Un enjeu important pour les femmes
Les femmes tunisiennes ont joué un rôle très actif pendant la Révolution. Elles s'inquiètent, aujourd'hui, d'un possible retour en arrière si les islamistes l'emportaient. À l'entrée du local de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), avenue de la Liberté, à Tunis, une affiche de «Ni putes ni soumises». Ici, on accueille les femmes victimes de violence et on défend leurs droits. «Depuis la Révolution, on reçoit beaucoup plus de femmes. Avant, elles n'osaient pas. On était considéré comme un parti d'opposition».
«Ils vont tout faire pour nous interdire»
Amira Nefzaoui, 26 ans, est une des permanentes. Elle n'y va pas par quatre chemins. «On est en opposition totale avec Ennahdha. Avant la révolution, on a pris la défense de leurs militants emprisonnés et torturés, mais on n'a jamais soutenu ce parti». Comme beaucoup de femmes, Amira craint une victoire de Ennahdha. Il faut dire que la campagne virulente que mène, sur internet, le parti de Ghannouchi contre l'ATFD n'est pas de bon augure. «Pour eux, on est des laïques, des athées, des prostituées, on encourage l'homosexualité. S'ils passent, ils vont tout faire pour nous interdire.» L'ATFD réclame l'égalité entre filles et garçons dans l'héritage. Insupportable pour Ennahdha. Pour autant, le radicalisme de l'association ne fait pas forcément l'unanimité chez toutes les femmes progressistes. Elles font remarquer, comme Selma Jabbès, que le code de statut personnel est en beaucoup de points favorable à la femme. «Contrairement à l'homme, la femme a son salaire pour elle-même. Elle n'est pas tenue d'entretenir ses enfants ni ses parents. Les pères doivent prendre en charge les filles jusqu'à ce qu'elles se marient et les garçons jusqu'à leur majorité. Est-ce que les femmes qui réclament l'égalité dans l'héritage sont prêtes à perdre ces privilèges?»
«La Tunisie n'est pas l'Égypte»
Le statut de la femme tunisienne, le plus avancé de tous les pays arabes, serait-il menacé en cas de victoire des islamistes? Ali Zeddini, membre de la Ligue pour la défense des Droits de l'Homme, n'y croit pas. «La Tunisie, ce n'est pas l'Égypte». Sans doute pas une remise en cause du statut mais, pour le chercheur Hichem Abdessamad, il ne fait pas de doute que «les islamistes veulent une régression des moeurs». Une perspective que n'accepte pas Ines Abid, étudiante en médecine: «Si on touche à nos acquis, je suis prête à redescendre dans la rue.»
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