L'expatriation n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Perte d'emploi à l'étranger, problème de santé, accident de la vie… En cas de coup dur, vers quels organismes se tourner ? Comment s'en sortir ?
Expatriation et précarité à l'étranger
La crise sanitaire a mis au grand jour la situation précaire de nombre d'expatriés. Certains avaient déjà du mal à joindre les deux bouts. D'autres se sont retrouvés sans rien presque du jour au lendemain. La fermeture des commerces, le rythme ralenti des entreprises a fait tomber des expatriés dans la précarité. Une situation encore plus complexe pour les expats souffrant de problèmes de santé, frappés par la Covid ou voyant leur pathologie s'aggraver sans pouvoir se soigner. De nombreux États ont débloqué des aides d'urgence pour venir en aide à leurs ressortissants.
Ces aides étaient cependant ponctuelles. Elles n'ont duré que le temps de la crise. Les ambassades ont rappelé leur caractère exceptionnel et non prolongeable dans le temps. Or, de nombreux expatriés traversent toujours des difficultés financières. Selon leur situation, ils pourraient prétendre à l'aide sociale délivrée par le pays étranger (une allocation chômage en cas de perte d'emploi, par exemple). Les États rappellent que les prestations sociales sont souvent liées à la zone de résidence. Néanmoins, certains pays disposent de programmes spécialement prévus pour soutenir leurs ressortissants établis à l'étranger. Exemples avec la France, l'Italie, les États-Unis, le Canada et la Suisse.
France
Les Français de l'étranger en difficulté financière peuvent recevoir plusieurs types d'aides : l'allocation à durée déterminée (ADD), les allocations pour enfant ou adulte handicapé (AEH, AAH), les allocations pour personnes âgées (AS), les aides exceptionnelles (AEX) et les secours occasionnels (SO). L'ADD peut être demandée en cas d'imprévu familial ou professionnel entraînant une difficulté financière. Il faudra justifier que l'on est véritablement en situation de précarité et qu'on ne perçoit pas d'autre aide. Les expatriés en situation de handicap peuvent bénéficier d'une aide financière en fonction de leur taux de handicap. Les personnes âgées dans l'incapacité médicale de travailler peuvent aussi percevoir une allocation. L'AEX est destinée aux Français non inscrits sur le Registre des Français de l'étranger, aux détenus et aux ressortissants de passage. Les SO sont réservés aux situations d'urgence pour lesquelles aucune autre forme d'assistance n'est possible. L'État recommande à ses ressortissants de s'inscrire sur le Registre des Français de l'étranger et rappelle que les aides délivrées sont temporaires.
Liens utiles :
Allocations pour les Français de l'étranger
Registre des Français de l'étranger
Italie
Le consulat général italien peut délivrer une aide financière d'urgence pour ses ressortissants en grave difficulté financière qui résident dans sa circonscription consulaire. L'aide, exceptionnelle, est délivrée sous forme de subventions et de « prêts avec promesse de remboursement », dans la limite des fonds prévus à cet effet par le ministère des Affaires étrangères et des Relations internationales. Le ministère précise que seuls les ressortissants italiens inscrits au Registre des Italiens de l'étranger pourront recevoir l'aide. Ils devront prouver qu'ils se trouvent dans une « situation réelle de pauvreté » en fournissant leur déclaration fiscale, des relevés bancaires, des preuves d'aides reçues par les autorités locales, des factures de frais médicaux, etc. Le consulat contactera la famille pour authentifier les dires de l'expatrié et évaluer si les proches sont en mesure de l'aider financièrement.
Liens utiles :
Assistance pour les Italiens de l'étranger
Registre des Italiens de l'étranger
États-Unis
L'État américain commence par rappeler son principe : en cas de difficultés financières, l'expatrié est invité à se tourner vers ses proches. L'ambassade ou le consulat peuvent aider le ressortissant à les contacter. Mais en principe, aucune aide financière ne sera débloquée. Une aide d'urgence peut néanmoins être délivrée, selon des conditions très strictes : urgence médicale, vol ou perte de passeport, catastrophe naturelle, décès de l'expatrié…
Liens utiles :
Emergency Financial Assistance for U.S. Citizens Abroad : lien 1, lien 2
Registre des Américains de l'étranger
Canada
Les expatriés ayant travaillé pour une entreprise canadienne hors du Canada peuvent bénéficier du programme assurance-emploi du gouvernement. En cas de perte d'emploi, ils pourraient donc bénéficier d'une allocation pouvant aller jusqu'à 55 % de leur revenu. En cas de difficulté d'ordre général, les expatriés sont redirigés vers un bureau du Canada à l'étranger (ambassade ou consulat). Les bureaux du Canada à l'étranger remplissent des missions de soutien et d'assistance en cas d'urgence. Leur connaissance du droit local leur permet d'orienter les ressortissants vers le service du pays d'accueil susceptible de lui délivrer une aide financière (selon la situation de l'expatrié). Le gouvernement recommande à ses ressortissants de s'inscrire sur le registre des Canadiens de l'étranger.
Liens utiles :
Assurance-emploi pour les travailleurs ou résidants à l'extérieur du Canada
Bureaux du Canada à l'étranger
Registre des Canadiens de l'étranger
Suisse
La Suisse propose une aide sociale aux Suisses de l'étranger (ASE). L'aide peut prendre la forme d'une prestation unique (prise en charge des frais médicaux, par exemple) ou d'un budget mensuel. L'ASE peut aussi contribuer au retour en Suisse. Les services de l'ASE délivrent l'allocation en fonction de la situation du demandeur. Ses conditions d'éligibilité seront vérifiées. Les aides fournies devront être remboursées.
Liens utiles
Aide sociale aux Suisses de l'étranger (ASE)
Inscription au Registre des Suisses de l'étranger
Comment s'en sortir ?
Le premier conseil est de contacter vos proches et/ou des amis pouvant vous venir en aide, qu'ils résident dans votre pays d'expatriation ou dans un autre pays. Il n'est pas simple de dévoiler sa précarité financière. La pudeur force le silence. De nombreux expatriés refusent de « plomber » les finances de leur famille, surtout si elle aussi traverse des difficultés. Certains ressentent de la culpabilité, de la honte, à l'idée d'avoir pu « échouer ». C'est justement pour ces raisons qu'il convient de parler de sa situation, pour éviter l'enfermement.
Le deuxième conseil, directement lié au premier, est de contacter les organismes susceptibles de vous aider. La mairie de votre ville d'expatriation vous renseignera sur les aides locales et les conditions d'éligibilité. Votre ambassade ou consulat pourra également vous fournir de précieux renseignements.
Le troisième conseil est de vous faire accompagner pour faire le point sur votre situation : les difficultés financières sont-elles ponctuelles ou chroniques ? Votre précarité a-t-elle tendance à s'aggraver avec le temps ? Solliciter un soutien extérieur vous aidera à prendre du recul et vous donnera la force de vous projeter : faut-il changer de métier ? de secteur d'activité ? Faut-il reprendre ses études ou déménager dans une autre ville ? Faut-il rentrer au pays ? Un retour d'expatriation dans ces conditions n'a rien de honteux, mais est une étape de votre vie. Ce retour sera peut-être le point de départ d'un nouveau projet de vie.