En octobre 2022, le monde craignait que la hausse du dollar n'alimente une nouvelle spirale inflationniste. L'on parlait alors de la « force implacable du roi dollar », assez puissant pour faire vaciller les monnaies des grandes économies, Japon, zone Euro et Royaume-Uni. En décembre, changement de ton : le dollar en léger repli, mais toujours fort, continuera d'être la valeur refuge de 2023. Les autres grandes monnaies, elles, continuent de dévisser. Mais quelques pays résistent, principalement dans les économies émergentes. Quelles conséquences pour les économies des expatriés ?
Ces monnaies qui résistent au dollar
C'est l'un des effets de la crise sanitaire, de la guerre en Ukraine et de l'inflation. Le dollar américain, valeur refuge historique, a plus que jamais porté son nom. Les investisseurs se sont massivement tournés vers la monnaie américaine, au détriment des autres. Les conséquences sont catastrophiques pour les devises des pays en développement. Tensions aussi sur les marchés européens, japonais et britanniques, avec des devises qui dévissent face au dollar. Certes, l'euro reprend des couleurs cette année. En mai 2023, la monnaie européenne enregistre une hausse de 3,1 % (4,6 % sur un an) et parvient de nouveau à dépasser le dollar. Les investisseurs retrouvent le goût du risque et délaissent quelque peu le dollar pour d'autres monnaies.
Mais alors que les grandes monnaies dégringolaient face au dollar, l'Arménie, l'Albanie et la Géorgie ont résisté à la chute. Étudiant la situation de 94 pays depuis 2020, FDi intelligence (affilié au Financial Times) recense 11 pays étudiés dont les devises se sont appréciées face au dollar américain. Le dram arménien (AMD) a ainsi bondi de près de 24 % par rapport au dollar. C'est la plus forte appréciation répertoriée dans l'étude. En juin, il fallait 386 AMD pour acheter 1 USD. En 2020, il fallait plutôt compter 481,27 AMD pour 1 USD. Le lek albanais (ALL) et le lari géorgien (GEL) sont les deux autres monnaies enregistrant les plus fortes hausses, avec respectivement +11,1 % et +10,1 %. Les autres monnaies à avoir résisté face au dollar sont le peso mexicain (+8,8 %), le franc suisse (+7,7 %), le colón costaricien (+5 %), la couronne tchèque (+3,9 %), la roupie seychelloise (+1,1 %), le lempira hondurien (+0,4 %) et le dollar de Singapour (+0,3 %).
Quel impact pour les finances des expatriés ?
Pour FDi intelligence, les causes de cette remontée des monnaies plus faibles sont à trouver du côté de la situation internationale. La guerre en Ukraine a conduit des multinationales implantées en Russie à se déplacer en Arménie. Une Arménie qui a également profité d'une augmentation importante des investissements directs étrangers (IDE). Le Liban et la Géorgie enregistrent eux aussi des hausses d'IDE.
Quelles implications pour les finances des expatriés ? On rappelle que le dollar reste la valeur refuge et la monnaie privilégiée pour les échanges. Les investisseurs peuvent être les premiers à scruter les cours des marchés. Les autres expatriés restent attentifs à l'évolution des marchés, en fonction de leur situation (voyage, placements, etc.).
Par exemple, la dégringolade du yen face au dollar et à l'euro peut profiter aux candidats à l'expatriation au Japon. La Banque du Japon (BoJ) a tablé sur un yen faible pour avoir des résultats positifs sur l'économie (notamment sur l'inflation), mais admet que la stratégie met en difficulté quelques secteurs. Le yen ne cesse d'atteindre des bas historiques. En octobre 2022, il fallait 147,80 yens pour obtenir 1 dollar, le plus bas niveau depuis 32 ans. Aujourd'hui, il faut 139,11 yens pour avoir 1 dollar. A contrario, le yen faible ne profite pas à ceux qui ont besoin de dollars ou d'euros (achats à faire, paiements dans des devises étrangères…).
Prudence aussi en ce qui concerne les assurances-vie et les investissements immobiliers, les deux placements préférés des expatriés. En fonction du contrat souscrit, ces placements peuvent perdre en performance. Par exemple, un contrat d'assurance-vie multisupport en unité de compte comprenant une grande part d'investissements dans divers plans étrangers sera potentiellement plus sensible aux variations des cours des devises. Raisonnement similaire en cas d'investissement immobilier à l'étranger, surtout si l'investissement vise une plus-value.