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Comment vos réseaux sociaux influencent-ils votre demande de visa ?

reseaux sociaux
Nopparat Khokthong / Shutterstock.com
Écrit parHelena Delbecqle 04 Octobre 2024

Un recruteur aura certainement le réflexe de vérifier des informations à votre sujet sur Internet. Quels genres de posts publiez-vous sur Instagram ou Facebook ? Et surtout : à quoi ressemble votre profil LinkedIn ? Ce que l'on soupçonne moins, c'est que notre activité sur les réseaux sociaux est aussi examinée par certains pays dans le cadre d'une procédure de visa. À quel point cela peut-il avoir des conséquences sur une demande de titre de séjour ? Quels sont les bons réflexes à garder ?

Ces pays qui peuvent scruter vos réseaux sociaux

Les États-Unis

Les États-Unis n'en font pas un mystère : quand vous réalisez une procédure de visa, il vous est explicitement demandé de livrer vos identifiants sur les différents réseaux sociaux utilisés au cours des 5 dernières années. Cela inclut des plateformes comme Facebook, X, Instagram, YouTube et LinkedIn, entre autres.

À l'origine de la démarche : identifier tout risque pour la sécurité du pays, notamment dans le cadre d'une potentielle action terroriste. Les opinions extrémistes et les comportements susceptibles d'enfreindre les lois sont aussi bannis bien évidemment.

En 2020, un étudiant palestinien de Harvard s'est ainsi vu refuser l'entrée aux États-Unis après que les autorités ont examiné sa liste de contacts sur les réseaux sociaux. Bien que cet étudiant n'ait rien publié lui-même, ses liens avec des personnes qui avaient partagé du contenu jugé comme anti-américain ont conduit à la révocation de son visa. L'étudiant a eu beau plaider qu'il n'avait pas liké ni partagé lui-même de posts à connotation anti-américaine. Rien n'y a fait.

L'Australie

Les politiques d'immigration australiennes mettent l'accent sur l'importance de la « bonne moralité » du demandeur de visa et les réseaux sociaux font aussi partie de cette évaluation. Les demandeurs de résidence permanente, de visa de travail à long terme ou de visa étudiant en particulier, peuvent être soumis à un examen de leurs activités sur les réseaux sociaux afin de déterminer leur admissibilité à l'entrée sur le territoire.

L'avocat spécialisé en immigration (lien ci-dessus) nous alerte, par exemple, sur le cas du visa étudiant. Si une personne demande ce type de visa mais que ses publications sur les réseaux révèlent qu'elle travaille à temps complet tout en étant étudiante, cela peut entraîner la révocation pure et simple du visa pour violation des conditions de ce dernier.

Attention aussi dans le cadre de demandes de visas pour partenaires ou conjoints. L'avocat précise que la nature de la relation entre le détenteur du visa et “son partenaire” peut faire l'objet d'une vérification sur les réseaux pour mettre en évidence les liens réels entre ces deux personnes.

L'Espace Schengen

La nouvelle est récente : il pourrait bien y avoir aussi plus de contrôles des réseaux sociaux pour les demandes de visa au sein de l'espace Schengen. La décision n'est pas encore validée mais la police allemande a proposé, à l'instar des États-Unis ou de l'Australie, de vérifier les comptes des réseaux sociaux des demandeurs de visa Schengen. L'objectif principal de cette démarche, selon les autorités allemandes, est d'évaluer le risque de fraude. Il a également été recommandé de créer des “profils à risque” en fonction de certains critères tels que le sexe, l'âge, l'origine, le but du voyage, etc…

D'autres pays comme le Canada et le Royaume-Uni pratiquent également ce genre de vérification des réseaux sociaux mais vraisemblablement de façon moins systématique que les États-Unis.

Une démarche de contrôle des réseaux qui pose véritablement question

Les réseaux sociaux sont publics par définition, mais en faire un critère de sélection pour l'attribution de visas pose plusieurs problèmes selon les associations de défense des droits des citoyens. Les autorités américaines, en particulier, sont régulièrement épinglées pour ce genre de pratique.

Selon The Brennan Center for Justice, organisation indépendante attachée à défendre la démocratie et le principe de droit, la démarche de vérification des réseaux comporte de nombreuses limites, notamment des problèmes d'interprétation, a fortiori quand la langue utilisée n'est pas l'anglais et que le contexte culturel est différent du pays cible.

Un ressortissant britannique, par exemple, s'est vu refuser l'entrée dans un aéroport de Los Angeles lorsque des agents du DHS (Department of Homeland Security) ont interprété l'une de ses publications sur X comme offensante. Dans ce post, il écrivait qu'il allait « déterrer la tombe de Marilyn Monroe », ce qui constituait en réalité une référence à une émission de télévision.

Selon l'organisation précédemment citée, ces difficultés d'interprétation sont aggravées lorsque le processus de révision des messages sur les réseaux sociaux est automatisé. L'utilisation de simples recherches par mots-clés, pour tenter d'identifier des menaces, est en grande partie inefficace car elle renvoie à un nombre écrasant de résultats, dont beaucoup ne sont pas pertinents. Un service de police américain a appris cette leçon à ses dépens lorsque ses efforts pour dénicher des alertes à la bombe en ligne l'ont menés à identifier un grand nombre de pizzas « explosives » (c'est-à-dire excellentes).

Reste à voir comment l'intelligence artificielle permettrait aujourd'hui d'être plus précis et pertinent dans la recherche d'informations jugées sensibles pour la sécurité.

Par ailleurs, la conservation prolongée de vastes volumes d'informations personnelles sans lien avec un quelconque soupçon d'activité criminelle soulève des inquiétudes quant aux risques pour la vie privée et à l'utilisation abusive des données, ce qui est en contradiction avec le respect de la vie privée des citoyens dans les démocraties.

Que faire pour éviter ces désagréments ?

En dehors des cas de mauvaise interprétation de propos que vous auriez pu tenir sur les réseaux, vous pouvez aussi être la cible d'une vérification spécifique dans le cadre d'une demande de visa pour travailleur qualifié, par exemple.

Assurez-vous que votre profil LinkedIn soit à jour et qu'il reste cohérent avec les diplômes et l'expérience mentionnés dans votre candidature en ligne pour un visa. Les incohérences entre votre expérience professionnelle, votre formation ou vos informations personnelles peuvent en effet susciter des soupçons et retarder le traitement de votre visa.

N'oubliez pas que vous pouvez régler vos paramètres de confidentialité sur les réseaux. Libre à vous, par exemple, d'utiliser le mode de diffusion privé sur Instagram, en particulier si vous partagez des opinions personnelles, politiques ou qui peuvent être jugées sensibles. Les autorités d'immigration ne vous demanderont pas vos mots de passe, mais se limitent à ce qui est visible pour le public.

Vous avez déjà publié des informations ou des opinions sensibles ? Avant de faire une demande de visa, examinez vos anciens messages et supprimez tout ce qui pourrait être considéré comme offensant, controversé ou incompatible avec votre demande. Portez une attention particulière aux messages datant d'il y a des années, au moins des 5 dernières années. Mieux vaut supprimer des contenus sensibles plutôt que de refuser de livrer vos identifiants. Pour une procédure de visa aux États-Unis, cela pourrait tout simplement conduire les autorités à rejeter votre demande.

Visas
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A propos de

Titulaire de l’Education nationale et d’un Master II en Politiques linguistiques, j’ai eu l’opportunité de vivre au Japon et en Chine et suis actuellement basée en Allemagne. Mes activités se déclinent autour de la rédaction et de l’enseignement.

Commentaires

  • pencherek
    pencherekle mois dernier

    Merci pour ces précieuses informations, le plus simple, est de faire comme moi, rien publié du tout, sur Facebook je vais une fois par année, 2 jours après mon anniversaire pour remercier les personnes qui m'ont souhaité un joyeux anniversaire


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