Comment s'assurer d'un bon suivi médical quand on vit à l'étranger

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Écrit par Helena Delbecq le 24 juillet, 2024
C'est l'une des questions majeures lors d'un départ en expatriation : de quel suivi médical pourra-t-on bénéficier ? Les différents systèmes de santé ont en effet leurs caractéristiques propres (caisses privées, publiques) avec des prestations qui diffèrent d'un pays à l'autre en matière de suivi et de prévention médicale. Comment s'y retrouver pour ne rater aucune étape, du calendrier vaccinal aux examens de routine, en passant par les consultations recommandées à partir d'un certain âge ?

La prévention et le suivi médical : des variations d'un pays à l'autre  

Des recommandations de santé homogènes à l'échelle internationale ? Les choses seraient ainsi plus aisées pour les expatriés qui déménagent d'un pays à l'autre mais il faut encore composer avec les différents facteurs que sont les politiques gouvernementales, les ressources disponibles et les priorités fixées dans chaque pays en matière de santé publique. 

Les choses peuvent ainsi s'avérer délicates pour le suivi médical des enfants notamment, si l'on considère en particulier les vaccins et le calendrier à respecter. En France, 11 vaccins sont obligatoires depuis 2018 tandis qu'aux États-Unis leur nombre est variable en fonction des différents États. Il s'agit, par ailleurs, de recommandations et non d'une obligation vaccinale. Y compris au sein de pays imposant les mêmes vaccins, on trouve parfois des différences significatives de calendrier. En Allemagne par exemple, le  rappel des vaccins de la diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite se situe entre l'âge de 9 et 16 ans alors qu'en France, il est recommandé de l'effectuer entre 11 et 13 ans. De quoi être perplexe quand on quitte un système pour un autre… Le conseil prodigué par les médecins est, dans ces cas-là, de vous en tenir aux recommandations et au calendrier avec lequel l'enfant a commencé son parcours vaccinal. Il faudra dès lors vous organiser avec son pédiatre pour administrer la vaccination un peu plus tôt ou un peu plus tard, selon le cas de figure, et pour vous procurer le vaccin s'il n'est pas habituellement dispensé dans le pays d'accueil. 

Côté adulte, au niveau du suivi médical, on trouve aussi des variations considérables. Si la plupart des pays recommandent un check-up médical régulier, les fréquences vont d'une fois par an à tous les 3 ou 5 ans. Le National Health Service (NHS) au Royaume-Uni offre ainsi aux adultes âgés de 40 à 74 ans un check-up tous les cinq ans (en dehors du cas de personnes à risques particuliers). Au Japon, en comparaison, le « Ningen Dock » est recommandé annuellement, une des pistes possibles d'ailleurs pouvant expliquer la longévité des Japonais. 

Là où la plupart des bilans de santé annuels ne comprennent qu'une prise de sang et un examen physique général, incluant la mesure de la tension artérielle, le « Ningen Dock » présente l'avantage d'offrir un package très complet : test gastro-intestinal supérieur et de fonction physiologique, un test d'urine, de selles, un examen radiographique, une échographie abdominale, un test sanguin complet ainsi qu'un examen gynécologique. Suivi et prévention de base sont donc plus étroitement intégrés par ce système de check-up au Japon. 

Beaucoup de pays disposent aussi, bien entendu, d'un bon système de prévention, surtout avec l'avancée en âge mais les recommandations restent très variables d'un pays à l'autre, notamment pour le dépistage des cancers. En Espagne, par exemple, une mammographie est préconisée tous les deux ans pour les femmes entre 50 et 69 ans tandis qu'en Australie, la recommandation s'applique aux femmes à partir de 40 ans. De même, les recommandations en matière de test pour dépister un cancer colorectal fluctuent en fonction des politiques de santé publique. 

Pour les personnes plus âgées, s'ajoutent communément des tests complémentaires tels que le dépistage de l'ostéoporose, des troubles sensoriels, de la santé mentale et cognitive, l'évaluation des risques de chute ou encore la recommandation de certains vaccins tels que celui de la grippe. Ce dernier exemple souligne encore les différences de prévention qu'on peut trouver en fonction des pays : en France, la vaccination contre la grippe est gratuite à partir de l'âge de 65 ans tandis qu'en Espagne, elle est certes recommandée mais pas forcément prise en charge par la sécurité sociale.    

Le suivi pour les dents présente la même disparité : certains pays incluent un contrôle et un détartrage annuel tandis qu'il faut avoir une assurance complémentaire dans d'autres (en Suisse, par exemple) pour bénéficier d'un suivi dentaire. 

Expatriés : quels bons réflexes adopter pour la prévention et le suivi santé ? 

On l'a vu, il n'est pas toujours facile de se repérer dans les différentes recommandations et systèmes de santé à l'étranger. Le premier réflexe avant de partir serait d'effectuer un examen de santé complet. Parfois appelés « bilan de santé expatrié », ils devraient vous être proposés par l'employeur qui vous envoie en expatriation. Ces types d'examen prennent nécessairement en compte le pays où vous vous installez et la prévalence de certaines maladies dans la zone géographique cible. Plusieurs vaccins tels que l'hépatite A ou le vaccin contre la fièvre jaune peuvent vous êtres spécifiquement recommandés. Certaines précautions alimentaires et recommandations d'hygiène ne sont pas non plus à ignorer en fonction des destinations dites « à risque ». Dans tous les cas, vous trouverez sur le site du consulat de votre pays de destination, les principales recommandations en matière de santé. 

Si votre employeur inclut à votre contrat une assurance santé internationale, le plus simple est d'étudier en amont les différentes prestations qu'elle propose en matière de suivi et de prévention. Les assurances mettent à disposition différents packages. À vous de vous assurer qu'ils correspondent bien à vos besoins et qu'ils comprennent un bilan santé régulier ainsi que les autres consultations de routine à effectuer à  titre préventif. Ce type d'assurance santé international couvre en général au-delà du strict minimum proposé par les caisses maladies nationales quand vous êtes assuré par le système public. À titre d'exemple, nous avons effectué une simulation pour un expatrié de 40 ans en Thaïlande. La cotisation s'élèvera mensuellement autour de 300 à 500 euros pour la prise en charge de soins courants, d'hospitalisation, optiques et dentaires. 

Il faut ensuite regarder dans le détail pour la prise en charge du suivi et de la prévention médicale. Pour se faire une idée : l'une des offres de la simulation propose, par exemple, un bilan de santé annuel, incluant le dépistage de cancers, à hauteur d'un coût de 400 euros par an.

À noter que l'assurance santé internationale couvre également vos soins dans votre pays d'origine (en cas de déplacement ou de vacances). Il s'agit peut-être pour vous d'une option à envisager si vous n'êtes pas familier avec le suivi et la prévention médicale opérés dans votre pays d'accueil.     

Si vous dépendez intégralement du système de santé sur place, il vous faudra dès lors suivre les recommandations locales en matière de suivi et de prévention. Tentez d'avoir une vision claire de l'ensemble des examens habituellement réalisés pour la prévention et le suivi en vous rendant sur le site de la caisse maladie locale. Avec un peu de chance, les explications seront également fournies en anglais. En cas de doute ou d'incompréhension, faites-vous aider par votre employeur ou par la communauté des expatriés. Il est souvent difficile, en effet, de se repérer dans un système qu'on ne maîtrise pas.

Vous êtes perdu dans ce dédale de recommandations différentes? Pensez aux applications de santé et aux services de télémédecine qui se développent à grande vitesse ces dernières années. Il existe de nombreuses applications qui permettent de superviser et de gérer sa santé : conseils au quotidien, rappel pour les visites médicales et les médicaments. Consultez, par exemple, l'application Medisafe (plus spécifiquement pour les médicaments) ou encore Ada. De nombreux gouvernements développent par ailleurs leurs services de télémédecine. L'avantage, comme pour les applications : rester connecté à des services que vous maîtrisez mieux, soit parce qu'ils sont issus de recommandations de votre pays avec lesquelles vous êtes familiers, soit parce que vous en maîtrisez la langue. Pour avoir une idée des services de télémédecine proposés, consultez, par exemple, le site de Canada Health Infoway ou tapez tout simplement « service de télémédecine » dans la langue du pays qui vous concerne.