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Choc culturel en milieu professionnel : comment s'adaptent les expats ?

groupe de professionnels au bureau
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Écrit parHelena Delbecqle 02 Décembre 2024

Les formations interculturelles permettent en principe une transition en douceur vers un nouvel environnement de travail à l'étranger. Mais nombreux sont les expatriés n'ayant pas pris toute la mesure du changement qui les attend ! Qu'est-ce qui surprend le plus au sein des différentes cultures professionnelles de par le monde ?

La gestion du temps de travail et de l'équilibre vie professionnelle – vie privée

On sait qu'il faut s'attendre à des heures de travail plus ou moins longues en fonction des pays. 

Si certains employés pratiquent l'absentéisme, on trouve de fervents partisans du « présentéisme » au Japon ! Il est en effet dans la culture japonaise de rester au bureau tant que s'y trouve son chef, et ce, même si l'on a fini les principales tâches de la journée. Jessica, une Américaine expatriée à Tokyo, témoigne de la longueur des heures à effectuer, même en l'absence de travail... 

Conscient de cette dérive, le gouvernement a lancé une initiative il y a quelque temps : instaurer un “Premium Friday” incitant les employés japonais à partir à 15 heures, le vendredi. Mais le résultat reste mitigé tant cette coutume des horaires à rallonge est ancrée dans la mentalité japonaise. 

Les choses ont tout de même tendance à évoluer un peu aujourd'hui, avec les générations plus jeunes en poste.    

Partir le vendredi à 15 heures ? Cela est au contraire tout à fait naturel en Allemagne. Le “Feierabend” (littéralement : “veille de vacances”) est un concept qui fait référence aux fins de journées de travail et au temps libre qui s'ensuit. Cher aux Allemands, ce Feierabend se prend volontiers relativement tôt le vendredi et même parfois, pour d'autres jours de la semaine ou à la veille d'un départ de vacances. Votre départ du bureau sera à peine remarqué, d'autant plus que de nombreuses entreprises dans le pays ont adopté au moins deux journées de télétravail par semaine, depuis la crise de la Covid. 

Un expatrié allemand à Paris s'étonne précisément de la longueur de ses journées dans la capitale des lumières : « En Allemagne, nous avons l'habitude de commencer tôt et de terminer nos journées plus tôt aussi. En France, j'ai découvert que les gens prenaient souvent de longues pauses déjeuner et qu'ils travaillaient tard le soir. Ça a été un choc pour moi qui avais en tête les fameuses 35 heures hebdomadaires ! ». Les 35 heures se réalisent en effet plus sur le papier que dans la pratique quand on est à un certain niveau de poste…

Vous partez en Chine ? Attendez-vous à ce que la frontière entre vie personnelle et travail ne soit pas complètement étanche. La plupart des Chinois utilisent en effet le réseau social “Wechat” qui leur sert à communiquer aussi bien sur le plan privé que professionnel. Pour des raisons pratiques, beaucoup ont un seul et même compte affichant des messages à la fois personnels et professionnels, dans le même fil. Les Chinois ne font pas toujours cas du week-end non plus : ne soyez donc pas surpris si vous recevez un message de votre collègue sur Wechat, un dimanche, tandis que vous êtes à la salle de sport. À vous de voir si vous souhaitez y répondre…

La relation à la hiérarchie et au management

La relation au chef et à la hiérarchie fait partie des aspects qui surprennent le plus les expatriés dans un nouveau contexte professionnel. 

Il y a les organisations pyramidales et les « hiérarchies plates » chères à la culture scandinave. Amélie raconte justement son expérience suédoise en ces termes : « Ce qui m'a vraiment surprise, c'est la qualité de vie au travail, mais aussi l'importance de l'égalité et des discussions ouvertes avec les managers. Même si vous n'êtes pas au rang de chef, votre opinion trouve aussi sa place et sera vraisemblablement reçue avec naturel par votre supérieur, que vous pouvez d'ailleurs nommer par son prénom. »

Mieux vaut par contre adapter votre style managérial au Japon, en Chine ou encore en Inde. La culture professionnelle de ce dernier pays est en effet fortement influencée par des normes sociales, telles que le respect de l'âge et du rang, héritées des structures familiales et du système de castes. 

Dans les entreprises indiennes, la prise de décision, par exemple, est souvent centralisée au niveau de la direction, et les employés de rang inférieur hésitent à remettre en question leurs supérieurs ou à exprimer des opinions divergentes. Les interactions avec les chefs sont également bien plus formelles que celles que vous trouverez dans les pays nordiques européens.  

La performance individuelle et les méthodes de travail

« Je suis Américain, et vivre en Angleterre a été une expérience où j'ai découvert que les gens pouvaient se sentir à l'aise sans être toujours dans la performance et le résultat tout le temps. C'était bien d'être normal. J'ai adoré ça ! »

La compétitivité n'est effectivement pas l'apanage des pays d'Asie et cet état d'esprit américain a de quoi surprendre, même si c'est un aspect relativement connu de la culture outre-atlantique. Performance individuelle et reconnaissance professionnelle : le « self-made man » est un idéal profondément ancré aux États-Unis, et chacun est encouragé à gravir les échelons par ses propres moyens.

Un expatrié français basé à New York témoigne en ce sens : « J'ai tout de suite remarqué que la performance était la clé. Ici, on valorise les résultats et l'efficacité individuelle bien plus qu'en France, où les dynamiques de groupe sont souvent plus importantes. Il faut être constamment innovant et montrer que l'on peut faire mieux que les autres. »

Cette attitude volontariste va de pair avec la prise de risque et le rapport à l'innovation dans plusieurs cultures professionnelles. Les États-Unis , toujours sans surprise, encouragent les idées novatrices, de même que le Royaume-Uni, Israël, souvent surnommé « Startup Nation » pour sa culture entrepreneuriale, Singapour ou encore l'Estonie, moins connue mais qui joue pourtant un rôle pionnier dans le domaine de l'innovation numérique.  

Plusieurs autres pays savent développer des technologies innovantes tout en composant, paradoxalement, avec une grande forme de prudence par rapport aux idées nouvelles. En Allemagne, par exemple, le processus de décision peut être très long, minutieux, et les erreurs ne sont pas aussi bien tolérées qu'aux États-Unis ou en Israël. Il en va de même pour le Japon et la Corée du Sud, un peu freinés par leur culture de travail hiérarchisée. 

Et le choc des cultures professionnelles se fait forcément ressentir quand deux pays collaborent, par le biais d'une filiale ou d'une joint-venture, par exemple. Alex est amené à traiter depuis l'Allemagne avec des clients de l'empire du milieu (produits de l'industrie automobile). Il raconte à quel point le pragmatisme et la rapidité des Chinois laissent les Allemands perplexes : « Avant de s'engager auprès d'un client de Chine par le biais d'une joint-venture, les Allemands prendront le temps d'analyser s'ils peuvent fournir la quantité et la qualité exacte des produits requis. C'est souvent trop tard ! Si vous ne répondez pas dans les heures qui suivent, les Chinois iront trouver un autre compétiteur, chinois par exemple…”. Ce dernier, quant à lui, va plutôt s'engager très rapidement avant de savoir s'il pourra même honorer la commande. Le pragmatisme avant tout !

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A propos de

Titulaire de l’Education nationale et d’un Master II en Politiques linguistiques, j’ai eu l’opportunité de vivre au Japon et en Chine et suis actuellement basée en Allemagne. Mes activités se déclinent autour de la rédaction et de l’enseignement.

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