Mi-octobre. Le gouvernement chilien annonce une hausse des tarifs de transport aux heures de pointe dans la capitale chilienne, Santiago. Cette annonce suscite un désaccord parmi la population. Les étudiants descendent dans les rues. Alors que les manifestations étaient pacifiques au début, la violence s'intensifie rapidement. Les manifestants demandent de meilleures opportunités, l'éducation et aux soins de santé plus accessibles et une réduction de l'austérité. Deux semaines plus tard, 19 manifestants ont été tués et plus de 3 000 ont été arrêtés.
Aujourd'hui, au Chili, les choses commencent à se calmer. Lentement mais sûrement. «Nous avons tous entendu le message», a tweeté Sebastian Pinera après que plus d'un million de Chiliens soient descendus dans les rue le 1er novembre, unissant leurs voix pour une société plus juste. Alors que le pays se remet encore d'une des manifestations les plus importantes de son histoire, nous avons voulu parler aux expatriés sur le terrain pour évaluer la gravité des événements et comprendre comment ils se sentent. Cependant, il était très difficile de rencontrer des expatriés vivant à Santiago. Nous avons, toutefois, réussi à parler à Alberto, un expatrié portugais. Il vit à Arica, au nord du Chili.
Quand et pourquoi vous êtes-vous installés au Chili?
Je suis arrivé au Chili en 2014. Je venais de prendre ma retraite et j'avais le choix entre l'Asie et l'Amérique du Sud. Comme je n'avais jamais visiter le Chili et que je connaissais déjà la langue, le choix était facile. Je suis resté quatre mois à Santiago, explorant la ville, puis j'ai commencé à voyager à travers le Chili. Et je suis tombé amoureux d'une petite ville au nord du pays. À quelques kilomètres de là, se trouvait une autre ville qui accueillait des compétitions de surf internationales ainsi qu'un carnaval annuel. C'est ainsi que j'ai décidé de m'installer à Arica avec ma partenaire. Cela fait cinq ans!
Vous n'êtes pas à Santiago. Les troubles se sont-ils propagés en dehors de la capitale?
Pas à Arica. Alors que des manifestations ont lieu dans plusieurs zones en dehors de Santiago, Arica est restée très calme. Nous suivons, toutefois, de très près les événements à la télé.
Comment ça se passe aujourd'hui au Chili?
Beaucoup plus calme que la semaine dernière. Il est maintenant temps de faire le point sur les dégâts causés aux infrastructures publiques, bâtiments, monuments, etc. Le métro de Santiago a été incendié et de nombreux supermarchés et magasins ont été vandalisés. L'État a estimé que la réparation des 78 stations de métro endommagées coûterait environ 300 millions de dollars.
Comment vous sentez-vous après les manifestations?
Au début, les autorités ont presque déclaré la guerre aux manifestants, les forces armées étaient dans la rue prêts à tirer. Ma partenaire et moi-même avions peur que cela ne se transforme vraiment en guerre. Mais les choses sont vite revenues sous contrôle.
La lutte du peuple chilien pour l'égalité sera très difficile, car le fossé entre les différents groupes sociaux est bien trop grand. Les retraites, les soins de santé, l'éducation et, plus important encore, les salaires… tout cela doit être abordé. Quand vous pensez que le salaire minimum dans le pays est de 360 EUR alors que le loyer minimum est de 180 EUR… Le coût de l'éducation et des soins de santé est énorme. Il sera difficile de lutter pour la justice sociale au Chili.
Comment pensez-vous les expatriés au Chili après les manifestations?
Je ne pense pas qu'ils soient effrayés ou inquiets parce que la violence n'est pas contre eux mais plutot contre le gouvernement. Cette crise se prépare depuis plus de 30 ans.