Ouh là là ! Des "chocs culturels" j'en ai connu des tas vu que je vadrouille pas mal. Mais ce n'était pas si "choquant" que ça. Même dans un pays musulman comme le Maroc, où je me suis fait des amis, ceux-ci étaient très critiques sur l'islam et nous étions donc en phase.
Dans le cas du Paraguay ce fut, effectivement, un choc : celui de l'inculture. Et quand je dis inculture c'est pas seulement la littérature et la poésie, j'y englobe le savoir de base technique. Par exemple faire une pente à une gouttière pour évacuer l'eau, ça les dépasse, ils les montent comme des corniches. Pourtant le Paraguay ce n'est pas l'Atacama les pluies sont fréquentes et souvent fortes. Donc les gouttières pissent de tous les côtés mais, pour eux, c'est normal. Même quand il pleut aussi à l'intérieur de la maison parce que le toit a été mal fait (j'ai eu, en quatre ans, trois maisons, toutes les trois avaient des fuites sérieuses à l'intérieur). Tout est routinier chez eux, même si ça fonctionne mal. Jamais une remise en cause même pour un petit truc technique.
J'ai pourtant connu des pays où le niveau culturel était très bas (Afrique noire occidentale, en particulier dans la brousse), mais dès qu'on établissait une relation de copinage avec un jeune (le copinage est pratiquement impossible au Paraguay, un étranger étant un diablo), celui-ci désirait savoir des tas de choses car le moteur est, bien évidemment, la curiosité. Moteur complètement absent chez les paraguayens y compris les jeunes. Le jeune (ou moins jeune) africain était content d'apprendre, de maîtriser un savoir technique. Pour lui la qualification professionnelle est un moteur important dans la promotion sociale. Notions qui dépassent les paraguayens qui s'en fichent complètement. La vie se résume à glander un maximum assis toute la journée sur une chaise à fils plastiques en suçant leur téréré et à tripoter interminablement leur smartphone (surtout les femmes). Je ne suis pourtant pas un forcené du travail et je n'ai pas réédité pour rien "Le droit à la paresse" de Paul Lafargue (en téléchargement sur mon site) mais une telle oisiveté et une telle complaisance dans le misérabilisme à, pour moi, un côté morbide.
La culture classique ? Simple ils ne lisent rien. D'ailleurs les "librerias" vendent de tout sauf des livres (les pharmacies aussi vendent de tout, mais aussi des médicaments). La plupart sont illettrés sorti d'Asunción et, un peu plus loin, la plupart ne connaissent pas l'espagnol juste le dialecte guarani. Lire une ligne ou en écrire une est très laborieux. Donc ils n'ont aucun plaisir dans la lecture qui n'est pas non plus une source de savoir. Quant à Internet ça se résume à Facebook sur leur smartphone. Et que s'écrivent-ils ? Je me suis penché, indiscrètement, sur des épaules, ça se résume à une ligne et demie de texte du genre "Hola qué tal ?" et ils font défiler continuellement leurs petites photos de leurs nombreux "amis" Facebook.
Vous me direz, braves gens, que c'est un peu la même chose avec les "d'jeun'z" français. Et bien les jeunes paraguayens, c'est la même chose en pire. Donc pas ce qu'on appelle un "choc culturel" car on est en terrain qualitativement connu.
La solution ? Simple ! Aller rechercher des contacts ailleurs ! Ca s'améliore nettement en Argentine et, plus encore, au Chili.