Dans ce pays où affluent les demandeurs d'asile, dans l'Est, en Saxe, la question de l'immigration divise une opinion inquiète. Même si les spectres du passé et une démographie en berne réduisent la portée du discours xénophobe.
La guerre de Syrie a débarqué en Saxe, quelques jours avant Noël. Les habitants de Pappritz (1 953 âmes), une ravissante commune à 8 kilomètres de Dresde, apprennent qu'il incombe à leur municipalité d'accueillir une cinquantaine de demandeurs d'asile. Et, ainsi, de participer à l'effort de solidarité national. Avec 200 000 demandeurs d'asile en 2014 (+ 60% par rapport à 2013) et probablement le double en 2015, l'Allemagne est en effet devenu le principal pays d'accueil pour les réfugiés au sein de l'Union européenne.
Très vite, le maire (chrétien-démocrate) informe ses administrés que l'unique hôtel de Pappritz, fermé depuis plusieurs mois, sera transformé en centre d'accueil dès le mois de mars suivant. Emoi général ! L'édile convoque une réunion publique. "On attendait 20 personnes, il en est venu 200", se souvient Andreas Hillscher, chirurgien à la retraite, qui n'est pas près d'oublier cette foire d'empoigne. "Les participants étaient vent debout : ils disaient que les migrants seraient bruyants ; que les filles de la commune seraient harcelées ; que le prix de l'immobilier allait chuter. Tout y est passé."
Dominique Böckting, professeur d'allemand, confirme : "J'avais honte de ce que j'entendais. Je me suis dit : 'Ce n'est pas possible, ça recommence !'Pour elle, pas question de rester les bras croisés. Avec le chirurgien retraité et d'autres, elle fonde l'association Willkommen im Hochland ("Bienvenue dans les hautes terres"), en référence à la situation géographique de la commune, à 250 mètres à l'aplomb d'un méandre de l'Elbe. Aujourd'hui, 200 bénévoles aident les migrants, à coups de cours d'allemand, de consultations médicales ou de conseils juridiques. Mais le camp d'en face, hostile aux migrants, a fondé la Bürgerinitiative (BI). Ses membres ont "courageusement" déployé une banderole "Non aux réfugiés" devant le centre d'accueil.
Une centaine d'agressions xénophobes
Depuis l'ouverture de celui-ci, en mars 2015, la ville est coupée en deux : "Il y a des voisins qui ne s'adressent plus la parole; des enfants qui ne parlent plus à leurs parents", raconte, navrée, la prof d'allemand, qui a récemment reçu un e-mail menaçant : "Vous nous avez déclaré la guerre, vous l'aurez..."
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jean luc