonction de votre âge. À titre indicatif, une cotisation pour une personne de 65 ans vivant en Thaïlande, comprenant les frais courants, l'hospitalisation, les soins dentaires et optiques, s'élève en moyenne entre 800 à 1500 euros par mois (source : étude établie sur la base d'un comparateur d'assurances).

S'il devient difficile pour vous de faire face à ces frais, pourquoi ne pas envisager une assurance santé locale ? Contrairement à ce qu'on s'imagine souvent, il est en général possible de s'affilier au système de santé local en tant que retraité expatrié, du moment que vous avez un titre de séjour régulier et que vous payez vos cotisations. Il suffit de comprendre précisément quelles sont les prestations auxquelles vous avez droit et à quelle hauteur s'opèrent les remboursements. Procéder ainsi peut être une source d'économie conséquente, sans pour autant y perdre forcément en qualité des soins.

Vous louez un bien dont le loyer ne cesse d'augmenter ? En dehors de la recherche d'une autre location à prix plus modéré, il est possible d'envisager des formes de logement alternatives. La colocation entre seniors est un phénomène qui se développe ces dernières années et qui ne rime pas uniquement avec vie estudiantine ! Vous trouverez en ligne de nombreux sites dédiés aux petites annonces pour trouver un locataire de votre âge avec lequel socialiser tout en partageant les frais de location. Les colocations intergénérationnelles continuent également de se développer. Vous partagez alors votre logement ou en louez une pièce à un étudiant, par exemple. C'est une source d'économie et d'enrichissement sur le plan humain et personnel.

Côté dépenses quotidiennes : tentez notamment de revoir vos habitudes de consommation. Réduisez la part de produits importés si vous en aviez une consommation importante. Tournez-vous davantage vers le local tout en continuant de privilégier des produits de qualité. En ce qui concerne les moyens de déplacement, optez pour les transports publics si vous pouvez vous passer du gouffre financier que représente souvent une voiture, d'autant plus que de nombreuses villes appliquent des réductions pour les abonnements des seniors. Privilégiez également marche et vélo, une autre façon de faire du bien à son portefeuille tout en maintenant sa santé physique. Concernant les allers-retours vers votre pays d'origine, essayez de viser les périodes creuses pour des prix plus avantageux (notamment si vous devez prendre l'avion) ou faites davantage venir vos proches qui seront sans doute ravis de passer des vacances à l'étranger.

Explorer les options pour une source de revenus complémentaires

Pourquoi ne pas envisager de complémenter votre retraite par quelques revenus ? Il faudra tout d'abord tirer au clair les possibilités de travailler dans le pays où vous résidez. Tous les types de visas ne le permettent pas. Le visa de retraite, par exemple, limite les possibilités de s'adonner à une activité professionnelle dans le pays d'accueil. Êtes-vous plutôt sur un permis de résidence longue durée ? Dans ce cas, il y a davantage de chances que ce type d'autorisation de séjour vous laisse la possibilité d'exercer un travail en parallèle de votre retraite. Il convient de vous renseigner précisément auprès du bureau de l'immigration concerné, chaque État ayant ses règles spécifiques concernant le travail des ressortissants étrangers.

D'une manière générale, il vous sera plus aisé d'exercer une activité de consultant indépendant si cela peut correspondre à l'une de vos facettes professionnelles plutôt que de chercher un employeur local. À part dans des domaines très spécialisés, on sait en effet à quel point il est difficile de se faire embaucher à partir d'un certain âge. Il n'y a en revanche pas de limite d'âge pour lancer sa propre activité. Beaucoup de pays proposent des statuts d'entreprise simplifiés pouvant convenir parfaitement à une activité à temps partiel, en guise de complément de revenus. Examinez, par exemple, le statut de l'auto-entreprise en France qui a un équivalent dans de nombreux autres États.

Misez sur ce qui fait la spécificité de votre langue et de votre culture d'origine dans le pays d'accueil où vous résidez. Pourquoi ne pas envisager d'enseigner votre langue maternelle à des enfants ou à des adultes ? Vous n'êtes peut-être pas professeur mais rien n'empêche d'effectuer une formation dans le domaine, vous apportant les bases qui seront complétées par l'atout majeur d'être un professeur natif. Tentez autrement de cibler les secteurs où la maîtrise de votre langue d'origine constitue un prérequis (traduction, commerce international, tourisme, etc.).

Optimiser ses revenus et ses placements

Avez-vous fait le point avec un conseiller bancaire sur vos placements ? Certains végètent peut-être depuis de nombreuses années alors que vous pourriez opter pour plus de rentabilité sur d'autres types de produits d'épargne ou d'investissement.

L'investissement immobilier est-il une option pour vous ? Si les moyens vous le permettent, pourquoi ne pas considérer d'acheter votre lieu de résidence principale même si vous n'êtes pas sûr de demeurer dans le pays jusqu'à la fin de vos jours? À vous d'étudier le marché immobilier local, ses évolutions possibles et les opportunités qu'il peut vous laisser. Il existe de nombreuses autres possibilités d'investissement dans l'immobilier, que cela soit dans la nue-propriété ou par un fonds en société civile de placement immobilier (SCPI), placements dynamiques sur lesquels vous n'avez que peu de gestion à effectuer.

Vous n'avez peut-être précisément pas les moyens d'épargner ni d'investir. Si vous percevez le montant de votre retraite dans une devise différente, attention à la question des transferts de fonds d'une monnaie vers une autre. Le taux de change peut considérablement varier et il serait dommage de voir la valeur de votre pension de retraite dévalorisée. Effectuez des retraits lorsque les taux de change sont favorables. Songez à avoir recours aux services d'une banque disposant d'une succursale dans votre pays d'origine ou d'expatriation. Cela permettrait de faciliter les transferts de fonds et de réduire les frais de change. Pensez à la possibilité d'ouvrir un compte multidevises. Là aussi, il aiderait à gérer efficacement les différentes monnaies et à minimiser les frais de change.

Envisager une nouvelle expatriation ou un retour au pays ?

Quand le coût de la vie est malgré tout trop pesant, il convient peut-être d'imaginer quitter le pays où vous passiez votre retraite. Rentrer dans votre pays d'origine ou opter pour une autre destination ? À vous de prendre la décision en fonction de vos envies, de vos différents critères et choix de vie.

Si vous êtes à la recherche d'une nouvelle destination où le niveau de vie est plus abordable, tentez de vous baser sur des indicateurs fiables. Il existe beaucoup de classements plus ou moins fantaisistes de pays où prendre sa retraite, ne reflétant pas la réalité économique sur place. Étudiez précisément l'inflation dans le pays cible et l'index des prix à la consommation. Ils vous donneront une idée précise du coût de la vie sur place. Vous pouvez y avoir accès sur le site de la Banque mondiale ou encore du Fonds monétaire international sur lequel vous trouverez bien d'autres informations et perspectives économiques. Il existe aussi un indice du coût de la vie. Ce dernier prend en considération des données telles que le coût du logement, des transports, de l'énergie et peut être consulté par pays.

Avant d'opter pour une nouvelle destination, consultez scrupuleusement tous les aspects liés aux visas et aux permis de résidence. Vérifiez en particulier la possibilité d'exercer une activité professionnelle sur un type de visa donné.

Ne négligez pas les éléments liés à la fiscalité. Quel sera votre résidence fiscale ? Les revenus de votre retraite seront-ils taxés dans votre pays d'origine ou dans le nouveau pays d'accueil ? En fonction des politiques fiscales et des différents taux, cela peut faire une différence considérable.

Considérez peut-être un retour dans votre pays d'origine. Si l'on a parfois des préjugés sur certaines destinations (tendance à penser que tout y est mieux), cela inclut aussi son propre pays qui a d'ailleurs entre-temps certainement évolué. Si le coût de la vie est vraiment devenu problématique pour vous, n'oubliez pas d'examiner les aides qui existent dans votre pays d'origine (aide au logement, par exemple). Quand vous résidez à l'international, ces aides ne vous sont la plupart du temps pas accessibles du fait de votre statut de résident étranger. S'informer en détail vous offrira, quoiqu'il en soit, la possibilité de choisir un nouveau lieu de résidence en toute connaissance de cause.