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Est-ce que l'expatriation séduit toujours en 2025 ?

mobilite internationale
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Écrit parHelena Delbecqle 03 Février 2025

Restrictions sur les « golden packages », instabilités politiques, économiques et sanitaires, émergence de nouveaux modes de travail, différentes études ont fait état d'une relative perte d'attractivité de l'expatriation sur la période post-covid. Qu'en est-il de 2025 et des nouvelles tendances qui se profilent ? Observe-t-on le retour d'un engouement pour le travail à l'étranger ? Le rapport de référence « Decoding Global Talent » vous livre ses conclusions sur le sujet.

L'expatriation est loin d'avoir dit son dernier mot

Se basant sur les réponses de plus de 150 000 personnes en activité professionnelle dans 188 pays de par le monde, l'enquête citée ci-dessus établit que près de 23 % des répondants se déclarent « activement mobiles ». Il s'agit de personnes résolument à la recherche d'un poste à l'étranger. Ce pourcentage a augmenté de deux points depuis les sondages de 2020, soulignant ainsi un certain regain de la volonté de s'expatrier. On aboutit à un total de 63 % de personnes exprimant une intention de partir à l'international, qu'elle soit activement recherchée ou occasionnée par les circonstances.

Comme on pouvait s'y attendre, on observe cependant des disparités régionales. En toute logique, le désir d'expatriation est le plus fort dans les pays où la main-d'œuvre a tendance à être excédentaire (pays d'Afrique subsaharienne, d'Asie du sud-est), tandis qu'il est plus modéré dans des régions telles que l'Europe et l'Amérique du nord. Ainsi, en France, en Italie et en Belgique, précise l'étude, la mobilité internationale a ralenti depuis 2020, ce qui s'explique par une population active en diminution, un marché du travail relativement solide et des salaires assez élevés. Il en va de même pour les voisins allemands, rapporte le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung : le pourcentage de personnes envisageant de partir travailler à l'étranger en 2023 serait tombé à 43% contre 70% en 2018 !

Mais les disparités régionales n'en masquent pas moins un engouement global, précise le groupe de management Boston Consulting. Et les entreprises en ont également conscience. Même si certaines ont tendance à réduire leurs envois en expatriation, l'étude citée met en avant le fait que les entreprises bénéficiant d'une plus grande diversité internationale sont plus innovantes et prospères. Elles généreraient des bénéfices plus élevés et auraient 75 % plus de chances d'être moteur en matière d'innovation.

De nouveaux modes d'expatriation se dessinent d'ailleurs peu à peu, notamment avec l'émergence de nouvelles formes de travail. Avez-vous entendu parler de la « mobilité virtuelle » ?

Nouveau visage de l'expatriation à l'heure de la mobilité virtuelle

C'est une des nouvelles tendances fortes. Il s'agit du fait de travailler à distance pour un employeur situé dans un pays différent de celui où l'on réside. La formule s'envisage de plusieurs manières et permet de vivre différentes expatriations au gré de ses possibilités et de ses envies, et non en fonction des décisions de son seul employeur. Ainsi, 66 % des répondants de l'enquête Decoding Global Talent déclarent être prêts à travailler à distance pour une entreprise n'ayant pas de présence physique dans le pays où ils vivent. Cela représente une augmentation de près de 10 % comparé à la période de la pandémie !

L'enquête du quotidien allemand rapportée par Courrier international confirme cette tendance : les demandes de télétravail à l'étranger ont augmenté dans des entreprises représentatives telles que Bosch ou Siemens. Depuis la Croatie ou l'Espagne, les salariés se voient volontiers exercer leurs différentes fonctions professionnelles pour le compte de leur employeur allemand ! Reste à voir précisément comment gérer cet aspect sur le plan légal…

Conscientes en tout cas de ces évolutions, beaucoup d'entreprises tentent de répondre au désir de flexibilité des employés par rapport à leur lieu de travail. D'après une étude du cabinet de conseil en ressources humaines Mercer, près de 80 % des entreprises interrogées déclarent qu'elles examinent ou prévoient de réexaminer la flexibilité de leurs politiques de mobilité. Cette nouvelle tendance n'en constitue pas moins un défi, souligne l'enquête : les aspirations des employés en termes de lieu d'exercice de leur métier ne correspondent pas toujours aux impératifs organisationnels des entreprises. Le tout est de savoir comment attirer et retenir des talents à profil international tout en ne sacrifiant pas à l'efficacité organisationnelle d'ensemble. Il s'agit probablement d'une des réflexions de gestion des ressources humaines à prendre de plus en plus en considération aujourd'hui.

Attractivité et autres évolutions de l'expatriation

La séduction exercée par l'expatriation ne revêt donc plus le même visage et ne recouvre plus les mêmes réalités. Il y a plusieurs années, elle rimait souvent avec primes et contrats juteux, pour un poste en tant qu'expert ou à un niveau de management senior ! Si ce dernier type de profil se laisse toujours tenter aujourd'hui par l'expatriation (30 % de cette catégorie cherche un emploi à l'étranger), on observe que le désir de travailler à l'international est aussi très présent chez les jeunes entre 20 et 30 ans (32 %) ainsi que chez ceux qui ont déjà connu une première expérience d'expatriation (35 %).

D'autres études confirment que la population des jeunes diplômés constitue un groupe en croissance au sein du nouveau profil des aspirants expatriés. Pour eux, commencer une carrière à l'étranger est bien entendu une façon de se démarquer sur un marché du travail de plus en plus compétitif. Ces jeunes professionnels voient dans l'expatriation une opportunité d'acquérir une expérience précieuse, de développer un réseau global et de renforcer leur employabilité. En témoignent la vitalité des programmes de volontariat international en entreprise (VIE) ou les stages à l'étranger qui sont autant de portes d'entrée pour une carrière internationale.

Les métiers les plus « mobiles » ont aussi quant à eux évolué. Les personnes dans le domaine de la tech et des métiers liés au développement durable (29 et 28 % respectivement) sont à présent les profils les plus enclins au départ à l'étranger, probablement parce que ces fonctions connaissent une demande croissante de par le monde. On trouve ensuite les emplois relatifs aux services et aux domaines de l'hospitalité (secteur hôtelier) et de l'éducation (26 %).

On en vient aux raisons du départ. Si la plupart des personnes sont toujours séduites par un emploi à l'étranger pour des raisons économiques et financières (64 % des répondants de l'étude de référence), arrivent en deuxième place les objectifs de carrière (expérience professionnelle et perspectives d'évolution).

Mais un fait plus inattendu : l'aspiration à une meilleure qualité de vie se place en troisième position au rang des motivations pour le départ, tandis que les facteurs liés aux différents avantages offerts par le nouveau pays d'accueil importent moins. Ainsi, les systèmes sociaux, les soins de santé, la stabilité politique du pays d'accueil n'occupent plus une place aussi importante.

Une certaine constante en revanche dans ce paysage en mutation : les régions anglophones dotées d'une économie forte arrivent toujours en tête de liste des destinations les plus prisées, l'Australie au premier chef, suivie par les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, Londres parvenant à la première place des villes convoitées malgré leurs politiques d'immigration de plus en plus restrictives. De leur côté, Amsterdam, Dubaï, Abu Dhabi et New York complètent le top 5 des villes les plus prisées (source ici).

Si l'on peut donc répondre par l'affirmative à la question de l'attractivité encore exercée aujourd'hui par l'expatriation, il faut aussi prendre en compte différentes évolutions, de la nature du public prêt à tenter l'aventure aux raisons qui poussent à partir, le tout dans un contexte d'évolution des modes d'organisation du travail à distance !

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A propos de

Titulaire de l'Education nationale et d'un Master II en Politiques linguistiques, j'ai eu l'opportunité de vivre au Japon et en Chine et suis actuellement basée en Allemagne. Mes activités se déclinent autour de la rédaction et de l'enseignement.

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