Je m'appelle Alban, je suis français originaire de Paris. Enfin né à Paris mais grandi en banlieue ce qui ne fait pas de moi un Parisien à proprement parler ! Cela fait un peu plus d'un an que je suis à Yangon.
Je m'appelle Alban, je suis français originaire de Paris. Enfin né à Paris mais grandi en banlieue ce qui ne fait pas de moi un Parisien à proprement parler !
Comment t'est venue l'idée de t'installer au Myanmar ?
En même temps que celle de quitter la France pour tenter l'aventure en Asie du Sud-Est. C'est bateau, mais comme beaucoup de gens je suis tombé sous le charme de cette région il y a près de 15 ans lors de mon premier voyage sur ce continent, à l'époque en Indonésie. Mon domaine d'activité m'amenant à avoir des contacts avec des prestataires en Asie, à la fin de mon contrat, j'ai postulé pour plusieurs pays et c'est du Myanmar que j'ai reçu une réponse !
Je précise que j'avais déjà visité auparavant le pays en touriste il y a un peu plus de 3 ans ce qui à l'époque m'avait laissé de très bons souvenirs et l'envie de revenir.
Depuis combien de temps es-tu parti ? Est-ce la première fois que tu vis loin de chez toi ?
Cela fait un peu plus d'un an que je suis à Yangon. J'avais déjà quitté le plancher des vaches lors d'un long séjour à Vancouver au Canada (je précise, on se sait jamais !). Un peu plus proche en termes de distance mais pas en termes de culture, j'ai également fait une année d'étude en Angleterre à Canterbury. Mais j'ai gardé mon accent français !
Comment s'est passée l'installation ?
Sans encombre. J'ai été plutôt bien accueilli mais je dois admettre que j'ai mis du temps à me mettre au boulot. Oui oui, c'est mal mais il fallait le temps pour digérer le changement de structure (passer d'une grosse entreprise à une boite à taille « humaine ») et surtout le changement de culture !
Les Birmans sont-ils accueillants ?
Non c'est une légende. Ils sont pires que les Parisiens un jour de pointe dans le métro... Plus sérieusement, je dirais qu'ils n'usurpent pas la réputation d'accueil et de bienveillance que la majorité des touristes leur attribue. Ces sourires ne sont d'ailleurs pas exclusivement réservés aux touristes. On se rend bien compte qu'ici, comme partout en Asie, le sourire est un mode d'expression aux milles significations.
Le trait de caractère le plus marqué selon moi c'est leur côté gamin. Ils sont toujours à se chamailler entre eux comme dans une cours de récréation. C'est aussi ça qui fait leur charme j'imagine !
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Yangon ?
Difficile à dire ... J'y étais déjà passé il y a trois ans lors de mon premier voyage donc j'avais déjà une idée de ce qu'était la ville. Je dirai que ce qui m'a surpris, c'est d'avoir découvert que Yangon n'est pas que la ville bruyante et fatigante souvent décrite. Il y a plein d'endroits ignorés des touristes qui paraissent être comme hors du temps. Ce n'est pas la plus belle ville du monde, mais c'est une ville qui a son caractère.
Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, ton pays d'origine ?
Pffff ... Tout! Il n'y a rien de comparable entre la France et le Myanmar. Le rythme de vie est peut-être le plus marquant. Quand on est habitué à tout avoir tout de suite en France, ici cela prend plus de temps ... Internet par exemple. C'est amusant de constater que les principaux reproches faits par les touristes touchent à la vitesse de connexion d'internet. Ils devraient être contents pourtant, il y a 3 ans, se connecter à Gmail prenait une demi-journée (quand le site n'était tout bonnement pas bloqué).
Pareil au sein de l'entreprise. Les Birmans sont de très bonne volonté mais il faut répéter, encore et encore. Il y a un gros travail de formation à faire ici et surtout, un rapport à l'entreprise à changer radicalement (ici, ne pas venir au travail sans prévenir est monnaie courante au pire ils ne sont pas payés...) .
Quel est ton meilleur souvenir ?
La fête de l'eau cru 2014 ! Les expats la fuient (tous les magasins sont fermés, le pays tourne au ralenti et les Birmans sont plus bourrés qu'à l'accoutumée) mais quel délire ! Vous demandiez si les Birmans sont accueillants? Le 3ème jour, nous avons été invités sur un des pick-up qui sillonnent la ville à la recherche d'une estrade pour se faire arroser. La famille qui l'avait loué était ... atypique: la grand-mère qui dansait une bière à la main, la mère qui se cachait du soleil (ou de honte peut-être !) derrière une serviette, la fille qui s'en donnait à cœur joie, son frère qui fumait du cannabis (dans un cheroot, le cigare local!) et le petit fils avec sa casquette façon rappeur américain pas impressionné.
On a passé la journée à prendre des coups de soleil et boire des bières sous le feu des lances à incendies et autres tuyaux d'arrosage balançant leur eau saumâtre au son des derniers tubes de musique électronique à la mode.J'ai une mémoire de poisson rouge mais cette journée-là, je la garde bien au chaud dans un coin de mon cerveau !
Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installé au Myanmar ?
Allez je vais jouer au franchouillard de base mais un bon petit fromage de temps en temps... Les restaurants ouvrent à la chaine, il devient de plus en plus facile de trouver des cuisines de divers pays. Quant aux importations, on trouve du beurre Hollande (c'est pour éviter de citer la marque...), du fromage de la même griffe, de la pâte à tartiner, du vin, de l'huile... Enfin bref, tout ce qu'il faut pour se remonter le moral en cas de coup de blues ou de ras-le-bol du riz et autres currys.
Autre chose qui manque, une connexion internet rapide (je parle surtout de l'internet mobile, je n'ai pas internet à la maison, c'est hors de prix !). C'est d'autant plus vrai lorsque l'on rentre en France pour les vacances... Là, ça fait un choc ! Mais on finit par s'y faire.
La vie d'un expat au Myanmar, ça ressemble à quoi ?
La vie d'un expat je ne sais pas, la mienne elle ne ressemble à rien ! Métro (oui il y a le métro à Yangon ... Euh en fait non !) boulot dodo ... Les loisirs sont rares à Yangon, les cinémas ne passent que les dernières superproductions américaines ou les films locaux bien cucul et on a rapidement fait le tour des bars et autres boites de nuit. J'adore visiter tout ce qui rappelle le passé kitch et suranné pas si lointain du pays. Yuzana Plaza, le premier centre commercial ouvert au Myanmar, bordélique et crasseux à souhait, le Mingala Cinema, vieille salle désertée par les Birmans pour les nouveaux cineplex modernes et sur-climatisés, le DJ Bar non loin de Yuzana Plaza, une vingtaine de rabatteurs qui vous vantent les "filles", l'endroit est aussi vieillot que le centre commercial voisin, climatisation quasiment inexistante, le Yangon underground !
Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog ?
Au début je m'étais promis de ne jamais faire de blog sur ma vie au Myanmar. Et puis, comme les promesses n'engagent que ceux qui les croient, j'ai finalement décidé de sauter le pas. En fait, c'était plus un blog en réaction à ce consensus qui consiste à dire que "les Birmans sont gentils, que la Birmanie c'est magnifique" etc. C'est pas faux non plus (faut pas cracher dans la soupe de Nouille Shan comme dit le proverbe local) mais à la longue ça devenait pénible ! Je ne cache pas que j'ai fait partie des gens qui encensaient le pays mais y vivre change quelque peu la perception !
As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog ?
Non. De toute façon personne ne le consulte à part moi, mes parents et la société que je paie pour gonfler artificiellement mes stats.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaitent aller vivre au Myanmar ?
De prendre leur mal en patience ! C'est un véritable challenge de débarquer dans un pays encore fermé il y a quelques années. Ici c'est l'Asie d'il y a 30 ans (j'en ai 27 c'est vous dire si je l'ai bien connue !), le "choc" culturel est encore plus important que pour d'autres pays d'Asie du Sud Est. Il faut se préparer aux embouteillages de plus en plus présent dans la ville, à se déplacer en taxis (le réseau de bus yangonites est vraiment vétuste, il n'y a aucun plan des lignes et les Birmans eux-mêmes demandent la destination aux chauffeurs avant de monter...) et à apprendre le birman. Et rien que pour ça je leur souhaite bonne chance !