Comment gérer le stress financier en expatriation ?

Vie pratique
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Publié le 2024-06-21 à 10:00 par Asaël Häzaq
Vous avez économisé des années pour votre projet d'expatriation. Votre visa est arrivé, vos valises sont prêtes, votre avion vous attend, votre nouvelle vie aussi. Mais la panique vous saisit dès votre premier jour dans le pays d'accueil : et si vous n'aviez pas assez économisé ? Aurez-vous suffisamment d'argent pour vivre à l'étranger ? Conseils pratiques pour s'expatrier sereinement.

Coût de la vie : la peur de manquer dans le pays d'expatriation

En expatriation, le stress lié à l'argent est tout à fait compréhensible. Il y a tout d'abord le stress qui survient durant le projet d'expatriation. Les frais s'accumulent au point, parfois, de remettre en cause le projet. N'avez-vous pas vu trop grand ? Les sommes engagées dans un projet d'expatriation peuvent refroidir. Frais de visa, éventuel coût de l'école à l'étranger, billets d'avion, assurance santé, loyer à l'étranger… Certains postes de dépense, comme le loyer, pèsent souvent lourd dans le budget.

La conjoncture n'aide pas à se projeter sereinement. Quelle situation économique traverse le pays d'accueil ? Est-il simple d'y trouver un emploi ? Quelles conditions de travail pour les étudiants étrangers ? Car même en partant avec de belles économies, vous devrez sans doute trouver un emploi. Plusieurs semaines ou mois passés dans le pays d'accueil sans parvenir à décrocher un petit boulot peuvent raviver vos craintes. Des craintes susceptibles de surgir alors même que vous avez encore les ressources pour tenir sans travailler. Car vous ne vous êtes pas expatrié pour puiser indéfiniment dans votre épargne… qui est loin d'être un puits sans fond. Vous vous sentez davantage vulnérable à l'étranger, car vous ne maîtrisez pas encore les codes : compter dans la monnaie locale s'apprend.

Stress et courses : apprendre à compter dans la monnaie locale

Que représentent vos finances dans la monnaie locale ? Votre devise est-elle plus forte ou moins forte que celle du pays d'expatriation ? Convertir son argent dans la monnaie locale est toujours un grand moment. On conseille d'ailleurs d'avoir avec soi de l'argent du pays d'expatriation pour se débrouiller les premiers jours. Les cartes bancaires, même celles ayant l'option internationale, réservent des surprises pas toujours heureuses. On ne compte plus les mésaventures d'expatriés coincés avec leur carte bleue inutilisable dans le pays d'accueil.

Mais comment compter dans la monnaie locale ? Là encore, l'opération « courses » peut vite devenir source de stress. Vous ne comprenez pas les étiquettes, ne savez pas si le prix affiché comprend ou non les taxes, cherchez en vain à comparer les prix au kilo… Vous craignez de mal faire vos courses, d'acheter trop cher un produit vendu à prix discount 300 mètres plus loin… Malgré vos recherches poussées sur Internet, vous devrez vous laisser le temps de défricher le terrain, de partir à la recherche des discounters, d'opter pour les modes de transports les moins chers, et même, de déménager, si vous constatez qu'un autre logement offre un meilleur rapport qualité-prix.

Pour évacuer le stress lié aux courses et compter dans la monnaie locale, commencez par arrêter de convertir tous les prix. Compter dans la monnaie de votre pays d'origine est le meilleur moyen de vous perdre. Partez plutôt des bases : 1 sera toujours un plus faible montant que 10 ou 20. Décortiquez les étiquettes : les prix ne sont pas forcément indiqués TTC (toutes taxes comprises). Au Japon, par exemple, les prix sont affichés hors taxes. Même système aux États-Unis, où chaque État fixe indépendamment ses taxes à la consommation.

Expatriation : comment gérer le stress lié à l'argent ?

Pour vous expatrier sereinement, faites un état des lieux : combien d'argent avez-vous ? Quelle est l'estimation de vos dépenses mensuelles dans le pays d'accueil ? Combien de temps pourriez-vous vivre sans travailler ? Si vous sentez que votre budget est trop juste, n'hésitez pas à reporter votre expatriation. Mieux vaut partir quelques mois plus tard, mais bien préparé financièrement, plutôt que de courir l'aventure en situation précaire.

Selon votre profil (travailleur étranger, étudiant…), préparez un plan d'attaque avant l'expatriation. Si vous souhaitez travailler à l'étranger, avez-vous déjà une promesse d'embauche ? Quelles seront les conditions de votre permis de travail ? Partez-vous à l'étranger justement pour trouver un emploi ? Si vous êtes étudiant, renseignez-vous sur vos conditions de travail : nombre d'heures autorisées, secteurs d'activités et rémunération.

Faites un cahier de comptes dès votre arrivée dans votre ville d'expatriation. Répertoriez toutes vos dépenses, conservez les tickets de caisse si besoin. Établir une stricte gestion de vos finances vous sert à visualiser concrètement vos dépenses et vos recettes, pour ajuster votre budget le cas échéant. Le cahier de compte sert aussi à vous ôter tout stress inutile : vous avez assez d'argent pour vivre à l'étranger.

Argent : la trousse de secours de l'expatrié

Avant de vous expatrier, prévoyez plusieurs « trousses de secours » : l'enveloppe « premiers jours de l'expatriation », l'enveloppe « imprévus », et l'enveloppe « retour ».

L'enveloppe « premiers jours de l'expatriation », pour avoir du liquide tout de suite

Vous venez d'arriver dans votre pays d'accueil. Vous avez suivi les recommandations générales concernant l'argent, en prévoyant du liquide, le temps d'ouvrir votre compte. Même si vous optez pour une néobanque, ayez sur vous de l'argent du pays d'expatriation. Vous paierez plus facilement vos premières dépenses (transports en commun, nourriture…). Prévoyez large : vous devez tenir au moins une semaine, au cas où vous auriez des difficultés avec votre carte bancaire.

L'enveloppe « imprévus », en cas de ressources moins importantes que prévu

Vous comptiez décrocher un petit boulot le mois suivant votre arrivée, mais n'avez rien trouvé au bout de 3 mois. Une bonne anticipation vous permettra de ne pas vous retrouver à découvert. Combien d'argent avez-vous économisé ? Pendant combien de mois pourriez-vous bien vivre à l'étranger (loyer, transports, nourriture…) sans travailler ?

L'enveloppe « retour », quand tout ne se passe pas comme prévu

Perte d'emploi à l'étranger, accident, soucis de santé, accumulation de petits boulots, coût des études plus onéreux que prévu… l'expatriation peut réserver de nombreux accidents de parcours. Selon votre situation, et si vous êtes éligible, vous pourriez également bénéficier des aides de l'État (une assurance chômage, par exemple). Mais si vous constatez malgré tout une détérioration de votre situation (votre épargne diminue drastiquement), il est plus sage de réfléchir à la poursuite de votre expatriation. Avez-vous financièrement les moyens de rester, ou vaut-il mieux rentrer au pays ? En cas de retour, avez-vous de quoi payer le billet ? L'enveloppe « retour » sert justement à vous assurer un retour serein au pays, au cas où l'expatriation tournerait court. Mais si tout se passe bien (ce qui est souvent le cas), l'enveloppe retour viendra gonfler votre épargne.