
L'expatriation peut s'accompagner d'aventures amoureuses d'un soir ou de longues relations sérieuses. Que l'amour dure toujours ou non, l'expatrié, lui, doit toujours se protéger. Une protection qui commence avant le départ à l'étranger. Comment prendre soin de sa santé sexuelle et reproductive ? À quoi faut-il faire attention ?
Santé sexuelle et reproductive : de quoi parle-t-on ?
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé sexuelle comme « […] un état de bien-être physique, mental et social eu égard à la sexualité, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d'infirmité. » Cette définition sous-entend une « approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles permettant de vivre des expériences sexuelles agréables et sûres, exemptes de coercition, de discrimination et de violence. » Pour assurer une pleine protection de la santé sexuelle, il faut donc que les droits sexuels des individus soient également protégés par les États.
Dans le même sens, le programme d'action de la CIPD 1994 (Chartered Institute of Personnel and Development), citée par l'OMS, définit la santé reproductive comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité, dans tous les
domaines liés au système de reproduction, à ses fonctions et ses processus. » La santé reproductive protège la liberté des personnes à avoir des enfants si et quand elles le veulent. Elle implique donc d'avoir une « sexualité responsable ».
Inscrite dans le cadre de la santé sexuelle, la santé reproductive comprend notamment le développement de l'accès à des services santé de qualité, la contraception, la procréation médicalement assistée (PMA), l'interruption volontaire de grossesse (IVG), la prévention de l'infertilité ou encore l'éducation à la santé reproductive pour les jeunes et les adultes. Mais on comprend que ces définitions sont loin d'être entendues ainsi dans tous les pays. Même combat pour la protection de la santé sexuelle et reproductive.
Santé sexuelle et reproductive en expatriation : à quoi faut-il faire attention ?
Peu d'expatriés se penchent sur le plan national de santé sexuelle et reproductive de leur pays d'accueil. Ce plan est d'ailleurs largement méconnu, tant par les expats que par les locaux. Ils entendent plutôt parler de baisse démographique, de vieillissement de la population et de baisse de la natalité. En Chine, au Japon, en Corée du Sud, en Italie ou en France, les politiques insistent plutôt sur les stratégies à mettre en place pour relancer la natalité. Mais dès lors qu'ils envisagent une relation amoureuse et/ou un projet d'enfant, les expatriés sont directement confrontés au sujet de la santé sexuelle et reproductive.
Se protéger contre les infections sexuellement transmissibles (IST)
Il ne s'agit pas ici d'interdire telle ou telle pratique sexuelle. L'« aventure expatriation » peut effectivement mener vers des relations intimes avec un.e ou plusieurs partenaires. Ces relations peuvent être ponctuelles ou non, déboucher ou non sur une relation stable. Chaque expat devrait être libre de vivre sa sexualité. Mais il convient de rappeler que tous les États ne sont pas égaux en matière de prévention et d'accès aux soins.
La première alerte est celle de la protection contre les IST. Les expatriés doivent se rappeler que toute personne sexuellement active est susceptible de contracter une IST, qu'importe son pays de résidence. Les risques sont plus importants en cas de rapports non protégés, de rapports avec un.e inconnu.e, ou de rapports sous l'emprise de drogues et d'alcool : dans ce dernier cas, le danger vient de la désinhibition produite par les substances, qui encourage les pratiques à risque.
Les vaccins recommandés
On recommande aux expatriés d'effectuer les vaccins suivants avant tout voyage à l'étranger : hépatite A (VHA), hépatite B (VHB), virus du papillome humain (VPH) et mpox. À noter que plusieurs pays ont rendu obligatoire la vaccination contre l'hépatite B. Attention aux délais : le VPH impose 3 vaccinations sur 6 mois. Il faut donc prévoir un temps suffisamment long avant le départ.
IST pour lesquelles il n'existe pas de vaccin
On rappelle qu'il existe des IST pour lesquelles aucun vaccin n'a encore été trouvé. On pense bien sûr au VIH. Il n'existe pas non plus de vaccin spécifique contre la syphilis, l'herpès génital, la chlamydiose, la gonorrhée... (si le Royaume-Uni ou la France ont démontré l'efficacité de vaccins existants contre la gonorrhée, il n'existe pas encore de vaccin spécifique contre ce virus).
En cas d'affection, il est indispensable d'avertir son/sa partenaire et de suivre les recommandations médicales ; d'où l'importance de vérifier que le pays d'accueil dispose d'un plan de santé sexuelle et qu'il est facile de s'y procurer des médicaments. Dans tous les cas, l'utilisation d'un préservatif lors de chaque rapport sexuel (génital ou oral) est indispensable.
Exemple d'un virus largement répandu dans le monde
L'herpès génital, par exemple, touche plus d'un adulte sur cinq dans le monde (chiffre de l'OMS, au 11 décembre 2024). On distingue deux types d'herpès : le HSV-1, principalement transmis par contact oral et le HSV-2, principalement transmis par contact sexuel. Les deux formes peuvent provoquer un herpès génital, mais le HSV-2 a des conséquences plus graves (plus de symptômes, 3 fois plus de risques de contracter le VIH, risque d'épidémie). Or, on observe une hausse des infections génitales chez l'adulte. Dans de nombreux cas, les symptômes sont bénins. Mais des millions de personnes affectées se retrouvent à l'hôpital.
Si l'herpès (HSV-1 et HSV-2) peut se traiter grâce aux médicaments antiviraux, il reste incurable. Les médicaments éliminent les lésions, mais pas le virus, qui reste « dormant ». Les médicaments n'empêchent pas non plus les récidives.
Comment gérer sa contraception en expatriation ?
Préservatifs masculins et féminins, pilule, stérilet, dispositif intra-utérin, anneau vaginal, implant… Le pays d'accueil aura-t-il des contraceptifs répondant aux besoins et habitudes de chaque expat ? Les personnes vivant dans un pays où les contraceptifs sont faciles d'accès pensent parfois qu'il en sera de même dans leur pays d'expatriation. La réalité est tout autre, et pas seulement dans les pays où la sexualité est un sujet tabou.
Lorsqu'on parle de contraception à l'étranger, il faut prendre en compte plusieurs paramètres. Tout d'abord, les pratiques du pays d'accueil peuvent différer de celle du pays d'origine (utilisation d'un contraceptif par rapport à un autre). Ensuite, les contraceptifs sont généralement disponibles sur ordonnance (sauf les préservatifs et la pilule d'urgence, mais tout dépend du pays). Enfin, l'utilisation d'un contraceptif peut être plus difficile à l'étranger. La pilule, par exemple (très utilisée en France), impose une prise à des heures régulières. Or, on sait que le décalage horaire peut jouer sur le cycle menstruel. On peut opter pour le stérilet (très utilisé en Suisse). Mais là encore, tout dépend de l'utilisatrice. Le stérilet en cuivre peut augmenter le flux des menstruations. Celui aux hormones peut comporter des effets indésirables.
Se pose aussi la question de l'achat : les contraceptifs seront-ils faciles d'accès à l'étranger ? On conseille bien sûr de partir avec son stock personnel. Mais selon les pays, la quantité est très souvent limitée (un mois de traitement ou un nombre de boîtes à ne pas dépasser). Il convient de vérifier si le pays d'origine permet d'obtenir une dérogation pour emporter plus de médicaments.
Préservatifs : attention à la qualité
En voyage, on serait tenté d'acheter n'importe quel préservatif, car il n'est pas toujours possible d'obtenir « son modèle ». Internet est l'une des solutions privilégiées pour vite s'approvisionner à moindre coût. Mais attention à la qualité. Les préservatifs ont une date limite d'utilisation. Tous ne sont pas fiables. Des contrefaçons existent. Des stockages inappropriés altèrent la qualité, et donc l'efficacité des produits (par exemple, des stocks de préservatifs laissés au soleil). Mêmes précautions en gardant les préservatifs chez soi : on évitera les endroits trop chauds. Dans l'avion, les préservatifs se conservent dans le bagage à main, car en soute, les basses températures peuvent les endommager. On évitera bien sûr d'utiliser un préservatif qui ne convient pas (trop petit, trop grand, déchiré, périmé…).
Hommes expats : quelle contraception privilégier ?
On entend souvent parler du slip chauffant, méthode pratique pour se protéger en voyage. Mais l'OMS ne reconnaît pas cette méthode comme un contraceptif. Il rejette aussi les autres « systèmes thermiques » comme l'anneau contraceptif masculin. Ces méthodes font encore l'objet de recherches. Des recherches sont également en cours concernant les contraceptifs masculins hormonaux (pilule, injections…). Pour l'instant, seul le préservatif masculin est internationalement reconnu comme le contraceptif fiable qui protège contre les IST.
Expatriation et santé reproductive : les conseils
La santé reproductive comprend les politiques mises en place par les États pour prendre en charge les personnes (PMA, IVG, etc.). Là encore, de grandes disparités existent selon les États. La PMA reste un processus lourd et coûteux. Quelle prise en charge pour les expatriés ? Tout dépend du système d'assurance maladie du pays d'accueil. Les expatriés seront peut-être amenés à contracter une assurance privée, en vérifiant qu'elle prenne en charge leur parcours PMA. Mêmes recommandations pour l'IVG, loin d'être reconnu dans tous les pays. La volte-face des États-Unis sur la question reste dans toutes les mémoires.
Pathologies affectant la santé reproductive des expatriés
Selon l'OMS « environ une personne sur six dans le monde est touchée par l'infertilité » (17,5 % de la population en 2023). Tout le monde est concerné, indépendamment de sa zone géographique. Chez l'homme, l'infertilité peut être causée par des troubles hormonaux, une anomalie au niveau des spermatozoïdes, ou encore, une affection des testicules (absence de production de spermatozoïdes). Chez la femme, l'infertilité peut être causée par une affection ovarienne, comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), une pathologie utérine, comme endométriose, ou encore, un dysfonctionnement des hormones liées à la reproduction.
Des facteurs extérieurs, communs aux hommes et aux femmes, expliquent aussi l'infertilité. Le premier d'entre eux est le recul de l'âge de la maternité. L'évolution des sociétés en est la cause principale (crise économique qui dure, études plus longues, discriminations subies par les femmes, etc.). Or, la fertilité baisse avec l'âge. Chez les hommes, la qualité des spermatozoïdes baisse à partir de 40 ans. Chez les femmes, la réserve d'ovocytes diminue à partir de 38 ans. L'autre grand facteur extérieur est environnemental : pollution, perturbateurs endocriniens, tabagisme, consommation de drogues, surconsommation d'alcool, mauvaise alimentation, etc. Certains couples désirant un enfant incluent ainsi la dimension environnementale dans leur projet d'expatriation.
Un difficile accès aux soins pour les expatriés
Pour les expatriés touchés par ces affections, il n'est pas toujours simple de trouver l'aide médicale et psychologique appropriée. Bien que l'infertilité touche autant les hommes que les femmes, les femmes restent le plus souvent désignées comme étant la cause du problème. Le constat est le même dans tous les pays. Autre constat : les politiques de santé reproductive déployées par les États n'intègrent pas le traitement de l'infertilité (ou à la marge). Peu de financements sont dirigés vers le secteur. Ainsi, la fécondation in vitro (FIV) reste onéreuse, et peu accessible dans nombre de pays du monde.
Quel que soit son projet, on conseille de consulter son gynécologue avant l'expatriation, et de réaliser au besoin un bilan complet. Les expatriés ayant un projet d'enfant doivent s'informer non seulement sur les coûts, mais aussi sur la lourdeur du traitement et les démarches administratives (par exemple, pour entreprendre une PMA dans son pays d'accueil).
Liens utiles :
Canada : santé sexuelle et voyage.
France : santé sexuelle et reproductive ; Questions sexualité.
Royaume-Uni : sexually transmitted infections (STI) ; NHS : check if it's a STI.
États-Unis : STI – prévention, informations.
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