![jeune femme souffrant de regles douloureuses](https://www.expat.com/images/upload/6/9/8/5/1653907029-woman-on-period-news_item_slider-t1653907029.jpg)
Le congé menstruel est une absence du lieu de travail, rémunérée ou pas, due à l'incapacité d'une femme à travailler en raison de règles douloureuses. Plusieurs pays à travers le monde en ont déjà pris l'initiative, mais l'Espagne est le premier pays en Europe à leur emboîter le pas.
En effet, le gouvernement espagnol a récemment approuvé un projet de loi accordant un congé payé aux femmes souffrant de douleurs menstruelles sévères. En 2017, l'Italie avait fait la une des journaux en proposant d'offrir jusqu'à trois jours par mois de congés payés aux femmes souffrant de douleurs menstruelles atroces. Hélas, cette proposition n'a pas fait l'unanimité.
Selon l'American Academy of Family Physicians, la dysménorrhée (douleur menstruelle extrême) est une expérience courante auprès des femmes de tous les âges. Aux États-Unis, près d'une femme sur cinq souffre de douleurs intenses qui compromettent leurs activités quotidiennes. Comme les femmes représentaient 56,8% de la main-d'œuvre américaine en 2016, selon les données du ministère du Travail, les congés payés méritent d'être discutés.
Certains pays, en revanche, soit offrent un congé menstruel non rémunéré ou ont mis en place d'autres politiques. Le Japon, par exemple, contraint les employeurs à accorder aux femmes des jours de congé en cas de règles douloureuses, mais il convient de noter qu'il s'agit de congés non rémunérés.
Les pays suivants proposent déjà un congé menstruel payé :
- Indonésie : deux jours par mois.
- Corée du Sud : les femmes sont rémunérées pour les congés menstruels non utilisés.
- Taïwan : trois jours par mois qui ne sont pas comptabilisés dans les congés de maladie.
- Zambie : un jour de congé par mois.
L'Espagne accorde trois jours de congé menstruel
C'est une grande première au sein de l'Union européenne (UE). Approuvé la semaine dernière par le cabinet, le congé menstruel en Espagne fait partie du texte de la réforme de la loi sur l'avortement. Il s'agit d'une proposition inédite non seulement en Europe mais aussi dans une grande partie du monde. Cette décision du ministère de l'Égalité a cependant soulevé une polémique lors d'une négociation houleuse avec le ministère de la Sécurité sociale.
Selon cette nouvelle loi, les femmes ayant des règles douloureuses sont éligibles pour 3 jours de congé payé maximum. Cependant, cette politique ne s'applique qu'aux femmes qui peuvent justifier leur demande, c'est-à-dire, elles doivent disposer d'un diagnostic médical préalable pour en bénéficier.
Selon le ministère de la Santé, avec chiffres à l'appui, au moins une femme sur dix en Espagne souffre de dysménorrhée. Souvent, ces douleurs menstruelles cachent des maladies telles que les fibromes, les polypes ovariens ou encore l'endométriose. Cette politique a été controversée, certains la considérant comme une stigmatisation des femmes. D'autres, en revanche, estiment qu'elle garantira les droits fondamentaux et du travail.
Congés menstruels : stigmatisation ou justification ?
Selon Nadia Calviñoo, la ministre espagnole des Affaires économiques, il y a des risques que cette nouvelle norme « stigmatise » les femmes au sein du marché du travail, particulièrement celles qui choisissent de prendre des jours de congé. Mais d'autres estiment que cette mesure est justifiée puisque les femmes sont déjà victimes de stigmatisation dans la culture sexiste. « Les droits du travail ne peuvent pas être considérés comme une source de stigmatisation. La stigmatisation réside plutôt dans le manque de reconnaissance des droits fondamentaux puisque le marché du travail continue d'être « profondément androcentré », a souligné Toni Morillas, directrice de l'Institut de la femme, rattachée au ministère de l'Égalité, et l'un des leaders des négociations interministérielles, dans ses déclarations aux médias internationaux.
Pour Jimena López Sánchez, porte-parole de la Commission de Madrid pour le droit à l'avortement, il ne s'agit pas seulement de reconnaître les droits sexuels ou reproductifs des femmes, mais aussi les droits du travail. Elle estime que ce type de législation est loin d'être un couteau à double tranchant pour accroître la discrimination dans le monde du travail. Au contraire, selon elle, cette loi prévoit des mesures de conciliation.
« La discrimination à l'encontre des femmes sur le marché du travail existe déjà, comme en témoignent les écarts salariaux. Le nombre de contrats accordés aux femmes et bien inférieur à celui des hommes. Il faut arrêter de juger les femmes qui constituent tout de même la moitié de la population mondiale. Je pense que cela relève de la responsabilité sociale. Si nous avons la chance de profiter de conditions de travail et de vie plus dignes, nous aurons tous accès à une société plus équitable et meilleure », a-t-elle souligné dans une interview à France 24.
Quels autres changements en Espagne ?
Si toute l'attention se tourne sur les trois jours de congé menstruel accordés aux femmes, plusieurs autres points évoqués dans la réforme de la loi sur l'avortement en Espagne devraient un impact considérable sur elles. En effet, d'autres réformes sont également en cours. Le parlement espagnol a approuvé la semaine dernière le projet de loi sur le consentement qui insiste que « seulement oui signifie oui ». Selon les dispositions de cette loi, si elles sont adoptées par le cabinet, les victimes d'agression sexuelle ne seront plus contraintes à prouver que la violence a été utilisée contre elles. Pendant longtemps, la loi existante s'est appuyée sur des preuves de violence, de résistance ou d'intimidation afin de juger s'il s'agit bien d'un acte sexuel criminel. D'autre part, le nouveau projet de loi définit le consentement comme « l'expression explicite de la volonté d'une personne, précisant que le silence ou la passivité ne sont pas synonymes de consentement ».
Alors que le congé menstruel est considéré par de nombreuses personnes comme une politique progressiste en Espagne, la pratique de la maternité de substitution est considérée comme une forme de violation des droits de la femme. La nouvelle réforme légale sur l'avortement inclut l'interdiction de la publicité de telles pratiques dans les agences, assortie de sanctions, et va encore plus loin. Les tribunaux espagnols pourront poursuivre les couples qui se rendent à l'étranger pour trouver une mère porteuse. Sachez que cette pratique est illégale en Espagne.
D'autre part, cette nouvelle loi exige que les écoles et les autres établissements d'enseignement, ainsi que les prisons, fournissent gratuitement des serviettes hygiéniques. Une autre composante de cette loi est l'élimination de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) sur tous les produits liés à l'hygiène féminine. En effet, des contraceptifs anti-hormonaux seront financés publiquement et distribués gratuitement dans les instituts dans le cadre des campagnes d'éducation sexuelle.
Quid du congé maternité ?
Pendant ce temps, d'autres pays se distinguent déjà en matière de congé de maternité et autres avantages pour les femmes. Il est bon de savoir que certains pays exigent aux employeurs d'accorder des congés maternité rémunérés à leurs salariées, tandis que d'autres ont mis en place un système de sécurité sociale pour couvrir ces dépenses. Parmi les pays qui disposent les systèmes de congé de maternité les plus généreux, on compte les suivants :
- Bulgarie
Ce pays d'Europe de l'Est est le plus généreux de l'UE en matière de congé de maternité. La mère, le père ou le tuteur de l'enfant peut prétendre à un maximum de 410 jours (13,5 mois) de congé de maternité, accordés de manière progressive en fonction de la personne qui s'occupe de l'enfant. Ce congé est financé à quasi-totalité. En effet, 90% du salaire est couvert par la sécurité sociale.
- Grèce
En Grèce, les employées sont éligibles pour un peu moins d'un an de congé de maternité, c'est-à-dire, un total de 43 semaines. Pendant cette période, elles sont indemnisées par une combinaison financée à la fois par l'employeur et la sécurité sociale. Les employeurs sont ainsi tenus de verser au moins 50 % du salaire de l'employée. Quant aux papas, ils ont droit à 14 jours de congé de paternité. Les parents ayant accompli au moins un an de travail ont également droit à 4 mois de congé parental. Ces congés peuvent être pris de manière consécutive ou intermittente jusqu'à ce que l'enfant atteigne l'âge de 8 ans.
- Le Royaume-Uni
La politique de congé de maternité au Royaume-Uni est similaire à celle de la Grèce. Elle accorde aux employées jusqu'à 39 semaines de congé payé avec un maximum de 52 semaines, y compris le temps non rémunéré. Selon le site Web du gouvernement britannique, les pères peuvent choisir de prendre 1 semaine ou 2 semaines consécutives de congé. La durée est la même s'ils ont plus d'un enfant (par exemple, des jumeaux). Cependant, ils ne peuvent pas prendre des congés parentaux avant la naissance de l'enfant.
- Croatie
La Croatie offre 30 semaines de congé de maternité qui commencent généralement 28 jours avant la naissance et dure jusqu'à ce que l'enfant ait six mois. Des congés parentaux supplémentaires peuvent leur être accordés une fois que l'enfant a six mois, selon leurs besoins. Les deux parents peuvent ainsi prendre pendant 8 mois (pour le premier et le deuxième enfant) ou 30 mois (dans le cas de jumeaux, du troisième et tous les enfants suivants). De manière générale, les deux parents puisent chacun de leurs congés parentaux pour une durée de 4 à 15 mois (selon le nombre d'enfants).
- Chili
Certains pays d'Amérique du Sud ont également introduit des politiques de congé favorables à la famille. Au Chili, par exemple, les employées peuvent prendre jusqu'à 30 semaines de congé de maternité, dont 18 semaines sont considérées comme la norme. Les femmes peuvent ainsi prétendre à six semaines avant et 12 semaines après la naissance de leur enfant. Quant aux pères, ils ont droit à 5 jours ouvrables continus de congé de paternité. Ils peuvent l'utiliser quand ils le souhaitent après la naissance de l'enfant. Les pères peuvent également diviser le congé parental comme suit : jusqu'à six semaines de congé à temps plein ou 12 semaines de congé à temps partiel.