Aux Philippines, le changement d'habitudes le plus éprouvant, pour un Français, concerne la nourriture.
Il faut s'adapter à une cuisine différente et pas souvent à notre goût! Le riz omniprésent n'est pas un problème; ce qui pose problème c'est de devoir manger des plats qui pour nos palais sont souvent trop huileux, trop sucrés, trop mous, trop salés...La découpe des ingrédients (légumes, viandes, poissons...) est souvent grossière, avec de gros bouts coupés n'importe comment, des éclats d'os, des écailles...Ensuite, c'est souvent servi presque froid, ou à peine tiède, sans aucun souci de présentation. Pas de dessert non plus, ni de café de fin de repas au programme!!!
Par ailleurs, le repas est pris n'importe où...A la maison, en famille, j'ai du mal à réunir tout le monde autour de la table. Ma compagne préfère manger assise par terre, les enfants ici et là, devant la télé...Le repas n'est pas ce moment de partage et d'échange auquel nous sommes habitués.
Au restaurant, idem. On mange sans beaucoup se parler, très vite et on ressort aussi très vite, une fois la dernière bouchée avalée...
Du coup, il faut trouver d'autres temps et d'autres lieux que les repas pour s'exprimer et échanger...
Autre changement: celui de la notion de qualité de vie.
En France, on aime la tranquillité, le calme...Ici, c'est tout le contraire. Pour se sentir bien, il faut qu'il y ait du monde, du bruit, de l'activité...
En France, on aime le soleil, le grand air, l'exercice physique...Ici, on passe son temps à inventer des stratégies pour ne pas recevoir le moindre rayon de soleil et on ne fait pas cent mètres à pieds, préférant l'inconfort du Jeepney au plaisir de la marche.
Il faut aussi s'habituer à ne jamais être seul. Etre seul est considéré comme une malédiction ici et ceux qui vous aiment ont à coeur que vous ne soyiez jamais seul...Parfois, c'est étouffant!
Et puis il faut se faire au "temps philippin". Tout est extèmement compliqué et lent, dès qu'on se lance dans une démarche officielle; qu'il s'agisse de retirer un bulletin de naissance, de faire faire un passeport ou d'inscrire un enfant à l'école...Alors, pour faire avancer les choses plus vite, il faut aussi se faire à la "corruption". Avec un petit billet glissé en douce à l'employée, dans les toilettes, le document impossible à obtenir 5 minutes auparavant sera délivré en quelques secondes, comme par enchantement!
Mais bon, tout ce que je dis là ne concerne que ceux qui ont fait le choix, comme moi, de s'immerger totalement dans le pays. Ces choses seront vécues differemment par ceux qui restent entre "expats" et pour lesquels les Philippines ne sont qu'un décor et les philippins des figurants...