Comment apprendre les langues des signes en expatriation 

Vie pratique
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Écrit par Asaël Häzaq le 19 juillet, 2024
En plein projet d'expatriation, vous vous interrogez sur la langue des signes de votre pays d'accueil. Sourd ou malentendant, vous vous demandez comment signer dans le pays d'accueil. On insiste souvent sur l'importance d'apprendre la langue du pays d'expatriation. Par « langue », il faut entendre aussi bien les langues parlées que les langues visuelles, comme les langues de signes. Tour d'horizon des bons conseils à suivre pour les apprendre en expatriation.

Apprendre une langue des signes en expatriation

Dans quel pays partez-vous ? Car on peut distinguer plusieurs familles de langues des signes. Par exemple, si vous signez en autrichien, vous aurez plus de facilités à comprendre et apprendre la langue des signes allemande. Même facilité entre la langue des signes néerlandaise et l'allemande. En revanche, si vous signez en italien ou en australien, vous aurez moins de facilités avec les langues des signes autrichiennes, néerlandaises et allemandes. Ces données restent néanmoins des généralités. Tout dépend de votre rapport aux langues et de votre manière d'apprendre. Comme pour les langues orales, vous trouverez différents moyens d'apprendre une nouvelle langue des signes.

Apprendre à l'école

Selon votre profil (étudiant expatrié, salarié, travailleur indépendant, conjoint suiveur…), plusieurs options s'offrent à vous. Si vous êtes étudiant, votre université propose peut-être des cours collectifs pour apprendre la langue des signes du pays, et faciliter votre intégration. Si vous êtes travailleur, conjoint suiveur, expatrié retraité… Recherchez des associations de sourds ou malentendants et/ou des associations de langues des signes dans votre ville d'expatriation. Pensez aussi aux écoles de langue spécialisées en langues des signes. Si vous préférez l'apprentissage en comité réduit, misez sur les professeurs particuliers. Beaucoup proposent des cours à distance, occasion pour vous de commencer votre apprentissage bien avant votre expatriation.

Se former sur YouTube

Langue des signes britannique (British Sign Language), sud-africaine (SASL), américaine (ASL), allemande (DGS), italienne (LIS), coréenne (KSL)… Il existe une multitude de chaînes YouTube sur lesquelles vous pourrez apprendre votre future langue d'expatriation. Économique et pratique, l'apprentissage en ligne permet d'apprendre à votre rythme. Attention cependant à la pratique. Rien de mieux qu'un professeur pour apprécier votre manière de signer. Les cours en ligne restent néanmoins une excellente entrée en matière.

Et les livres ?

On pourrait penser que les langues des signes, langues visuelles, s'associent mal avec l'apprentissage dans un manuel. Mais comme toutes les langues, les langues des signes ont leurs livres. Investissez dans un manuel présentant également l'histoire et la culture de la langue des signes du pays d'expatriation. Dans l'idéal, feuilletez le livre avant l'achat : les représentations doivent être clairement compréhensibles. Il existe d'excellents livres de langues des signes, qui parviennent à transcrire la richesse de ces langues visuelles. Les livres ont cependant une limite. Difficile d'apprendre une langue visuelle en se contentant de supports écrits. Mieux vaut utiliser le livre en complément de cours.

Langue des signes et expatriation : comment s'adapter dans son pays d'accueil ?

Même en ayant commencé à apprendre la langue des signes du pays d'accueil, les premiers jours d'expatriation sont souvent une aventure de chaque instant. Il peut y avoir un monde entre la théorie et la pratique. L'adaptation viendra à mesure que vous échangerez avec les locaux. Mais comment vous faire comprendre par les personnes qui ne maîtrisent pas votre langue des signes ? À l'aéroport, sur la route pour vous conduire jusqu'à votre domicile, au supermarché, dans la rue… Toutes les situations du quotidien, banales pour ceux maîtrisant la langue orale du pays d'accueil, peuvent devenir compliquées.

Oraliser

Pour pallier l'incompréhension, vous pensez peut-être à l'oralisation (capacité, pour une personne sourde, de s'exprimer verbalement). Les techniques d'oralisation ont notamment été développées lorsque les langues des signes étaient interdites ou non reconnues dans le pays concerné. Elles visent à faciliter le dialogue entre une personne sourde et une personne entendante. Mais l'oralisation reste un exercice difficile et épuisant. De plus, oraliser dans un pays étranger suppose que vous compreniez la langue orale du pays d'accueil. Mais si vous avez appris à oraliser depuis longtemps, vous continuerez sans doute à le faire dans le pays d'expatriation.

Pratiquer la lecture labiale

Il s'agit de lire sur les lèvres. Tout comme l'oralisation, elle suppose que vous compreniez la langue orale du pays d'accueil. La lecture labiale vous permettra de restituer les grandes lignes du dialogue (30 à 40 % du dialogue). Mais comme l'oralisation, elle est épuisante, surtout si vous l'utilisez sur un temps long.

Utiliser un carnet, un Smartphone ou une tablette

C'est sans doute la technique la plus simple à utiliser au quotidien. Elle vous permettra de vous faire comprendre rapidement. Vous pourrez écrire ou dessiner ce que vous avez en tête ; votre interlocuteur pourra vous répondre. Ces appareils, complétés avec l'utilisation de signes simples, faciliteront le dialogue. Ces outils sont un bon kit de survie pour vous adapter en douceur à votre vie dans le pays d'accueil.

Rappel pour tous : non pas une, mais « des langues des signes »

On aime encore parler de « la langue des signes » comme s'il s'agissait d'une langue universelle. Mais contrairement aux idées reçues, il n'existe pas une langue des signes commune à tous les pays, tout comme il n'existe aucune langue orale universelle. Les langues des signes sont des langues à part entière, au même titre que l'anglais, le vietnamien, le lingala ou le turc. Il existe presque autant de variantes de langues des signes que de pays. À l'instar des langues parlées, chaque langue des signes reflète l'histoire et la culture du pays.

Cette richesse des langues des signes est donc facilement compréhensible : de nombreuses expressions sont propres à un pays et se traduiront par des mots et des signes spécifiques. À contrario, des mots ayant le même sens dans plusieurs pays peuvent s'exprimer avec des signes différents. Un même signe peut aussi avoir un sens différent d'un pays à l'autre. Tout comme pour les langues orales, il existe également des langues des signes régionales. Par exemple, la langue des signes espagnole côtoie la langue des signes catalane. On distingue la langue des signes belge francophone et la langue des signes flamande.

Toutes les variations des langues orales (accent, façon de parler, champ lexical, etc.) se retrouvent dans les langues des signes. L'amplitude du geste, la fluidité ou, au contraire, le côté saccadé distinguent les langues des signes les unes des autres. Ces langues des signes sont des langues naturelles, comme toutes les autres langues. Elles évoluent dans le temps.

Tous les sourds ne signent pas

Voilà encore une idée reçue qu'il faut oublier. Être sourd ne veut pas forcément dire qu'on parle une langue des signes. De nombreuses personnes sourdes oralisent. D'autres pratiquent la lecture labiale. D'autres encore parlent la langue parlée complétée (LPC). Elle consiste à montrer visuellement les prononcés dans une langue parlée. Des « codes » sont créés pour « transcrire » les sons de la phonétique d'une langue. Attention : la LPC n'est pas une langue des signes, puisqu'elle prend pour base une langue orale. Une langue de signes est une langue à part entière, avec ses signes, ses expressions, sa syntaxe, sa grammaire, son expressivité.

Et la langue des signes internationale ?

La confusion autour des langues des signes provient peut-être de l'existence d'un système de communication international : la langue des signes internationale (LSI). Pensée pour être compréhensible par tous les sourds et malentendants, la LSI est issue de plusieurs langues des signes, principalement européennes et américaines. Elle est essentiellement utilisée lors de rassemblements internationaux comme la Journée internationale des langues des signes ou les Deaflympics, les Jeux Olympiques des sourds. Mais la LSI n'est pas une langue en tant que telle. Elle sert juste de moyen de compréhension entre personnes ne parlant pas la même langue, dans des situations très spécifiques.