La ménopause est une étape naturelle de la vie d'une femme mais elle reste un sujet entouré de silence et d'inconfort dans de nombreuses sociétés. Pour les femmes expatriées traversant cette période, l'absence de repères familiers peut ajouter un poids supplémentaire à la gestion des changements physiques et émotionnels associés à la ménopause. Comment l'appréhender quand on est loin de chez soi et de son cercle de soutien ?
Des symptômes souvent très incommodants
Bouffées de chaleur, irritabilité, troubles urinaires, maux de tête, ce ne sont que quelques-uns des nombreux symptômes possibles liés à la ménopause selon l'Assurance maladie.
Face à ces manifestations plus ou moins prononcées, plusieurs femmes témoignent d'un manque de prise en considération pour ce qui est parfois vu comme un énième « problème féminin », à côté des règles douloureuses ou de l'endométriose.
Or, selon une enquête conduite sur 1 200 femmes, 87% estiment que les symptômes de la ménopause ont un impact considérable sur leur qualité de vie, près de 48% déclarant en avoir des manifestations sévères. Pourtant, seules 37 % des personnes interrogées ont consulté un gynécologue sur le sujet.
Gêne, peur, incertitude ? Il faut dire que le phénomène s'installe progressivement, avec une période de préménopause qui peut durer 2 à 4 ans. A cela s'ajoute le fait qu'il n'est pas toujours facile pour soi-même d'affronter la « réalité » en face car pour beaucoup, ménopause rime avec vieillissement.
La ménopause, encore vécue comme un tabou ou comme une « expérience de disqualification »
De nombreuses sociétés promeuvent en effet la jeunesse et la vitalité, ce qui peut conduire à un sentiment d'invisibilisation pour les femmes à mesure qu'elles vieillissent et sont confrontées à l'arrivée de la ménopause.
La poétesse américaine Mary Ruefle dans My Private Property l'exprime avec humour en ces termes : « Que vous soyez attirante ou non, vous aviez pris l'habitude de sentir le regard des autres sur vous. On vous regardait pour déterminer si vous étiez attirante ou non, donc de toute manière, vous étiez regardée. Ce temps-là est révolu ; désormais le regard des autres vous traverse, vous êtes complètement invisible à leurs yeux, vous êtes devenue un fantôme. Vous n'existez plus ! »
Les représentations collectives et même médicales sur le sujet restent quant à elles très variables. La chercheuse Cécile Charlap (La Fabrique de la ménopause) précise que dans nos sociétés occidentales, en particulier, la ménopause n'est pas souvent présentée comme une évolution inscrite dans le cours normal du vieillissement, mais comme une perte, une déficience. La femme n'est dès lors plus capable de procréer :
« La ménopause est appréhendée à travers tout un système de représentations qui disqualifie le corps féminin stérile – et elle est donc vécue comme telle, comme une expérience de disqualification. »
Ménopause en expatriation
Pour les femmes expatriées, ces diverses représentations sur la ménopause peuvent constituer autant de barrières. Vivre dans une culture où le phénomène n'est pas largement reconnu rend difficile le fait d'en parler et de consulter un professionnel.
Ainsi témoigne cette expatriée qui a préféré s'informer seule plutôt que de s'adresser à un médecin dans le pays où elle vivait : « Par insécurité et manque de confiance, j'ai préféré attendre d'aller en France et d'y obtenir un rendez-vous. J'ai donc entamé une recherche seule, j'ai lu des livres, j'ai essayé de comprendre, sans l'aide de personne. »
Il faut dire que les symptômes ne sont pas forcément faciles à décrire précisément dans une langue qu'on ne maîtrise peut-être pas suffisamment, ou pas du tout. Les conseils médicaux ne sont sans doute pas plus aisés à comprendre, notamment s'ils impliquent une prise de traitement hormonal qui doit se baser sur un diagnostic précis, prenant en compte l'importance des troubles et l'état de santé de la personne concernée.
Par ailleurs, les différences entre les systèmes de santé viennent parfois alimenter une certaine réticence à consulter quand on est à l'étranger. En France, hors mutuelle, il faut compter en moyenne une prise en charge des frais à hauteur de 30 à 65% par la Sécurité sociale. Mais tout dépend des bilans à effectuer. Différents examens peuvent en effet être nécessaires, tels qu'un test de mesure de densité osseuse, en raison du risque de développer de l'ostéoporose durant cette période.
Les frais varient considérablement d'un pays à l'autre, en fonction du système de santé et de votre type d'assurance. Certaines assurances remboursent par ailleurs des formes de médecine alternative alors que d'autres les excluent totalement de leurs prestations.
Différences d'approche et conseils pour gérer la ménopause à l'étranger
Vivre la ménopause comme une « diminution de soi » n'est pas une fatalité. Certaines cultures l'abordent ouvertement et c'est aussi l'un des privilèges de l'expatriation que d'être confronté à une diversité de représentations qui aident à prendre de la distance avec ses propres conceptions et tabous.
Ainsi Cécile Charlap, précédemment évoquée, explique que le terme japonais, « konenki », qui désigne la ménopause, renvoie à un champ beaucoup plus large que ce que recouvre notre concept occidental. « Konenki » englobe le vieillissement, prend en compte aussi bien l'arrêt des règles et de la fertilité que le blanchissement des cheveux ou la baisse de la vision. Autre fait notable : ce terme japonais est utilisé tout autant pour les femmes que pour les hommes !
Ces différences d'approche culturelle peuvent considérablement influencer nos propres conceptions sur le sujet.
Par ailleurs, différentes initiatives voient le jour et sont accessibles, en anglais, dans beaucoup de pays. Vous trouverez notamment des applications qui aident à réaliser des diagnostics, qui mettent en place des programmes personnalisés, qui fournissent de nombreux conseils de nutrition et de yoga. Consultez par exemple l'application Elda Health.
L'histoire de cette application a commencé par un groupe sur WhatsApp et a peu à peu évolué vers un service organisé et complet. Aussi, en dehors des solutions payantes, ne sous estimez pas l'efficacité de groupes d'entraide locaux ou expatriés. De nombreuses communautés, dans un pays donné, disposent de groupes de femmes qui offrent à la fois un soutien émotionnel et des conseils pratiques. Partages d'expérience et stratégies d'adaptation peuvent vous être d'une aide précieuse en dehors ou dans l'attente d'une consultation médicale.
Les autres conseils de bon sens restent les mêmes que l'on soit à l'étranger ou dans son pays d'origine. L'assurance maladie conseille notamment de rester attentive à son alimentation, de limiter sa consommation de tabac et de rester active. Un point est également réalisé sur la manière de limiter les risques cardiovasculaires et l'ostéoporose.
Pensez également à des pratiques de soulagement du stress comme le yoga ou la méditation. Des médecines alternatives comme l'ayurvéda ou la médecine traditionnelle chinoise (pour la gestion de la circulation de l'énergie) peuvent également apporter une approche complémentaire intéressante sur le sujet.