L'inflation a été l'un des sujets phare de 2022 et la première moitié de 2023. Et pour cause, il a impacté une grande partie du globe, dont les pays européens. Mais bonne nouvelle, d'après les dernières estimations, l'inflation ralentirait et serait même au plus bas dans certains pays.
Augmentation des prix, mesures prises et évolution
L'Europe a été confrontée à une inflation persistante depuis la crise de Covid-19, accentuée par la reprise économique et le conflit en Ukraine depuis février 2022. Les prix de l'énergie et des denrées alimentaires ont connu une augmentation exceptionnelle en raison de l'exportation de blé depuis l'Ukraine et la Russie. Malgré une légère baisse récente des prix de gros de l'énergie et des matières premières, l'impact sur le budget mensuel est ressenti par presque tous. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, souligne que le conflit en Ukraine a créé une incertitude économique considérable, provoquant une hausse de l'inflation et une réduction de la croissance. Toutefois, les signes récents indiquent un ralentissement de ce phénomène, principalement dans le secteur de l'énergie et de l'alimentation.
En France, le gouvernement a pris diverses mesures pour contrer la hausse des prix, telles qu'une prime exceptionnelle de rentrée, une revalorisation des prestations sociales, une prime sur la participation aux résultats des entreprises, des réductions sur les carburants et la suppression de la redevance audiovisuelle. Ces mesures visent à soutenir le pouvoir d'achat des Français face à l'inflation croissante.
En revanche, aux Pays-Bas, les banques ont augmenté leurs taux d'intérêt, après des années de taux bas. ING et ABN AMRO ont relevé les taux d'intérêt sur les comptes d'épargne, tandis que le gouvernement a mis fin aux avantages fiscaux sur le carburant. Ces mesures ont un impact sur les expatriés et les résidents étrangers, qui devront ajuster leur budget pour faire face à ces changements.
Mais l'augmentation des prix de l'énergie et des biens alimentaires est actuellement en phase de décélération. Très légère et bien souvent invisible, la tendance serait peut-être sur la bonne voie.
L'inflation allemande est au plus bas depuis mars 2022
L'un des signes positifs que l'inflation en Europe s'assagit est bien le cas de l'Allemagne. En effet, d'après les dernières estimations de l'office fédéral de la statistique, l'inflation en Allemagne a ralenti, atteignant son niveau le plus bas depuis mars 2022. C'est une bonne nouvelle pour la zone euro, car cela suggère une tendance positive après les bons résultats en France et en Espagne. Les prix à la consommation ont augmenté de 6,3% sur un an, mais ont diminué de 0,2% par rapport au mois précédent. Les économistes s'attendaient à une hausse plus élevée de l'inflation. Ces chiffres, associés à une croissance économique faible, laissent supposer que la Banque centrale européenne sera probablement prudente dans l'augmentation de ses taux d'intérêt. Une mesure de transport subventionné en Allemagne a contribué à atténuer les pressions inflationnistes. Les données récentes suggèrent que l'inflation dans la zone euro a peut-être baissé davantage que prévu en mai. Les responsables de la banque centrale sont prudents et ne semblent pas vouloir discuter de politiques monétaires au-delà de juillet. Une baisse plus significative de l'inflation n'est probable qu'à l'automne, lorsque la croissance des salaires dans les services ralentira.
Ce n'est pas le seul pays où on constate une baisse du taux d'inflation. En Espagne, la tendance s'inverse également, notamment concernant l'énergie. En effet, l'inflation a chuté de manière spectaculaire en mars, passant de 6% à 3,3% en raison de la baisse des prix de l'énergie. Cependant, l'inflation pour les autres produits reste élevée à 7,5%. Cette baisse des prix de l'énergie a contribué à ralentir l'inflation globale, ce qui est une bonne nouvelle pour le gouvernement espagnol qui a pris des mesures pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages. En comparaison avec d'autres pays de la zone euro, l'Espagne se trouve dans une situation plus favorable, avec une inflation plus faible.
Selon les prévisions de la Banque centrale européenne, l'inflation devrait continuer à diminuer progressivement cette année.
Qu'en pensent les expats dans les pays européens ?
La hausse des prix et la réduction de certains avantages ont beaucoup impacté les expats et certains d'entre eux ont leur mot à dire sur la question. C'est le cas de Jean-Luc, expatrié en Allemagne qui a un avis clair sur la question : « Je pense que l'inflation va rester forte pour un bon moment ». Il poursuit avec des explications : « La guerre en Ukraine continue ; le coût de l'électricité va continuer d'augmenter, à cause de la transition énergétique décidée par le gouvernement Merkel, amplifiée par la coalition actuelle avec leurs réformes venues d'en haut ; les investissements sont colossaux. Cela inquiète la population et rend la production allemande plus chère, donc aussi le coût de production des matériaux de constructions donc des loyers. Les taux d'intérêt montent, rendant l'argent plus cher. Les salaires ont bien augmenté, mais restent en dessous de l'inflation et vont continuer à alimenter le mécanisme financier, donc la spirale de l'inflation. ».
Anne-Françoise, expat française, nous aussi livré ses impressions : « Au final, il faut s'attendre et se résigner à une inflation de 20 % dans toute la zone euro. Car pendant la période Covid, la Banque centrale européenne a fait marcher la planche à billets pour faire face aux dépenses : vaccins, médicaments onéreux, confinements, chômage technique, etc. La masse monétaire augmentant globalement dans la zone euro, chaque euro diminue de valeur, surtout pour les échanges commerciaux avec le reste du monde. Il y a eu une dévaluation de l'euro réalisée de façon tout à fait consciente par les dirigeants européens, qui n'avaient guère d'autres options. Le "quoi qu'il en coûte" a toujours un prix, même s'il est différé de quelques mois, et la guerre en Ukraine ne peut pas tout expliquer. Comme nous l'avons constaté, cette dévaluation est une mauvaise nouvelle pour l'achat de matières premières notamment énergétiques, mais éventuellement, une bonne nouvelle pour l'exportation de produits et services à haute valeur ajoutée, ou pour la relocalisation d'industries manufacturières en Europe. Une preuve concrète de tout cela : avant la Covid, il fallait 1,20 franc suisse pour 1 euro. Depuis 1 an, il y a parité à quelques centimes près dans un sens ou dans l'autre. Mais ce n'est pas le franc suisse qui s'est renchéri, c'est l'euro qui a perdu environ 17% de sa valeur, les 3% de hausse supplémentaire des prix pouvant être mis sur le compte de la guerre en Ukraine, de l'inflation ordinaire, ou d'une augmentation de certains profits ».
S'il est encore trop tôt pour mesurer l'impact de cette baisse de l'inflation et en déterminer l'impact sur le quotidien des expatriés en Europe, il est toutefois prudent de dire que l'avenir n'est peut-être pas si sombre qu'il en avait l'air il y a quelques mois.