Quelles restrictions pour contenir la nouvelle vague mondiale de Covid-19

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Écrit par Asaël Häzaq le 29 novembre, 2021
Nommé « Omicron » par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nouveau variant ravive les traumatismes de 2020. Selon les experts, la 5e vague du variant Delta, qui s'annonçait plus sévère et plus longue que la précédente, pourrait prendre une tournure plus tragique encore avec Omicron.  

Union Européenne, États-Unis, Japon, Israël, Singapour, Philippines, Royaume-Uni... les États referment leurs frontières avec l'Afrique australe et accélèrent leur campagne de vaccination. Comment envisager cette fin d'année ? À quelles restrictions s'attendre ?

L'Afrique du Sud renforce sa campagne contre la Covid

Dimanche 28 novembre, l'OMS martèle : il faut rouvrir les liaisons avec l'Afrique australe. L'Organisation exhorte les pays à ne pas céder à l'égoïsme provoqué par la panique, mais à « adopter une approche scientifique » fondée sur « l'évaluation des risques ». L'Afrique du Sud, elle, s'estime « punie » pour avoir signalé à l'OMS la présence de ce nouveau variant. C'est un coup dur pour le pays, qui venait à peine d'entamer sa saison touristique, l'un des piliers de son économie. Dès l'annonce de la fermeture des frontières, la bourse de Johannesburg a chuté de près de 2%. Le pays, au niveau 1 de son seuil d'alerte, multiplie les appels à la vaccination, autorisée dès 12 ans.

Selon les autorités, 35,6% de la population est pleinement vaccinée; 41% a reçu au moins une dose. Le Comité consultatif ministériel sur les vaccins a annoncé commencer la campagne de rappel avec les personnes âgées et les personnes immunodéprimées. Côté restrictions, un couvre-feu est imposé de minuit à 4 heures du matin (vente d'alcool interdite durant ces heures), le port du masque est obligatoire dans les espaces publics et dès lors qu'on entre en contact avec une personne extérieure à la famille. Halte aux grands évènements : les rassemblements en intérieur de plus de 750 personnes sont interdits (pas plus de 50 si l'espace est restreint); en extérieur, la limite est de 2000 personnes. Les autorités en appellent au pragmatisme : on diminuera d'autant le nombre d'individus que l'espace sera petit, surtout s'il est clos. Les fêtes de fin d'années en grand groupe sont fortement déconseillées. Les funérailles ne devront pas accueillir plus de 100 personnes. 

Tous vaccinés en Israël : les enfants aussi

Le pionnier de la vaccination est aussi le premier à se lancer dans la course à la troisième dose et à la vaccination des enfants. Lancée dès cet été, la dose de rappel concerne déjà 44,1% de la population. Mais la vague de Covid touche désormais surtout les enfants. Depuis le 22 novembre, une campagne de vaccination spéciale vise les 5-11 ans. Le ministère de la Santé prévient : les mesures anti-Covid pourraient se durcir si le nombre d'infections passe à plus de 1000 par jour (environ 600 à ce jour). Parmi les mesures envisagées, la diminution des seuils de rassemblements, y compris pour les vaccinés. Selon le ministère, ce sont précisément ces zones de rassemblements qui enregistrent le plus de cas positifs à la Covid-19. 

L'Amérique latine face à la Covid-19

Vaccination des enfants dès 3 ans aussi pour le Chili, l'Argentine, la Colombie et le Venezuela. Le Nicaragua abaisse l'âge à 2 ans. Le problème, c'est l'efficacité des vaccins. Des études montrent des effets indésirables du vaccin chinois Sinovac sur les 12-17 ans, mais pas sur les 3-5 ans. Les autorités le réservent donc aux jeunes enfants. Ces pays renforcent également leurs mesures anti-Covid : port du masque obligatoire, distanciation sociale, et tests PCR même pour les vaccinés. Le Chili, rouvert récemment (le 1er novembre), se distingue de ses voisins en supprimant l'obligation de test PCR à partir du 1er décembre, uniquement pour les personnes ayant reçu leur dose de rappel. Mais plus de confinement, du moins pour l'instant. La Colombie, Cuba (La Havane) et le Pérou imposent un couvre-feu. La Havane combine couvre-feu et fermeture des établissements non essentiels : bars, restaurants, boîtes de nuit... Au Pérou, le gouvernement impose le port du masque, et même du double masque en intérieur (centres commerciaux, supermarchés, aéroports, administrations etc.) 

Situation sous contrôle au Japon

Avec 77 % de sa population pleinement vaccinée et une moyenne de moins de 100 nouveaux cas par jour, le pays voit le bout du tunnel. L'état d'urgence est levé depuis le mois dernier. Mais pas d'euphorie. La vigilance reste de mise. La situation en Europe et le nouveau variant Omicron ne militent pas pour une réouverture générale des frontières. Le port du masque reste de mise. Les rassemblements en petits groupes sont autorisés, sauf dans les quartiers très fréquentés. Les entreprises sont encouragées à favoriser le télétravail et la souplesse horaire, pour éviter le rush des transports. Même effort demandé aux restaurateurs et autres gérants de lieux de loisirs, avec un appel à plus de flexibilité. Soucieuse de la relance des activités socio-économiques du pays, la Keidanren – Fédération japonaise du patronat – exhorte toujours le gouvernement à ouvrir les frontières, à l'instar du voisin sud-coréen. 

La Chine se barricade

Officiellement, tout va bien. Xi Jinping et sa politique « zéro Covid » jouent les gros bras devant une Europe terrassée par la 5e vague. Preuve, selon le Parti communiste chinois (PCC), que la stratégie européenne - et occidentale - ne fonctionne pas. Mais d'autres voix se lassent des restrictions imposées par cette politique. Fermeture des frontières, voyage dans certaines régions soumises à la présentation d'un test PCR négatif de moins de 48h, interdiction à tout habitant provenant d'une zone où un cas de Covid a été détecté dans les deux semaines précédentes de se rendre à Pékin, trains arrêtés ou annulés, confinements de villes entières, quarantaines, fermetures de sites après un seul cas de Covid détecté... Beaucoup de restrictions alors que les taux de contaminations chinois n'ont rien à voir avec les pics observés en Europe. Et la population ? Elle critique, mais sur Internet. Hors de question de marquer son opposition sur la place publique. Mais tous s'accordent pour dire que la Chine serait incapable de survivre à une situation telle que celle subie par l'Europe. Fermeture totale donc, du moins, jusqu'aux JO d'hiver de 2022.

Régime sec en Autriche

Le confinement des non-vaccinés n'aura pas suffi. Depuis lundi 22 novembre, l'Autriche est de nouveau coupée du monde. Un confinement inévitable, pour le chancelier Alexander Schallenberg, et d'autant plus justifiable avec le nouveau variant Omicron. Prévu pour durer jusqu'au 13 décembre, ce confinement est le quatrième que connaît le pays. En pratique : pas d'attestation de déplacement (comme pour les précédents confinements), fermeture des commerces non essentiels (dont les restaurants et les hôtels), télétravail vivement recommandé, écoles ouvertes, mais forte incitation pour que les parents gardent leurs enfants à domicile, sorties permises pour s'aérer, aller travailler ou faire des courses essentielles. Face à la grogne des habitants, le chancelier assume. Les très mauvais chiffres de la vaccination imposaient des mesures plus drastiques. Avec à peine 66,7% d'habitants pleinement vaccinés au 27 novembre, l'Autriche peine à endiguer la recrudescence d'infections. « Augmenter durablement le taux de vaccination est le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux », assure Schallenberg lors d'une conférence de presse organisée dans le Tyrol. Objectif du gouvernement : sauver Noël.

Urgence vaccinale au Sénégal

Le pays ne veut pas revivre les scénarios des vagues précédentes. En juillet dernier, le professeur Souleyemane Mboup constatait un relâchement général : « [...] on a vraiment senti une fatigue, ce qui est normal. [Il] y a eu des mesures que tout le monde respectait. Au fur et à mesure de l'évolution de la pandémie, surtout à la fin de la deuxième vague, on a senti [...] un relâchement. » Difficile d'allier urgence économique et restrictions Covid. C'est le défi que veut relever le pays, alors que ses frontières sont rouvertes au tourisme depuis octobre dernier. Le masque est obligatoire dans les espaces publics et privés : marchés ouverts ou couverts, commerces, banques, administrations, moyens de transport (y compris les taxis)… Les restaurants, espaces sportifs, cultuels, culturels ou de loisirs sont ouverts, soumis à l'observance des gestes barrières : distanciation sociale et port du masque. Les contrevenants risquent des peines d'amende, voire, une détention. Les grands événements sont aussi autorisés, dans la limite de 500 participants. Avec à peine 5,5 % de sa population pleinement vaccinée au 24 novembre et un variant Omicron qui menace le monde, les autorités sénégalaises savent que la lutte contre la Covid-19 passera par le renforcement des gestes barrières et une accélération de la campagne de vaccination, si tant est que les accords internationaux permettant au Sénégal et d'avoir suffisamment de vaccins soient respectés.

Couvre-feu en Belgique

Le 17 novembre, les autorités belges annoncent un panel de restrictions pour lutter contre la Covid-19 : distanciation sociale, port du masque dès 10 ans (obligatoire à partir de 12 ans), généralisation du Covid Safe Ticket + (équivalent du pass sanitaire), télétravail obligatoire dès que le métier le rend possible : 4 jours par semaine jusqu'au 13 décembre (puis 3 jours par semaine), programmation dose de rappel pour tous, en 2022. La survenue du variant Omicron et la découverte d'un cas en Belgique changent la donne. Le 26 novembre, le Premier ministre belge Alexander De Croo annonce la fermeture des discothèques et un couvre-feu dès 23h pour les restaurants et les marchés de Noël. Et les repas en famille ou entre amis ? Le Premier ministre n'indique aucun nombre de convives maximum, mais appelle chacun à limiter ses contacts : « [...] nous partons du principe que chacun peut faire preuve de bon sens et limiter les contacts et veiller à ne pas mettre en danger les personnes âgées ».

Delta et Omicron vont-ils saboter les fêtes de fin d'année ? Ancien directeur de l'Institut Pasteur, le professeur Christian Bréchot, virologue, admet : «On peut espérer avoir un Noël tranquille, mais on a un problème, c'est certain. » Le professeur Tulio de Oliveira, directeur du Centre de réponse aux épidémies et d'innovation, constate surtout le manque de solidarité internationale. Il regrette, dans un tweet : « Le monde devrait soutenir l'Afrique du Sud et l'Afrique et ne pas les discriminer ni les isoler. » L'OMS approuve et multiplie les appels aux autres pays. La Covid ne sera endiguée que si tous États ont un accès équivalent aux vaccins.