Vous êtes le responsable de CCI France International. Pouvez-vous présenter ce réseau ?
Nous sommes un réseau d'associations indépendantes de droit local. Nous nous autofinançons à 97% et fonctionnons comme une véritable entreprise. De ce fait, nous comprenons particulièrement bien les enjeux, les défis et les objectifs de nos adhérents.
Le réseau des Chambres de Commerce Françaises à l'étranger s'étend dans 83 pays et emploie 970 collaborateurs. Nous constituons un réseau mondial de relations et de contacts d'affaires de plus de 32.000 entreprises françaises et étrangères.
Le profil de nos adhérents est très varié. Nous travaillons aussi bien avec des grands groupes que des petites et moyennes entreprises ou des créateurs d'entreprises. Nous servons bien entendu les entreprises françaises, mais aussi locales, que nous aidons au mieux pour commercialiser leurs produits ou leurs services en France. Nous accueillons également volontiers les entreprises européennes lorsqu'il n'existe pas de réseau privé national pouvant les aider dans leur développement.
Selon Mondissimo, environ 18% des expatriés Français créent leur entreprise à l'étranger.
Le concept de l'expatriation, tel qu'il est traditionnellement admis ou perçu, est effectivement remis en question par une nouvelle génération d'expatriés. Avant, le profil des expatriés correspondait à des cadres de grandes entreprises, en mission à l'étranger pour une durée fixe. Depuis le début des années 2010, nous avons vu beaucoup de jeunes et de cadres tenter l'aventure de l'entreprenariat à l'étranger. Cette situation est notamment amplifiée par la crise économique dans laquelle la France se trouve. Néanmoins, je pense qu'il ne s'agit pas d'un phénomène passager. L'état d'esprit des candidats à l'expatriation change. On ne part plus à Singapour, à Hong Kong ou à Montréal dans l'objectif de rechercher un emploi, mais de lancer une activité, souvent liée au secteur de l'économie numérique, des nouvelles technologies ou du commerce.
Nous avons les structures adéquates pour aider les entrepreneurs à se lancer dans ce projet. Nous participons à des salons et nouons des partenariats utiles pour répondre à ce nouveau public. Cette dynamique alimente le taux de croissance des français à l'étranger, notamment à Hong Kong, au Canada, à Dubaï ou au Maroc. C'est un atout de plus pour la dynamique et le rayonnement de la marque France à l'étranger.
Comment CCI France International et son réseau peut-il accompagner les entrepreneurs et les PME ?
Nous tenons à disposition des entrepreneurs et des entreprises 80 incubateurs et 900 postes de travail sur tout notre réseau. C'est un réel atout pour démarrer une activité ou prospecter un nouveau pays. En outre, cela permet de rompre la solitude que pourrait rencontrer un entrepreneur ou un chef d'entreprise en arrivant dans un pays encore méconnu.
Nous offrons également des services d'accompagnement à la création d'une entreprise : création de filiales, portage salarial, recrutement de commerciaux, tenue comptable...
Enfin, nous produisons de nombreuses études économiques, organisons des événements de réseautage et des sessions de formation qui peuvent soutenir un projet de création d'entreprise.
Dans une perspective d'implantation durable, les CCI sont un réducteur de risque, un tiers de confiance et un accélérateur de développement.
Dans une période marquée par une économie fragile, dans quels pays faut-il se développer ?
Il ne faut pas raisonner en ces termes. Il n'existe pas d'Eldorado. L'international, c'est un engagement dans le temps. Les entreprises doivent en avoir les moyens. Je connais certaines entreprises dont l'existence même a été menacée du fait de leur stratégie de développement à l'international.
Pour autant, il faut comprendre que la pérennité d'une organisation passe impérativement par l'international. Toutes les entreprises doivent réfléchir à une stratégie de développement à l'étranger. La croissance française est durablement faible. Les relais de croissance se trouvent à l'étranger. Les entreprises, les PME, les startups doivent toutes chercher des clients à l'extérieur des frontières.
Le choix du pays dépend de la capacité de l'entreprise à soutenir son projet d'internationalisation. Combien d'articles est-elle capable de produire ? Quel investissement peut-elle se permettre ? Quelles ressources humaines a-t-elle à sa disposition ? Une fois l'analyse des forces et des faiblesses réalisée, il sera possible de cibler les marchés sur lesquels se positionner. Accompagner une entreprise dans son plan de développement relève d'une démarche très individualisée.
Quelles sont les forces de votre organisation ?
Notre principale force réside dans la diversité des profils et des parcours de nos effectifs. Nous employons aussi bien des Français que des locaux. Nous pouvons ainsi comprendre plus facilement et plus rapidement les enjeux et les problématiques locales. En outre, nos collaborateurs s'investissent considérablement dans leur travail, parfois dans des conditions difficiles. La qualité de leur travail et l'accueil des entreprises sont importants pour eux. Lorsqu'une entreprise nous sollicite, elle sait qu'elle va pouvoir compter sur un dévouement total de la structure qui l'accueille.
Pour le bénéfice de nos adhérents, nous cherchons sans cesse à développer et à renforcer les liens avec les institutions françaises et locales, et sommes de ce fait en constante relation avec les ambassades, les services économiques, les Instituts culturels et les établissements de formation. Cette diversité est une richesse et un moteur dans la gestion de nos projets et le soutien aux entreprises.
L'intégrité fait également partie de nos forces. Nous n'hésitons pas à prévenir une entreprise lorsque nous considérons que leur projet n'est pas suffisamment avancé ou structuré. Lorsque l'on se lance à l'international, il faut avoir les ressources adéquates et être conscient que le retour sur investissement ne sera pas aussi rapide. Parfois, cela demande même plusieurs années.
Nous n'hésitons pas non plus à lancer de nouvelles formules pour mettre en avant le savoir-faire français ou de nouvelles entreprises. La créativité, l'innovation, sont essentiels pour nous.
Cet ADN est clairement partagé avec les membres de nos conseils d'administration, qui sont tous des chefs d'entreprises et qui contribuent à définir et mettre en œuvre les stratégies des CCI locales.
Vos différents postes ont un point commun : l'international. Que vous ont apporté ces expériences à l'étranger ?
J'ai, depuis toujours, manifesté une curiosité pour tout ce qui a trait à l'international. Aujourd'hui, plus que jamais, les interconnections avec l'étranger sont constantes, multiples, quotidiennes. La mondialisation a totalement bouleversé nos certitudes, nos repères. Il est impératif d'être en permanence à l'écoute de ce qui se passe à l'extérieur.
Je suis convaincu qu'en adoptant cet état d'esprit, le responsable d'entreprise, comme l'entrepreneur, sera capable de se positionner, de s'adapter, de remettre en cause sa stratégie au bon moment, voire de devancer les nouvelles tendances pour imposer sa marque, ses services, ses produits. Mes différentes expériences à l'étranger m'ont également permis de rencontrer des hommes et des femmes hors du commun, d'être exposé à des individus dont le quotidien est tellement différent du mien ! C'est grâce à ces rencontres que j'ai pu m'ouvrir à des réalités dont je ne soupçonnais même pas l'existence.