Pourquoi les Français choisissent l'Europe pour s'expatrier

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  • Anvers, Belgique
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Écrit par Helena Delbecq le 20 septembre, 2024
Selon la dernière enquête menée par le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE), 48,54% des Français font le choix de l'Europe (UE et hors UE) comme destination d'expatriation. Viennent ensuite les zones Amériques et Caraïbes (20,55%), suivies de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (15,65%). L'Asie-Océanie compte pour 7,72%, l'Afrique subsaharienne et Océan indien pour 7,54% de présence d'expatriés français. En dehors d'une évidente proximité géographique, quelles sont les autres raisons qui motivent la prédilection des Français pour l'Europe ?

Des opportunités économiques et professionnelles toujours attractives

Les raisons économiques sont au cœur des choix d'expatriation des Français au sein de l'Europe. La même enquête du MEAE pointe en particulier l'attractivité de la Suisse, du Royaume-Uni et de la Belgique, si l'on en juge par le nombre de ressortissants français expatriés dans ces trois pays.

Le niveau salarial en Suisse est en effet un atout majeur combiné à des opportunités dans des domaines aussi variés que le tourisme, la pharmaceutique, la recherche et l'ingénierie de pointe. Le Royaume-Uni offre, quant à lui, des options évidentes dans le secteur financier, commercial mais aussi sur le plan de la technologie et de l'innovation. En Belgique, le panel des possibilités professionnelles est assez vaste également : des institutions européennes aux secteurs de la chimie, en passant par ceux des technologies, de la logistique et de la distribution.

L'Allemagne, le Luxembourg ou encore l'Irlande sont également des destinations de choix pour les Français au sein de l'Europe même si certaines de ces économies connaissent une certaine baisse d'attractivité.

Pourquoi donc partir loin quand on a des opportunités professionnelles près de chez soi ?

L'atout évident de la proximité géographique et culturelle

Il y a ceux qui rêvent d'aller au bout du monde et ceux, plus nombreux, qu'une relative proximité avec la France rassure. Une étude de l'IPSOS montre en effet que les Français expatriés souhaitent conserver des liens étroits avec leur pays d'origine, que cela soit sur le plan de la langue ou de la culture.

Près de 71% maintiennent ainsi la langue et la parlent tous les jours tandis que 63% consomment des produits alimentaires français ou de marque française au moins une fois par semaine. D'après l'enquête, le sentiment d'appartenance à la culture française reste marqué, même chez ceux qui ont quitté le pays depuis longtemps (près de 42% de ceux qui ont quitté la France il y a plus de 20 ans se sentent avant tout citoyen français).

La prédilection pour la Suisse et la Belgique montre aussi que la proximité linguistique est un facteur de choix pour les Français qui ne sont pas particulièrement réputés pour leurs compétences en langues. Sans surprise, on trouvera plus d'expatriés français dans les parties francophones des deux pays frontaliers. Pour la Suisse par exemple, Genève et Lausanne sont les villes accueillant le plus de Français (35 162 à Genève, selon l'Office de la statistique suisse, contre 5 700 dans la ville germanophone de Zurich).

Alors certes, la découverte d'une autre langue et culture est un des charmes indéniables de l'expatriation mais si l'on peut trouver une opportunité professionnelle près de chez soi et en contexte francophone, cela paraît encore mieux !

La liberté de circulation : un avantage unique au sein de l'Union européenne

Cette liberté reste un atout majeur expliquant aussi la prédilection des Français pour une expatriation en Europe, plus précisément au sein de l'Union européenne. Pour rappel : c'est l'accord de Schengen, signé en 1985, qui stipule la libre circulation des personnes au sein de l'UE et la suppression des contrôles aux frontières intérieures. À noter que les pays de l'espace Schengen ne recouvrent pas tout à fait ceux de l'Union européenne. Cet espace inclut également l'Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein.

C'est en effet un atout de taille pour les Français et autres ressortissants de l'UE : pas de visa ni de permis de travail à obtenir quand on part exercer dans un autre pays de la zone. Dans les faits, il peut exister quelques restrictions imposées en Suisse ou au Liechtenstein mais en dehors de cas particuliers, vos démarches administratives au sein de la zone sont grandement facilitées par rapport à celles à entreprendre pour exercer dans n'importe quel autre pays dans le monde. Et l'on sait à quel point obtenir un visa de travail peut être compliqué en Australie, en Chine ou encore au Canada.

Pour les entrepreneurs, une réglementation européenne (directive 2017/1132) vise aussi à permettre de s'établir n'importe où dans l'Union. Bien que les différents États membres appliquent encore leurs propres lois sur les sociétés, des efforts sont déployés pour mettre en place un cadre de gouvernance uniforme et efficace pour l'ensemble des sociétés européennes.

Alors certes, la réglementation n'est pas encore complètement unifiée mais s'expatrier en Europe en tant qu'entrepreneur reste vraisemblablement moins compliqué que dans des pays tiers ! En Chine, par exemple, la complexité des lois s'appliquant aux entreprises étrangères ne laisse pas d'autre choix, dans la plupart des cas, que d'avoir recours à un avocat qui vous assistera dans les démarches d'ouverture de votre entreprise.

Un système de santé et des avantages sociaux intéressants

Le système de santé n'est pas homogène non plus au sein de toute l'Europe mais certainement plus simple à appréhender que celui des États-Unis ou du Japon. Un rapport de l'INSEE souligne que cette proximité dans la couverture sociale est un facteur décisif pour de nombreux expatriés français. L'étude montre que près de 30 % des expatriés citent le système de santé comme un critère clé dans leur choix de destination, privilégiant ainsi les pays européens pour leur efficacité et leur accessibilité au système de protection. Quand on s'expatrie dans des pays lointains dont on maîtrise mal le système de santé, on aura plutôt tendance à opter pour une assurance santé internationale, ce qui peut être relativement coûteux.

La Carte européenne d'assurance maladie (CEAM) permet d'ailleurs d'accéder, dans certaines conditions, aux services de santé publics des autres pays membres, ce qui représente une sécurité supplémentaire pour ceux qui voyagent ou s'installent temporairement dans la zone. Si vous vous expatriez en revanche de façon durable, il faudra vous tourner vers le pays d'accueil pour ouvrir vos droits à la sécurité sociale locale, la carte européenne ne couvrant en principe que des séjours en Europe.

La France est déjà réputée pour la qualité de sa sécurité sociale mais pour certaines mesures, vous pouvez trouver des conditions encore plus avantageuses en Europe. Prenons le cas des congés parentaux. En Allemagne, par exemple, si vous souhaitez prendre un congé parental, vous pouvez toucher 65 à 67% de vos revenus nets pendant 12 à 14 mois après la naissance de votre enfant (allocation plafonnée à 1 800 euros par mois). En France, le montant du congé parental n'est quant à lui que de 448,43 euros pour un congé total (sans activité salariée en parallèle).

La qualité de vie en Europe n'est pas en reste !

Selon une enquête de France Stratégie, la qualité de vie fait aussi partie des décisions d'opter pour une expatriation en Europe. Les retraités expatriés français citent régulièrement la qualité de vie et la météo comme deux des principales raisons de leur choix d'installation en Espagne et au Portugal. Ces pays, bien que moins développés économiquement que l'Allemagne ou la Suisse, offrent une meilleure qualité de vie pour un coût globalement inférieur à celui de la France.

Pour les expatriés actifs, la qualité de vie en Europe reste une valeur sûre. L'OCDE le montre : son Better life Index place régulièrement les pays d'Europe en première position pour ce qui concerne la qualité de l'environnement, l'équilibre vie privée-vie professionnelle, la sécurité et le sentiment de satisfaction des personnes par rapport à leur vie. Si l'on prend en considération ces quatre critères, les 9 premiers pays du classement sont européens, le Canada arrivant juste après en dixième position. Pourquoi donc quitter l'Europe dans ces conditions ?