L'ex-premier ministre portugais José Socrates a été interpellé vendredi dans le cadre d'une enquête pour fraude fiscale, blanchiment d'argent et corruption.
José Socrates fait partie d'un groupe de quatre personnes interpellées au cours des derniers jours, dont trois ont été présentées au juge vendredi, indique le ministère public dans un communiqué. Des perquisitions ont été menées dans plusieurs endroits.
José Socrates, 57 ans, a été arrêté hier soir, 23h10, lors de son arrivée à l'aéroport de Lisbonne, selon les médias portugais. L'ex-homme fort du pays jusqu'en juin 2011 doit être déféré devant la justice samedi.
Opérations bancaires et transferts d'argent
L'enquête porte sur des opérations bancaires et des transferts d'argent d'origine inconnue, indique le ministère public. Il précise qu'il n'y a aucun lien avec l'opération Monte Branco, un coup de filet qui avait entraîné l'arrestation en juillet de l'ancien PDG de la banque Espirito Santo (BES), Ricardo Salgado.
Cette affaire intervient une semaine après l'éclatement d'un scandale de corruption lié à l'attribution de visas «dorés», réservés aux investisseurs étrangers, qui a conduit à l'arrestation de plusieurs hauts responsables de l'Etat.
Ce scandale avait provoqué dimanche la démission du ministre de l'Intérieur du gouvernement de centre droit, Miguel Macedo, qui a jugé que son «autorité politique» avait été affaiblie.
Lourde défaite en 2011
L'arrestation de M. Socrates intervient au plus mauvais moment pour le maire de Lisbonne, Antonio Costa, qui devrait être désigné samedi secrétaire général du parti socialiste, principale formation d'opposition, à l'issue d'un scrutin des militants dont il est l'unique candidat.
José Socrates avait subi une lourde défaite lors des élections législatives anticipées de juin 2011 remportées par le parti social-démocrate (PSD, centre droit) de l'actuel premier ministre Pedro Passos Coelho.
M. Socrates avait alors quitté ses fonctions de secrétaire général du PS après avoir démissionné du poste de premier ministre fin mars, suite au rejet au Parlement d'un nouveau programme d'austérité budgétaire.
Déjà accusé de corruption
Au pouvoir entre 2005 et 2011, M. Socrates avait rejoint le parti socialiste en 1981. Elu député à 30 ans, il avait été plusieurs fois ministre avant de prendre la tête du PS en 2004, lui offrant l'année suivante la première majorité absolue de son histoire.
José Socrates s'est trouvé impliqué dans plusieurs controverses qui ont écorné son image au fil de six années de pouvoir. Son nom a été notamment cité dans une enquête pour corruption remontant à l'époque où il était en charge du ministère de l'Environnement, et finalement classée en 2010.
Après sa défaite électorale contre Pedro Passos Coelho, il s'est inscrit en 2012 à l'institut d'études politiques à Paris avant de regagner le Portugal où il a débuté une nouvelle carrière en tant que commentateur à la télévision publique RTP.
Maison à Paris à l'origine de l'enquête
L'origine de cette détention serait vraisemblablement une maison louée par José Sócrates, évalué à trois millions d'euros au cours de la période où il a étudié à Paris, après avoir quitté le gouvernement en 2011.
Selon l'hebdomadaire Expresso, les chercheurs du Département central des enquêtes et action pénale (DCIAP) tentent d'identifier avec cette enquête d'où provient l'argent ayant servi à payer le loyer, étant donné que l'ex premier ministre avait eu recours, selon ses propres déclarations, à des prêts garantis.
Source ATS