Les virus hivernaux actuellement en circulation rappellent au monde que les risques sanitaires restent une réalité. La Covid-19 est également toujours là, et continue d'être surveillée par les autorités sanitaires. Comment préparer son expatriation et protéger sa santé ? Point sur les virus sous surveillance et conseils aux expats.
Bactéries résistantes aux antibiotiques
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les bactéries résistant aux antibiotiques constituent « la plus grande menace pour la santé humaine ». Le risque sanitaire est majeur, car la résistance aux antimicrobiens (RAM) oblige au développement de traitements toujours plus complexes pour soigner les maladies. L'antibiorésistance (résistance aux antibiotiques) fait courir un risque critique pour l'humanité. Le 17 mai 2024, l'OMS publie une liste de 24 bactéries résistantes aux antibiotiques, réparties en 15 familles, classées selon leur degré de résistance. D'après un rapport de l'OMS publié le 21 novembre 2023, la résistance aux antimicrobiens (AMR) est directement responsable de 1,27 million de décès en 2019. Rien qu'en Europe, la résistance aux antibiotiques tue environ 35 000 personnes chaque année. La Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et la France font partie des pays où l'on consomme le plus d'antibiotiques. Tous les États sont néanmoins concernés par la surconsommation d'antibiotiques.
Le conseil pour les expatriés
L'antibiorésistance résulte souvent d'un usage abusif des antibiotiques. Les maladies deviennent plus difficiles à traiter. Plus vulnérable, vous risquez de développer des infections graves. L'OMS rappelle que les antibiotiques (prescrits en grande partie par les médecins de ville) servent uniquement à lutter contre des infections causées par des bactéries (pneumonie bactérienne, angine bactérienne, otite, infection urinaire…). Ils sont en revanche inefficaces pour traiter les maladies virales (la plupart des angines, grippe, rhinopharyngite, bronchite aïgue, gastro-entérite…). À l'étranger, suivez les mesures d'hygiène de base. Si vous tombez malade, évitez l'auto-médication. Ne prenez pas les antibiotiques d'une autre personne. Suivez les recommandations de votre médecin. En général, le repos, une bonne alimentation et quelques médicaments de base (paracétamol, sirop contre la toux…) suffisent à lutter contre la maladie.
Grippe
Surveillance renforcée sur les virus grippaux. Cette saison hivernale est particulièrement rude, avec de nombreux États frappés par la grippe. Si le virus A (H1N1)pdm09 est actuellement le plus détecté, les virus B-Victoria et A (H3N2) sont également très actifs. Aux États-Unis, les tests positifs sont en hausse de près de 20 %. Les Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) américains comptent au moins 5,3 millions de cas, 63 000 hospitalisations et 2 700 décès. Ils recommandent le vaccin contre la grippe dès 6 mois. Alerte rouge en Europe, où le taux de vaccination des plus de 65 ans baisse malgré le pic épidémique. Seuls le Danemark (78%) et l'Irelande (76%) dépassent l'objectif européen de vaccination, fixé à 75 %. Le taux baisse dans plusieurs pays comme la France et l'Italie (54 et 53%), l'Islande (47%). Il dépasse à peine les 10 % en Pologne et en Slovaquie (12%). La grippe tue pourtant plus de 27 000 personnes chaque année sur le continent.
Le Canada comptabilise 4 495 cas positifs la première semaine de janvier (+11,3%). L'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Émirats arabes unis, le Japon (près de 320 000 cas fin décembre 2024) font également face à un pic de contaminations. L'OMS rappelle que chaque année, la grippe touche environ 1 milliard de personnes. 3 à 5 millions font des formes graves de la maladie.
Conseil pour les expatriés
Si vous avez 65 ans et plus, votre pays d'accueil vous a certainement invité à vous faire vacciner. Le vaccin est aussi recommandé pour les femmes enceintes, les moins de 65 ans et les nourrissons (à partir de 6 mois) souffrant de maladies chroniques, et les personnes en situation d'obésité. Si vous faites partie de ces populations à risque, le vaccin sera généralement gratuit. Vérifiez cependant les règles en vigueur dans votre pays d'expatriation. L'entourage des personnes fragiles et les professionnels de santé sont aussi appelés à se faire vacciner. Si vous vous trouvez dans l'une de ces situations, vérifiez votre éligibilité auprès des autorités de santé de votre pays. Mêmes précautions si vous préparez votre expatriation (avec ou sans enfants). Les autorités sanitaires constatent que cette saison grippale touche particulièrement les plus jeunes, notamment les jeunes adultes et les adolescents. Certains expats craignent des effets secondaires en cumulant le vaccin contre la Covid et contre la grippe. Il est au contraire recommandé d'effectuer les deux.
Covid-19 (Sars-CoV-2)
On n'en parle presque plus, mais elle est toujours là, avec ses variants. Le dernier en date se nomme XEC. Détecté premièrement en Allemagne, il s'est rapidement propagé en Europe, puis aux États-Unis et en Chine. Variant d'Omicron (lui-même variant du Sars-CoV-2), il présente un fort taux de transmission. Les vaccins actuels sont cependant efficaces pour lutter contre XEC. Si le Sars-CoV-2 est sorti de la catégorie des « urgences mondiales », il présente toujours un risque sanitaire à surveiller. D'après l'OMS, la Covid-19 a causé plus de 7 millions de décès. L'Organisation estime néanmoins que ce chiffre serait à multiplier par 3. En août 2024, l'OMS observe que la Covid-19 « circule dans tous les pays ». Le Canada, les États-Unis et la France font partie des pays connaissant actuellement une hausse des cas.
Conseil pour les expatriés
Futur expatrié ou résident étranger, soyez à jour de vos vaccins. Des campagnes vaccinales sont toujours effectuées par les États. Vérifiez si votre pays d'accueil prend en charge la vaccination contre la Covid-19. En plus de la vaccination, continuer d'observer les gestes barrières : se laver les mains, avoir du gel hydroalcoolique au cas où l'on ne peut pas se laver les mains avec du savon et de l'eau, se moucher dans un mouchoir à usage unique que l'on jettera, éviter les embrassades et les serrages de main, tousser dans le pli du coude, aérer régulièrement son intérieur. Si vous êtes malade (Covid ou autre pathologie), portez un masque, reposez-vous (évitez les sorties) et observez les autres gestes barrières. Portez également un masque dans les lieux fréquentés ou mal ventilés. Attention : certains établissements (hôpitaux...) ont réintroduit le port du masque obligatoire. Renseignez-vous au besoin et appliquez les consignes en vigueur.
MPOX
En novembre 2024, l'OMS maintient « son plus haut niveau d'alerte concernant l'épidémie de mpox » (alerte déclenchée en 2022). Le virus se transmet de l'animal à l'humain (zoonose). La maladie du même nom se présente généralement comme une forme moins sévère de la variole humaine : éruption cutanée accompagnée ou précédée de fièvre ou de ganglions. Une transmission interhumaine est possible par contact direct (fluides corporels, lésions cutanées…) ou indirect (contact avec des objets contaminés). Les malades guérissent souvent entre 2 à 3 semaines. Si le virus est initialement présent en Afrique Centrale et en Afrique de l'Ouest (plus de 20 000 cas en République démocratique du Congo, pays le plus touché), l'OMS observe une hausse des cas dans le reste du monde, depuis 2022 : Europe (28 682 cas et 9 décès), États-Unis (23 998 cas), Canada, Chine, Pakistan, etc. Au 7 janvier 2025, on compte 117 663 cas dans 122 pays, dont 115 qui n'avaient jamais été en contact avec le virus. Un variant (mpox clade 1b) est apparu depuis l'été 2024 dans au moins 5 pays européens : l'Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni, la Suède, et la France (un cas le 6 janvier 2025).
Conseil pour les expatriés
Un vaccin contre le mpox existe. Face à la flambée de cas aux États-Unis, les autorités ont lancé des campagnes de vaccination. Réaction similaire des autorités sanitaires européennes, qui rappellent que l'immunité de la population mondiale a presque totalement disparu du fait de l'arrêt de la vaccination antivariolique au début des années 1980. En cas d'expatriation, on vous recommande la vaccination si vous êtes à « haut risque d'exposition au virus ». Vous êtes notamment concerné si vous êtes un homme ayant des relations sexuelles avec un autre homme ou plusieurs partenaires, si vous êtes une femme en couple avec un homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, si vous êtes une personne trans ayant des partenaires sexuels multiples. Vous êtes également concerné si vous avez des partenaires sexuels occasionnels ou si vous vivez avec des personnes fortement exposées au virus. La vaccination vous sera recommandée, quel que soit votre pays d'expatriation.
Vaccinez-vous également si vous êtes immunodéprimé et que vous vous expatriez dans une région où circule le mpox. Attention pour les expatriées enceintes ou allaitantes : les autorités sanitaires déconseillent la vaccination, à cause du manque de données sur les répercussions à long terme. En revanche, les études n'ont révélé aucune conséquence sur la fertilité.
Rougeole
L'OMS et les CDC des États-Unis recensent 10,3 millions de cas de rougeole en 2023. C'est 20 % de plus qu'en 2022. Cette hausse conduit l'OMS à renouveler son alerte en novembre 2024. Car si le virus revient, c'est majoritairement à cause de la baisse de la couverture vaccinale dans le monde. Selon l'OMS, « plus de 22 millions d'enfants n'ont pas reçu leur première dose de vaccin » en 2023, alors que 2 doses sont nécessaires pour rendre le vaccin efficace. En 2023, 57 pays ont connu des épidémies de rougeole plus ou moins importantes ; la plupart des continents sont concernés, sauf les Amériques. L'OMS relève plus de 107 000 décès dans le monde en 2023, majoritairement chez les enfants non vaccinés. Si le chiffre baisse de 8 % comparativement à 2022, il reste trop élevé au regard des solutions vaccinales existantes. L'OMS rappelle que la rougeole est très contagieuse et qu'il n'existe pas de traitement pour éradiquer le virus. D'où l'importance de se faire vacciner.
Conseil pour les expatriés
Des associations de parents militent régulièrement contre les obligations vaccinales pour les enfants. Les autorités de santé rappellent cependant l'importance de vacciner les nourrissons et les enfants. La rougeole peut provoquer des lésions cérébrales, ou la mort. La polio peut entraîner une paralysie permanente. La méningite et les oreillons peuvent provoquer une surdité permanente (avec un risque de lésions cérébrales pour la méningite). En cas d'expatriation avec vos enfants, respectez les obligations de votre pays d'origine et de votre pays d'accueil. Renseignez-vous quant aux risques sanitaires. Une non-vaccination met non seulement la santé de votre enfant en danger, mais aussi celle de son entourage.
Dengue
Répandu dans les milieux tropicaux et subtropicaux, le virus de la dengue (également appelé « grippe tropicale » se transmet des moustiques aux humains. Mais le réchauffement climatique favorise l'expansion du virus vers l'Europe du sud. Au 30 mai 2024, l'OMS compte 7,6 millions de cas dans le monde, dont plus de 16 000 cas sévères et 3 000 décès. L'OMS estime néanmoins que la moitié de la planète est exposée au virus. Environ 100 à 400 infections surviennent chaque année (avec de nombreux cas asymptomatiques). Le nombre de cas a fortement augmenté ces dernières années, notamment dans les Amériques (4,5 millions de cas et 2 300 décès en 2023). La France, l'Italie, l'Espagne, le Sénégal, le Burkina, le Ghana, l'Inde, le Népal, la Chine, la Thaïlande, l'Indonésie, le Vietnam et l'Australie font aussi partie des pays touchés. La plupart des malades ont des symptômes qui durent entre 2 et 7 jours (forte fièvre, nausée, douleurs articulaires, etc.) ou sont asymptomatiques. Mais des cas de dengue sévères peuvent survenir, généralement après disparition de la fièvre (fatigue, sang dans les selles ou les vomissures, vomissements persistants…).
Conseil pour les expatriés
Il n'existe ni vaccin ni traitement spécifique contre la dengue. Si vous êtes expatrié dans un pays où le virus circule, suivez les recommandations sanitaires. Protégez-vous des moustiques en journée, mais aussi la nuit. Réduisez les sources de reproduction des moustiques en supprimant toutes les zones d'eau stagnante (dessous de pots, couvercles…) et les restes de nourriture. Utilisez des moustiquaires imprégnées de répulsifs. Portez des vêtements couvrants. Les mêmes recommandations sont à observer pour lutter contre le chikungunya, également en augmentation. En cas de fièvre, évitez l'auto-médication : ne prenez pas d'anti-inflammatoire non stéroïdien (ibuprofène, aspirine), à cause du risque hémorragique que peut provoquer la maladie. Consultez rapidement un médecin. Il pourra vous prescrire du paracétamol pour calmer les douleurs. En cas de dengue sévère, vous serez hospitalisé. Une première infection augmente le risque de contracter une dengue sévère.
Autres pathogènes sous surveillance
Il existe d'autres pathogènes moins virulents que les virus précités, qui entrent dans la catégorie des « pathogènes courants ». C'est le cas du HMPV. Victime un temps de fausses rumeurs, le virus est désormais mieux défini : il ressemble à la grippe saisonnière. Le pic actuellement observé (notamment en Chine) n'a rien d'inhabituel. Le virus respiratoire syncytial (VRS) est aussi observé de près. Très contagieux, il engendre une infection des voies respiratoires. Les enfants sont plus fréquemment touchés, mais les adultes peuvent aussi contracter la maladie. Bien que peu connu, le VRS touche chaque année des millions de personnes dans le monde. Si de nombreux hôpitaux dans le monde sont surchargés, c'est parce qu'ils doivent faire face à une circulation accrue de plusieurs virus : grippe, VRS, HMPV…
Faut-il craindre une pandémie de grippe aviaire ?
Un autre virus peu connu est également très surveillé par l'OMS : le virus H5N1 (grippe aviaire). Le virus, qui touche les animaux, peut infecter l'homme. L'infection provient généralement par voie respiratoire, après contact avec des animaux atteints (plumage, sécrétions...). Les symptômes sont généralement ceux d'une grippe saisonnière, avec de possibles symptômes gastro-enterinaux. Des complications entraînant la mort peuvent cependant survenir. Le 7 janvier, les États-Unis ont rapporté un premier cas de décès lié au virus H5N1. Le 3 janvier, l'administration sortante Biden avait justement débloqué 306 millions de dollars pour soutenir la recherche et les programmes de lutte contre le virus H5N1. En 2024, les États-Unis ont recensé 66 cas humains de grippe aviaire. Le 9 novembre 2024, le Canada avait enregistré son premier cas humain. Le Vietnam et le Mexique ont également détecté au moins un cas humain.
La flambée du virus chez les animaux inquiète les scientifiques. Ils redoutent une mutation du virus, qui faciliterait les transmissions entre humains. Un rapprochement entre la grippe aviaire et la grippe saisonnière à craindre. Le cas d'un américain contaminé par le virus sans avoir été en contact avec un animal a ravivé les questionnements. Pour autant, pas de scénario catastrophe ne vue. Les hypothèses soulevées par les scientifiques ne sont que des hypothèses. La prudence reste toutefois de mise.
Expatriation et risques sanitaires : comment protéger sa santé ?
On n'évoque pas toujours les risques sanitaires lorsqu'on prépare une expatriation. Ils sont pourtant primordiaux, surtout si vous voyagez dans un pays à risque. Pour préserver votre santé, soyez à jour de vos vaccins. Consultez votre médecin avant le voyage et faites le point avec lui. Réalisez un bilan complet de santé au besoin. Renseignez-vous concernant le système d'assurance maladie de votre pays d'accueil. Selon votre profil et/ou le système d'assurance maladie dans le pays d'expatriation, la souscription à une assurance santé privée sera recommandée. En cas de maladie, suivez les recommandations en vigueur.