Le programme de Volontariat international, qui se décline en Volontariat international en entreprise (VIE) et Volontariat international en administration (VIA), a célébré ses 20 années d’existence en novembre 2020. Il s'agit d'un programme qui, à ce jour, a permis à plus de 100 000 jeunes diplômés d’acquérir une expérience professionnelle à l’étranger. De quoi s'agit-il et quels en sont les avantages ? Des jeunes volontaires qui ont tenté l’expérience à l'autre bout du monde nous en parlent.
Les motivations
Catalina, une jeune Roumaine, vit aujourd'hui à Luxembourg. Elle y occupe le poste de juriste après avoir suivi une formation universitaire franco-roumaine en droit et poursuivi ses études à Strasbourg et à Paris dans le cadre d'un master recherche et d'un master en alternance. C'est grâce au VIE qu' elle a eu la chance de concrétiser son rêve de partir au Maroc en 2015. Elle a donc vécu à Casablanca pendant deux ans. Passionnée par la culture arabe, elle nous dira que le Maroc fut un bon compromis en termes de distance géographique et de proximité culturelle. Même si cela faisait quelques années qu'elle connaissait le programme VIE, ce n'est que vers la fin de son CDD (contrat à durée déterminée) qu'elle a commencé à postuler de manière soutenue aux offres. En quatre mois, elle finit par décrocher un VIE au sein de la direction juridique d'une banque.
A savoir que le VIE, contrairement à ce que son nom suggère, n'est ni du bénévolat ni un stage. Il s'agit d'une mission professionnelle à l'étranger, voire un emploi, encadré par un contrat. Ce programme permet ainsi aux jeunes européens ayant entre 18 et 28 ans de travailler au sein d'une entreprise européenne à l'étranger pendant deux années maximum. Pour être éligible pour un VIE/VIA, le candidat doit avoir un casier judiciaire vierge et n'avoir jamais été volontaire dans le passé. Mais selon Pierre, un jeune Français qui est aujourd'hui en mission en Inde, d'autres critères sont hautement recommandés, notamment une bonne maîtrise de la langue du pays d'accueil, un BAC+ dans son secteur d'activités, ainsi qu'une expérience antérieure en entreprise.
Cela fait un an et demi que Pierre s'est envolé pour l'Inde. « J'ai commencé mon cursus en tant qu'usineur sur commande numérique en alternance dans une entreprise meusienne. J'ai ainsi continué mes études en alternance dans le domaine de la gestion production chez Fives puis chez Saint-Gobain en performance industrielle. Ma dernière alternance fut chez Airbus pour un Master 2 en Lean management ». Ce qui l'a motivé à partir en VIE c'est surtout le but d'acquérir une expérience forte dans un pays anglophone. « L'Inde m'est un peu tombé dessus après quelques mois de recherches, mais je dirais que le feeling avec la mission doit passer en priorité au moment du choix ».
Pour Sabine, une jeune Française, c'est sa soif d'une expérience professionnelle en Asie du Sud-Est qui l'amène en Indonésie. « Diplômée d'une école de commerce et ayant toujours été attirée par une carrière à l'international, j'ai tenté de décrocher un VIE/VIA en Asie du Sud-est. J'avais de plus à mon actif, une année d'échange universitaire à Taiwan et des stages en Chine aussi bien dans les secteurs public que privé ». Elle avoue cependant que la concurrence était très forte. Dans l'incapacité d'obtenir un VIE immédiatement après ses études, malgré de nombreux entretiens en phase finale, elle s'est donc résignée à travailler à Paris, dans une société de conseil en transformation digitale, en demandant à être placée autant que possible sur des projets à envergure internationale. Cela lui a ainsi permis de se déplacer plusieurs fois à l'étranger. « Je pense que cette expérience a donné davantage de poids à mon CV quand j'ai postulé de nouveau pour les VIE/VIA trois ans plus tard ». Aussi, selon Sabine, les recruteurs recherchent des personnes flexibles, ayant une grande ouverture d'esprit, curieuses et ayant un grand intérêt pour les cultures étrangères.
Les défis du volontariat international
Comme dans le cas de tout projet d'expatriation, il faut évidemment s'attendre à quelques pépins, comme nous le dira Sabine. « Acceptée en VIE dans une entreprise française à Bangkok, ma mission a été annulée avant la signature du contrat, pour des raisons budgétaires. Mais j'ai continué à postuler avant de recevoir une réponse favorable de l'Ambassade de France à Jakarta en Indonésie ». Même si les pays qui l'attiraient le plus étaient le Vietnam, Singapour et la Thaïlande, elle est restée flexible dans ses choix. « Le destin fait plutôt bien les choses car je suis ravie d'avoir vécu un an et demi en Indonésie. Cela fait 4 mois que je suis rentrée en France. J'ai choisi de poursuivre ma carrière dans ce milieu, au sein du Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères, où je travaille actuellement, à Paris ».
Un autre élément à prendre en compte est le choc culturel lorsque l'on arrive dans un nouveau pays. Mais comme nous le dira Pierre, « c'est ce qui rend la mission tellement valorisante ». Selon lui, l'entreprise ainsi que les collègues locaux sont tellement heureux d'accueillir un expatrié dans l'équipe qu'il ne doit pas y avoir de craintes. Catalina dira, pour sa part, qu'elle a eu l'occasion d'observer et de s'adapter progressivement aux codes culturels. « Mes collègues marocains ont été gentils et ma curiosité naturelle envers leur pays a également joué un rôle important dans la communication. J'ai réussi à m'intégrer assez facilement; de plus, j'ai découvert beaucoup de similitudes avec mon pays d'origine - la Roumanie ».
Sabine estime également qu'il est important de ne pas rester uniquement avec les employés expatriés et de s'intéresser à la culture de l'autre. « Il est fortement conseillé d'apprendre la langue locale ou au moins les bases, pour se débrouiller et communiquer au quotidien. Mes collègues indonésiens parlaient bien français par ailleurs, ce qui a sans doute facilité nos échanges ». Sabine nous confie, par ailleurs, que de nombreuses personnes la contactent sur LinkedIn ou Facebook via le groupe VIE/VIA. « Je leur réponds que je sais à quel point il peut être compliqué d'obtenir un VI. Il faut être persévérant malgré les refus, se mettre des alertes sur différents sites, postuler dès que l'offre apparaît et ne pas perdre de temps. Effectuez des stages à l'étranger, ou si ce n'est pas possible, privilégiez en France, des postes à dimension internationale ou au sein d'entreprises recrutant beaucoup de VIE. Certains chargés de recrutement ne regardent que les premières candidatures reçues, tellement ils en reçoivent. Soignez bien votre CV, mettez en avant vos qualités personnelles qui feraient de vous un bon expatrié ! »
Quels avantages ?
En revanche, le volontariat international présente des avantages auxquels vous n'avez peut-être pas pensé. En effet, ce programme va bien au-delà du fait de permettre aux jeunes européens d'acquérir une expérience professionnelle à l'étranger. « Je pense que le VIE n'est pas seulement un très bon tremplin professionnel, mais aussi un moyen de faire rayonner la francophonie et la francophilie par le potentiel des jeunes qui aident la France à s'exporter », nous dira Catalina. Sa mission lui a d'ailleurs permis de préparer le dossier de candidature de la direction juridique dans le cadre d'une compétition visant à désigner les meilleures directions juridiques d'Afrique en termes de projets innovants, qui a été récompensé par le Trophée d'Or. Elle ajoute que la mission VIE est, à ses yeux, une preuve importante de la capacité d'adaptation et de l'ouverture d'esprit d'une personne.
Pour Sabine, cela permet de valider ses choix de vie tant sur le plan personnel que professionnel, de voir si l'expatriation est faite pour nous ou non, et de réfléchir à nos envies et à nos limites. « On y ressort plus ouvert d'esprit, étant confronté à de nouvelles cultures, et riche de rencontres. Les liens que nous tissons avec notre nouvel entourage à l'étranger sont très forts et perdurent », dira-t-elle.
Rappelons que le VIE concerne de nombreux secteurs, y compris les technologies de l'information et de la communication, les services, la finance, l'assurance, ainsi que la santé et l'industrie automobile. Le VIA comprend, quant à lui, les ambassades, les chambres de commerce, ainsi que les centres culturels, entre autres. En faisant un VIE, vous toucherez une indemnité mensuelle d'environ 724 euros qui est exonérée d'impôt sur le revenu. Les volontaires sont également éligibles pour une indemnité supplémentaire dont le taux varie selon le pays d'affectation.
Il est également intéressant de noter que 90% des volontaires arrivent à décrocher un poste en CDI à l'issue de leur mission, selon une étude réalisée par Business France. Pierre nous dira d'ailleurs que cette expérience lui a donné l'opportunité d'ouvrir son profil professionnel à l'international, de devenir bilingue, d'apprendre l'Hindi, mais aussi d'occuper un poste qu'il lui serait impossible à son âge en France.
L'impact de la pandémie
La crise sanitaire mondiale a évidemment eu un impact sur le volontariat international, comme tout autre secteur d'activité. Mais Pierre dira que cela n'a pas affecté son contrat de travail mais plutôt leur manière de travailler. « Nous avons 7 usines répartis en Inde et les voyages sont primordiaux pour notre organisation. Travailler sur des projets concrets totalement à distance fut une réelle difficulté pour tous nos collaborateurs ». Quant à Sabine, elle est récemment rentrée en France après 18 mois de VIA. « Travaillant au sein de la section consulaire, nous étions naturellement mobilisés afin d'assister les Français en Indonésie. Ces derniers mois, l'ambassade a également mis en place le télétravail ».
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