Ce n’est pas étonnant c’est devenu invivable en Belgique
-@emily05
Bonjour,
Moi-même Belge, mais expatriée de puis 33 ans, je serais intéressée de savoir ce que vous entendez par "invivable".
Personnellement, si je me rappelle les raisons de mon départ, il y en avait plusieurs:
- C'est une société très solidaire au travers de différents réseaux: Eglise catholique, Franc-Maçonnerie, syndicats, partis politiques, mais finalement l'individu ne sait plus s'il atteint telle ou telle position sociale et professionnelle grâce à ses qualités propres, ou bien parce qu'il a bénéficié des bons soutiens.
- En tant que Wallonne ne maîtrisant pas le néerlandais (mais bien l'anglais et l'allemand à l'époque), je me heurtais sans cesse à la question linguistique, qui m'a beaucoup moins préoccupée une fois installée en Suisse, où pourtant il y a 4 langues nationales.
- Une pression fiscale invraisemblable qui vous décourage de travailler: mon salaire mensuel brut en 1990 était de 54 000 francs belges (ce qui ferait 1340 euros) + les primes pour horaire variable. Mon dernier mois de travail comme infirmière en CHU, j'ai fait tellement de nuits et de jours fériés que j'ai gagné 10 000 F (250 euros) de primes. Et en net ce mois-là, une fois les impôts et les cotisations sociales déduites, j'ai perçu 33 000 F (soit 820 euros; 39 % de retenues) plus 3000 F de primes (soit 75 euros; 70 % de retenues !!!) ; sur un salaire pas du tout mirobolant et marqué par la pénibilité, j'ai eu 43,75 % de retenues globales. Pour vivre en célibataire confortablement, avec ces revenus, il fallait choisir entre le véhicule, pourtant indispensable pour se rendre au travail dans un nouveau bâtiment hospitalier encore mal desservi par les transports en commun, et les vacances annuelles. J'ai résolu le dilemme en partant exercer ma profession à l'étranger ...
- Des employeurs qui ne favorisent pas votre progression professionnelle:
-Dans les services publics, des nominations promises de longue date, mais qui mettent des années à se faire (ma mère enseignante dans le 2aire: jamais nommée en 15 ans de carrière; mon père nommé dans l'enseignement supérieur à 48 ans).
-J'ai le souvenir cuisant de ma Directrice des soins infirmiers au CHU qui avait pu faire une licence en Sciences hospitalières grâce à des dispositifs de soutien à la formation (crédit temps) qui existaient au CPAS de Liège à l'époque; dès sa nomination au CHU, elle a supprimé ce dispositif, retirant ainsi derrière elle l'échelle sur laquelle elle avait pu s'élever... Alors évidemment, quand arrivée en Suisse, au bout d'une seule année de travail, on m'a proposé spontanément de faire, tous frais payés, une spécialisation d'Infirmière clinicienne, je me suis crue au paradis des travailleurs.
Cela dit, l'expatriation n'est pas sans épines: j'ai bien mis 20 ans à faire le deuil de ma Ville: Liège.
Quand j'y retourne aujourd'hui, outre des travaux ubuesques où l'on réinstalle des rails de tramway que l'on s'était acharné à retirer dans les années 65-80, je trouve les gens très stressés en général, et souvent dans la plainte.