Des cacahuètes !
Mayotte, archipel de misère dans un océan de pauvreté, plus jeune département français, est un territoire en "sous-France". C’est le département le plus pauvre d’Europe avec les établissements scolaires les plus peuplés d’Europe.
Nous en connaissons tous les raisons.
Face à ces contingences, peu de fonctionnaires veulent tenter l’aventure aussi loin et préfèrent souvent un purgatoire plus familier à une expédition en territoire inconnu.
De tous temps, la France a étendu son empire en prenant des mesures incitatives pour que des travailleurs et des cadres puissent contribuer loin de leur village natal au rayonnement de la patrie… L’exemple de la Nouvelle-Calédonie en est une belle illustration. Ces compensations justifiées qui ont, le plus souvent, été étendues aux autochtones ont contribué largement au développement économique et structurel de ces territoires. En revanche, depuis de nombreuses années, elles sont devenues la cible de politiques qui aimeraient en finir avec "les danseuses de la France" et les singularités « exotiques », indemnitaires, fiscales ou autres avantages en matière de pensions de retraite…
Ces mesures se fracassent pourtant sur la realpolitik et sur les cordons de la bourse de Bercy qui pense peut-être que les cocotiers et le bleu du lagon suffiront à attirer des fonctionnaires en nombre à Mayotte.
Ce qui n’est pourtant plus le cas !
En quatre ans, le nombre de contractuels a explosé pour pallier le manque de fonctionnaires volontaires. En EPS, par exemple, plus d’un enseignant d’EPS sur 3 est contractuel. La discipline est passée de 12 contractuels en 2014 à 95 en 2018. Du reste, toutes disciplines confondues, nous nous dirigeons allègrement vers les 50% de recours au contrat (48% dans le second degré).
L’année 2018 concentre à elle seule les pires décisions de la puissance publique :
• Annulation des dernières fractions d’IE dégressives promises aux collègues arrivés en 2012
• Arrêt du versement de l’ISG aux néo-titulaires à la rentrée 2018.
La question est posée : comment attirer ou maintenir des fonctionnaires à Mayotte en leur versant des "cacahuètes" ?
La réponse est dans CAP 22 et dans les suppressions massives de postes de fonctionnaires.
Dans le même temps, le recours à l’emploi précaire est devenue la panacée.
Autre question d’actualité qui va poser de réels problèmes au nouveau recteur :
Comment devenir une académie à part entière avec des personnels qualifiés si on ne leur promet que des cacahuètes ?
Le comble, c’est qu’à partir de cette année un néo-contractuel bénéficiant d’un complément de rémunération de 5 mois de salaire pourrait avoir des revenus plus élevés qu’un professeur néo-titulaire.
C’est ça l’attractivité ? Un rectorat de plein exercice avec de moins en moins de fonctionnaires ?
Il est temps de penser sérieusement à l’avenir de Mayotte et plutôt que de parler d’égalité réelle ou de tout autre concept velléitaire, décider enfin que Mayotte doit devenir un département-région à part entière et une académie de plein exercice avec des fonctionnaires qualifiés. Le SNEP-FSU y participera sans aucune complaisance et avec l’ambition que mérite ce territoire trop souvent oublié de la République.
Pour les élu.es du SNEP-FSU
Guy
N. B. : C'est la déclaration liminaire à la CAP du mercredi 21 nov.
Il est préférable de venir à Mayotte en ayant toutes les infos concernant les indemnités et autres mesures qui aident à l'installation des primo-arrivants...