C'est l'histoire d'un mec...
Il se souvient, quand gamin en culottes courtes il jouait aux billes devant la barre HLM de blocs dans lequel il habitait chez ses parents au 4ème étage sans ascenseur.
A l'école du quartier où il se rendait il n'était pas vraiment un élève brillant mais il avait appris à lire, à écrire et à calculer la surface d'un champs rectangulaire. Puis vers l'âge de quatorze ans un évènement peu ordinaire amena de la vie dans la citée quand arrivèrent les peintres italien pour repeindre la façade des blocs HLM en béton d'un blanc cassé avec un sous-bassement en gris souris effrayée. Ils chantaient à tue-tête des "Oh! sole mio... Oh quatzo duro"... le mec ne comprenait pas les paroles mais à force de les entendre, il avait retenu ces paroles.
Puis il avait atteint l'âge de se présenter au certificat d'études primaires et loin d'avoir eu des notes d'excellence il passa tout de même cette épreuve avec un peu de mal. Puis comme nombreux de ses camarades de classe il fallait commencer à travailler. Mais quoi faire quand on a quatorze ans et aucune idée de ce que pouvait être un travail, à part la corvée de fioul qui consistait à descendre tous les jours dans la cave avec le récipient en fer blanc chercher du fioul pour remplir le réservoir du poêle à mazout qui trônait dans le couloir et qui chauffait tout le logement qui se composait d'une petite cuisine, d'une salle de bain avec baignoire sabot, d'un Wc, salon-salle à manger et de deux chambres à coucher.
Un jour son père, chaudronnier qui rentrait du travail de l'usine de métallurgie dit à sa mère qu'il avait vu une affiche sur la porte du garage automobile qui se trouvait sur son chemin. Ils cherchaient un apprenti mécano. Et sans même poser la question à son fils l'emmena dès le lendemain pour le présenter au patron du garage. Pendant que son père discutait avec le garagiste, lui, un peu désœuvré et ne comprenant pas ce qui se tramait, observa un plaque émaillée accrochée au mur du garage et sur laquelle un femme souriante était debout à côté d'une belle voiture de marque Frégate.
Mais bientôt son père l'arracha à ses rêveries et lui tint à peu près ce langage: "Mon garçon, tu as l'âge de travailler et demain tu commences comme apprenti mécanicien. On va t'acheter une combinaison et tu commences demain matin à huit heure moins le quart".
Le lendemain le mec se présenta devant le garage et dans un bruit assourdissant la porte métallique à enroulement se leva lentement et une odeur d'huile de vidange mélangée au cambouis fut la première chose qu'il apprit à connaître. Il allait si bien connaître cette odeur qu'au bout d'un certain temps elle lui fut devenue si familière qu'il n'y prêtât plus attention.
Après une période de nettoyage des outils et ayant observé pendant de longues heures les pieds de son patron qui dépassaient du dessous des voiture en attendant que son patron lui demande de lui passer une clé à pipe de dix sept ou un tournevis cruciforme il eu le droit de changer des plaquette de frein et de faire les vidanges. Au bout de trois années où il a appris pas mal de choses concernant les deux CV, les 4 chevaux et même la mécanique des dauphines et des Simca aronde, il obtint de justesse son CAP et avec son nouveau statut d'ouvrier il commença à gagner ses premiers sous.
Il adorait aller au bal du samedi soir ou des orchestres musettes faisaient entendre leur musique modernes comme par exemple: "j'entends siffler le train" ou encore "je serait la plus bêêlleu pour aller danser". Bien sûr il ne se prenait pas pour l'idole des jeunes car avec les jeunes filles il se prenait plutôt des râteaux. Mais quand la sève monte en lui, il essaie de mettre tous les atouts de son côté avec de la brillantine dans les cheveux et quelques goutte de parfum bon marché sous les aisselles et même une goutte dans le slip... on ne sait jamais.
Mais à chaque fois en faisant le tour des tables, c'était une véritable collection de râteaux qu'il amassait car aucune des jeunes filles attablées n'étaient intéressées pour danser avec lui.
Un peu découragé, il allait s'assoir devant son panaché de bière quand il vit à une table seule, assise devant des verres à moitié vides de diabolo menthe, de limonade et une bouteille d'Orangina d'où dépassait une paille jaune une jeune fille aux cheveux raides, jaunes et qui sentaient le Dop tonic.
Il l'avait déjà remarqué à plusieurs reprises et elle semblait être la gardienne des sacs accrochés aux dossiers des chaises car on ne la voyait jamais danser comme ses camarades. Finalement le mec se dit que bon, plutôt que de se morfondre devant son verre de panaché autant essayer sa chance avec cette jeune personne que personne ne voulait inviter. Avant même qu'il ait fait la demande traditionnelle: "voulez-vous danser mademoiselle" elle était déjà debout et c'est en bousculant deux ou trois chaises qu'elle se rendit au bord de la piste de danse.
Gauchement il posa sa main sur la taille de la jeune personne en face de lui et ne sachant pas vraiment quoi faire de l'autre main, il la posa de l'autre côté de la taille de la jeune personne qui mit ses mains sur les épaules du mec. La boule à facettes de miroir qui jetait des raies de lumière, l'odeur du tabac qui flottait dans l'air, la musique douce d'un slow avait donné une curieuse impression de bien être d'autant que la jeune personne avec qui il dansait s'était sensiblement rapprochée de lui et il n'y avait plus que quelques centimètres entre leurs visages avant que le couple qui dansait à leur côté avec les yeux fermés les bouscule un peu, ce qui eu pour conséquence que leurs corps se touchèrent... mais elle ne semblait pas trouver cela désagréable et il continuèrent à danser serrés l'un contre l'autre et le mec se dit que ce n'était pas si désagréable... même si la jeune personne qu'il tenait dans ses bras et avec qui il continuait à danser joue contre joue n'était pas une reine de beauté. Mais tout a un bout... sauf le saucisson qui en a deux. Donc la vie reprenait son train-train quotidien sauf qu'il avait trouvé une petite amie car avant de la quitter à quatre heures du matin, il avait réussi à lui filer un rancard pour le dimanche suivant et il l'emmènerait au cinéma voir le Bébel national dans "à bout de souffle".
Les mois passèrent jusqu'au service militaire où il dût se séparer de sa petite amie pour remplir son devoir national car on ne rigolait pas avec cela de ce temps là. En rentrant de son service militaire il retrouva sa jeune amie qui faisait déjà des projets d'avenir et se languissait de pouvoir vivre avec le seul homme de sa vie.
Et comme lui-même n'avait pas connu de vie amoureuse tumultueuse, ils décidèrent de se marier et de fonder une famille. Ils avaient trouvé un logement dans le bloc HLM pas trop loin de ses parents et petit à petit au fur et à mesure que rentraient les salaires en fin de mois, ils acquirent leurs meubles assez sommaires car le salaire n'était pas très faramineux sauf une fois où le mec a pu changer le disque d'embrayage d'un copain pendant le week-end et que le copain l'a payé rubis sur l'ongle, même si le travail était au noir.
A cette époque la télé était encore un luxe que très peu de personnes pouvaient s'offrir alors après avoir mangé sa soupe du soir, on allait au lit et on faisait des gosses. On s'émerveillait devant le premier bébé puis les autres suivirent et la vie commença à devenir un long fleuve tranquille avec ses "vélo, boulot, dodo". Les années passèrent, les grosses grandissaient et bientôt quittèrent à leur tour le nid familial et la retraite approchant, le mec commença à faire des rêves de plus en plus fréquents d'une vie sous les cocotiers avec une belle fleur des îles qui lui passait tendrement de l'huile de bronzage sur son corps couleur lavabo.
Cela faisait des années lumières qu'il n'avait plus honoré sa femme qui avec sa robe de chambre rose et ses pantoufles ne dégageait plus vraiment une attirance physique.
Et c'est ainsi, en Googlant sur le site expat.com qu'il recommença à rêver car il y avait rencontré une charmante personne couleur cacao qui lui faisait des promesses trop tentantes pour qu'on puisse douter que les sentiments de cette personne puissent être différents des siens...
La prochaine fois si je rêve encore, je vous conterait l'histoire d'un autre mec qui s'est épris d'une fleur de Madagascar.
Gaston